Dans la lignée de l'analyse détaillée que publiait Le Repaire sur Final Cut Pro X en avril (lire Final Cut Pro X repart de zéro: aperçu et analyse), profitons de cette sortie pour rappeler quelques aspects important sur l'aspect stratégique et concurrentiel de ce logiciel phare du marché de montage vidéo.
Repartir de la feuille blanche
Tout d'abord cette nouvelle version repartie de la feuille blanche s'appelle "X" sans que l'on sache si cela désigne la lettre ou le chiffre romain dix, mais marque bien la rupture avec le Final Cut Pro 7 qui était la dernière verison en date (voir Apple Final Cut Pro 7, prise en main des nouveautés 05.08.2009) et accentue d'autant l'importance de Mac OS X dans le process du nouveau logiciel de montage d'Apple. D'ailleurs il y a fort à parier que Final Cut Pro X ne prendra toute sa mesure qu'avec la prochaine version du système d'exploitation Apple, Mac OS X Lion, qui sortira le mois prochain (Juillet 2011).
Le logiciel est donc enfin en 64bit, et comme pour d'autres logiciels natif 64bit (Premiere Pro CS5 ou CS5.5 par exemple) certains Mac devront être bootés en appuyant sur les touches 6 et 4 car sinon ils démarent avec le noyau 32 bit de Mac OS X.
Toujours côté performances, Final Cut Pro X pourra enfin tirer vraiment parti de la puissance des processeurs multi-coeurs, ainsi que de la puissance des processeurs de cartes graphique (le fameux GPU).
Une nouvelle politique de distribution

Il faudra aussi disposer d'une solide connexion internet pour télécharger les nombreux gigas de logiciels et de modèles de Motion ou des bibliothèques audio de FCP X. Mais là rien de bien différent à ce qui se passe sur les circuits de distribution en ligne d'autres logiciels, sauf qu'eux souvent laissent encore la possibilité de commander un DVD très prisé encore des services informatiques ou centres de formations déployant ensuite leurs images disque sur les machines.
D'ailleurs, je suis aussi curieux de savoir ce que ça donnera dans de grosses sociétés: quel service le compte Mac App Store activé pour télécharger le logiciel, un seul téléchargement permettra-t-il de déployer plusieurs licences (en n'achetant donc que des groupes de licences pour les postes à installer) ?
Un tarif ultra agressif sur ce marché
Comme c'est un tout nouveau logiciel, il n'y a pas de politique particulière de mise à jour de la part d'Apple pour les précédents utilisateurs de Final Cut, d'autant plus que Final Cut Pro X est vendu intégralement au prix d'une mise à jour: 239,99€ chez nous et 300$ en zone dollars !...

Comment expliquer cette politique tarifaire ? Chez Apple les revenus liés à ses propres logiciels sont loin d'être la principale ressource financière, tant pèsent dans ses bénéfices le matériel de ses activités de constructeurs: les iPhone, iPad, iPod, et dans une certaine mesure les portables et MacPro, sans oublier aussi les revenus des contenus iTunes ainsi que les 30% perçus sur la vente des applications sur ses divers "store" (AppStore, Mac App Store).
Quand il est dans la peau de l'éditeur logiciel, le géant de Cupertino n'a donc aucun mal à proposer des tarifs ultra agressifs s'il le souhaite puisque sa casquette de constructeur assure largement le reste. Sans compter qu'un logiciel à prix attractif fera soit vendre du matériel, soit viendra contenter les actuels pocesseurs de son matériel (ou les incitera même à le renouveller).
Au final, à 240€ Final Cut Pro X est donc vendu moins cher que la version allégée "Final Cut Express" en son temps, qui d'ailleurs disparait naturellement. Idem pour Motion qui est vendu moins cher qu'un plug-in d'effets à seulement 40€ et que Compressor chargé des encodages qui à 40€ également est bien loin des tarifs habituels de ce type de logiciels pros.
Par ailleurs, on ne poura empêcher certains de se poser des questions avec un tarif si bas: le logiciel sera-t-il abordé par l'éditeur avec une approche pro ou grand-publc pour le support, le suivi du développement (ajouts de codecs à mesure de sortie de nouvelles caméras ou prise en charge de nouvelles cartes graphiques lors de leur validation sur les MacPro ou de nouveaux CPU/GPU de nouveaux Macbook Pro par exemple), la régularité des mises à jour correctives ?
Apple ayant parfois abandonné des logiciels qu'il avait racheté, comme Shake, peu de temps après en avoir cassé le prix de vente, il y a donc toujours ce "background" autour de certains de ses logiciels pros qui laissent des craintes à certains pros. Mais comme ici il s'agit d'un développement maison le contexte semble favorable...
Et côté usages et créa ?
Géraud Truel est déjà largement rentré dans le détail de ce que les annonces d'Apple au NAB ont laissé entrevoir des nouvelles approches du montage proposées par Final Cut Pro X (Final Cut Pro X repart de zéro: aperçu et analyse), et dès les prochaines semaines Le Repaire testera cette mouture, ses innovations, et notre communauté est déjà en train de relayer ses ressentis et analyses sur le forum FCP: Forum Apple Final Cut (Pro & Express).
Pour autant, relevons que pour ce qu'on a pu en voir, Apple a su faire preuve d'une approche innovante sur une série de fonctions qui font le quotidien du monteur et que nous sommes nombreux à avoir hâte à nous y frotter.
Pour autant, Final Cut Pro X sera-t-il déjà bâti pour de la prod ? Une première mouture n'est-elle pas risquée côté stabilité ? Quel sera exactement le suivi proposé avec d'anciens projets Final Cut Pro ? Combien de temps faudra-t-il à un habitué de FCP pour y trouver ses marques dans la nouvelles version, mais aussi et surtout sa productivité ? Qu'en est-il concrètement de traitement des codecs ? Autant de question à suivre !
Final Cut Express est mort, la suite Final Cut Studio à 999€ n'est plus, voici venu Final Cut Pro X + Motion + Compressor à 320€ avec lesquels Apple jette donc incontestablement un pavé dans la mare des suites de montage vidéo pro. Reste donc à déterminer ce qu'il a vraiment dans le ventre, s'il reprend bien les fonctions de son prédécesseur, comment son gérés les codecs, la mise à profit du GPU etc. A suivre...