Montage et raccords - photogrammes à ôter

Bonjour à tous,

Je ne sais pas si je suis sur le bon forum mais ma question n'est ni liée aux matériels ni aux logiciels. Voilà, il s'agit d'un aspect du montage, le raccord. Concernant plus spécialement le raccord de geste ou de mouvement, j'ai l'impression que dans les films, on enlève quelques photogrammes entre la fin d'un plan A et le début d'un plan B pour plus de naturel. Ai-je raison? Qu'en est-il des autres raccords. Cela ne pose-t-il pas un problème avec des rushes en multicaméras concernant la continuité du son? Y'a-t-il des règles à connaître dans la gestion des raccords?

Merci de me faire profiter de votre expérience...

 

Je déplace ta question dans le forum esthétique.

C'est marrant pour moi que cette question revienne, parce que je me suis penché longtemps dessus, à l'époque où je ne faisais des films que pour la danse. La question de la continuité du mouvement se pose alors avec acuité.
Parce qu'il est vrai que pour qu'un raccord sur le mouvement passe bien, il faut créer une petite elipse de quelques images, comme si on devait combler le temps que va mettre le cerveau du spectateur à passer lui même d'un plan à un autre.
J'ai toujours défendu l'idée qu'un spectacle de danse filmé à plusieurs caméras (on en voyait beaucoup à l'époque sur Arte) a des raccords qui "accrochent" pour les raisons évoquées.
A vrai dire il semble qu'on soit peu à s'interroger là-dessus

GiLd

 

Homero : "Je confirme l'ellipse ... mais quand la bande son ne peut être raccourcie (musique) la chose est impossible."

On peut peut-être raccourcir la bande son avec l'outil "allongement compensé" sans ôter de parties contrairement à la bande image. Et on peut ensuite régler la hauteur de son. Je me demande si c'est une pratique courante mais ça doit pas trop marcher avec des parties à enlever trop importante. Ce qui n'évite pas la désynchro, en effet.

Depuis que j'ai lu vos réponses et je vous remercie, je me dis que chaque raccord doit être un cas particulier et qu'il faut être instinctif dans son approche. Soit ça accroche l'œil, soit ça le gêne. On peut aussi ajouter des photogrammes...dans certains Western, le cow-boy met beaucoup de temps pour attraper son colt d'un plan à l'autre. Ca donne un effet de redoublement qui crée un suspens insoutenable pour les cœurs fragiles.

 

Non, on essaye tout de même de garder l'intégrité du son.

Oui mais là ça devient un effet, on n'est plus dans le cinéma de la transparence.

GiLd

 

En réalité, dans un raccord mouvement, on peut être amené à supprimer quelques images, comme à en rajouter quelques unes.
Et ceci dans le seul but de rendre le raccord plus "fluide".

Je vous invite à faire l'expérience.
Par ex en filmant de deux angles quelqu'un marchant.
Ou un sport, en se concentrant sur un coup.

Mais le raccord mouvement est un raccord très puissant et permet de raccorder, sous certaines conditions, des plans parfois improbables.

Beru

 

J'adore!

Le raccord point de vue est lui-même très puissant d'ailleurs.

 

J'utilise également beaucoup le raccord dans le mouvement, et - c'est sous entendu dans vos propos - il ne sert pas qu'à raccorder la continuité d'un même mouvement sur deux plans, mais à jouer de la dynamique engendré par un mouvement dans un plan pour raccorder avec quelquechose qui peut n'avoir rien à voir. Il faudrait trouver un exemple ce serait plus simple...

Par contre je ne connais pas le raccord point de vue sous ce nom. Serait-ce le raccord dans l'axe ?

GiLd

 

Régle du Raccord mouvement:
Tout mouvement démarré dans le plan 1, se poursuivra dans le plan 2

Régle du raccord point de vue:
si le plan 1 est celui d'un personnage (au sans large: animaux compris) en train de regarder, le plan 2 devient ce qu'il regarde.
Ce lien est si fort chez le spectateur que ça marche aussi dans l'autre sens:
plan 1: paysage par ex, plan 2: personnage qui regarde... ce paysage.

Si fort que que le plan de "la chose regardée", n'a même pas besoin d'être pil poil dans la "logique spatiale". (par ex une contre plongée, alors que le personnage est juste sur ses pieds!)

Si fort, que quand on a bien maitrisé, ce raccord, on peut commencer à faire des choses très sympas en jouant et en "déjouant" avec.

 

OK. Je le connais sous l'appelation de raccord sur un regard.

Il me semble que c'est beaucoup plus large que ça. Car ce raccord permet de lier deux mouvements qui n'ont rien à voir (ex : le mouvement d'un personnage A avec celui d'un personnage B) mais liés par une même dynamique (direction, vitesse, etc.)
D'ailleurs on parle de raccord mouvement mais aussi raccord sur le mouvement ou raccord dans le mouvement et d'après mes souvenirs universitaires lointains certains font une différence entre eux.

GiLd

 

C'est pour ça que je parle de:
"Régle du raccord mouvement"
Et non du "raccord mouvement"

Après ce que tu appelles "plus large", ce n'est pas la définition de la règle qui est assez simple, mais c'est l'usage que l'on peut en faire.
Y compris la transgression.

L'usage le plus intéressant étant des raccords que le spectateur ressentira (affectivement) sans les voir.

Un type ouvrant une porte de chez lui, pour passer la porte de son bureau (situé loin de là), cela nous fait un raccord mouvement.
Et une transgression de cette règle.
Là pour le coup le spectateur verra (sauf condition très particulière) très bien que l'on a changé de lieu.
Cela créera non pas du ressenti mais du plaisir intellectuelle.

Mais, bon!
Je sors un peu du sujet.

 

Mais pas du tout, et les sujets esthétiques sont beaucoup trop peu abordés sur le repaire où l'on trouve avant tout des discussions techniques. Or, la technique n'a aucun sens si elle n'est au service de considération esthétique.

Complètement d'accord, et c'est là à mon avis que réside ses potentialités très puissantes.

GiLd

 

Il faut absolument qu'on se retrouve un jour pour danser un An dro sur Al lagad foll de Denez Prigent

GiLd