Se battre au tournage ou tout faire au montage

Suffit de remplacer Le repaire par Le refuge....

 

Je vais faire un peu de philosophie.
Avant la video, il y avait les peintures, les photos, tous ces outils qui arrétaient le temps pour un souvenir. Et au seuil de la mort on s'aperçoit qu'une vie se résume en quelques minutes de temps très forts jamais oubliés et à l'effacement des autres dans les couloirs du temps. Notre esprit a fait de lui même le montage de ses souvenirs qui seronts présents jusqu'au dernier instant.
Avec la video un autre paramètre s'est introduit, le temps. Tous ces paysages filmés, bien, mal, qu'importe, ils étaient notre regard à un temps donné dans une temporalité donnée. Idem pour ces visages d'êtres aimés, quittés ou perdus. La rareté des videos d'il y a 50 ans est un trésor car elles étaient souvent méditées au tournage, déjà montées en quelque sorte sur l'intant et pour plus tard. La foison actuelle des videos longues, longues est le piège de l'oubli, et le cercueil des souvenirs. Qu'en restera t-il sans un montage drastique, témoin de notre montage cérébral et de nos choix.
Combien de chef d'oeuvre du cinéma avons nous aimés à une époque, oubliés depuis? Et dans un film passionnément aimé, qu'avons nous retenu? A titre d'exemple, dans le film Barry Lindon qui sera toujours premier dans mon panthéon, une minute d'images me resteront sur mon lit de mort : le cercueil de l'enfant sur la petite charette tirée par des moutons au son de cette sarabande si émouvante. Et pour chaque film, des séquences nous marquent à jamais. Tout celà pour dire, que le montage est fondamental dans sa temporalité, un gadget pour le reste. Le montage est un choix, un regard comme lors du tournage. Tous ces rushes effacés, tant mieux, ils rehaussent le prix de nos choix.
C'est pourquoi à mes yeux l'osmopocket est largement suffisante pour les voyages, notre regard sur ses rushes voilà l'important!

 

+1
Au tournage le regard "essentiel" prime ..vient le cadrage puis le tournage ...juste mais juste toujours quelques secondes de plus... enfin sans "avarice" ..plus de plans mieux que pas assez ..

Au montage ..sans pitié ...on élimine, coupe, élague, et on recommence "élimine, coupe, élague" dont tous les clips douteux en qualité image/intérêt
.. il faut parfois , sur un clip retenu qui en valait la peine, "corriger" ...voir "ajuster" avec les autres.

Effets vous avez dit effets ..surtout pas d'effets ..même combat pour les transitions pas de transitions
"Cut"," cut" et re "cut" ..mais des "cut" naturels ...le passage d'un plan à l'autre se doit d'être évident
exceptionnellement un dissolve ...

Voilà ..fini ..non pas fini, il faut le regard de l'autre ..le plus sévère possible...l'ouvrage alors remis sur le métier ..souvent douloureusement !

Fini ...pas encore ..comme une bonne pâte ..il faut laisser reposer ...laisser le levain du temps faire son office ...
là, quelques semaines plus tard ..le regard moins "émoustillé" ..des modifications s'imposent comme une évidence
Ouf....
Non ..et l'audio ..le supplice de l'audio..tout autant de travail ...là le "boulot" est encore plus âpre..tant pour les sons recueillis ..les échanges enregistrés..que le choix des quelques musiques à associer, des musiques qui " tombent", ce n'est pas une mince affaire.

Le tout dans une absolue sobriété quasi monacale ..

C'était mon grain de sel du jours ..

 

Voyager pour filmer OK mais alors dans un projet pro.

J'ai toujours supprimé les rushes après que le film a été vu. C'est une sorte de rituel. Les rushes n'ont plus de raison d'être dès lors que le film est dans la mémoire des spectateurs. Un peu comme on jette le placenta après la naissance, on coupe le cordon avec la matrice. Et surtout, ça libère !

Un sujet existe-t-il avant qu'il n'ait été traité ?
Cela ne vous est-il pas déjà arrivé qu'en revoyant un film longtemps après l'avoir réalisé, qu'en fait il parle d'autre chose que ce dont vous aviez eu l'intention ? Un roadtrip à deux, en 2CV à travers la France et la Suisse est-il un film de voyage ou une histoire d'amour ?

 

L'audiovisuel est une cuisine, et même si l'excellence n'est qu'à la portée des meilleurs , ceux qui pratiquent beaucoup avec toujours un peu d'insatisfaction...elle est ou doit être toujours recherchée : par étapes, on s'améliore ou l'on prend conscience de « ce qui n'est pas génial " .

Parfois, au contraire, on rencontre des "Maitres débutants" , extraordinaires de toupet et d'aplomb… Cela anime nos périodes de jeun le repaire, c'est du croustillant.

C'est normalement en post prod que l'on s'aperçoit que l'on est très mauvais… donc le montage, c'est aussi la révélation de notre génie.

 

Excellent !

 

Je vois ton allusion et y suis très sensible. Cet exemple illustre à la perfection ce problème du sujet. Dans mon esprit le film que j'avais fait était un film de voyage et c'est toi et ton regard extérieur qui me font prendre conscience qu'il était plus que celà. Le spectateur en quelque sorte participe à la vision de l'auteur! Petite séance psy en direct, Merci!

 

Le regard du spectateur n'est en fait pas extérieur puisque c'est à lui que se destine le sujet y compris intérieurement. Pas de séance psy quand rien à guérir mais seulement à offrir et partager y compris etc.

 

Au combien vrai...et vécu ...
J’avais fais un beau montage sur un voyage il y a 2 ans.
Tres content de moi, bon rythme, belle colorimétrie, quelques effets.
De quoi être fier,
Et puis récemment je l’ai ressorti du placard et tristement je me suis dit : c’est nul, c’est mou, c’est plat, c’est quoi l’histoire ?
Comment ça peut intéresser quelqu'un d’autre que moi ?
Alors j’y suis allé à la serpe : suppression d’un max de rushes, raccourcissement des autres, toutes les transitions en cut ou presque
Et puis j’ai visionné à nouveau.
Malgré ma frustration d’avoir supprimé le super plan séquence dont j’étais si fier...et bien ça avait une autre gueule.
Ce n’est pas fini.
Je vais essayer de m’arrêter avant qu’il ne reste que le titre !
En tout cas ton analyse et ton conseil sont majeurs dans la maturation d’un montage.
C’est comme le bon vin, le cru de l’année n’est jamais terrible.
Quelques années au fond de la cave, en l’occurrence sur un disque qu’il faudra retrouver, et c’est bien meilleur !

 

Ca me rappelle le sketch de Fernand Raynaud "Les oranges pas chères" à voir sur Youtube.
Une lesson!

 

Perso c'est pendant le montage que je laisse traîner volontairement... Il m'arrive toujours une idée le matin au réveil ou à d'autres moments, qui fait que parfois je modifie tout mon "scénario" ou du moins sa chronologie, et plein d'autres trucs... Genre "bon sang, mais c'est, bien sûr!" Donc autant j'étais pressé de finir, avant, autant aujourd'hui je prends le temps de laisser mûrir... et même une fois en ligne c'est comme toi...

 

Je ne partage pas cette approche. Je pense au contraire que le tournage et le montage doivent se faire dans la foulée assez rapidement quitte à passer des nuits blanches et des journées dans le noir.
Un film je pense correspond à un état psychologique, à un instant t, de son auteur. Si on reprend les rushes plus tard on est dans un autre état, on fait un autre film. Pourquoi pas. Mais alors je préfère aller refilmer.

 

Et pourquoi pas dans un projet amateur ???

 

Toujours les mêmes échanges entre un "film" et un "reportage"... "c'est y pa-pa-pa-..pareil"
Reportage "moi je" préfère que ça mature en fut de chêne ..

 

Pour ou contre le report de l'âge des reportages ?