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[Tuto] Quelques mécanismes d'un bon scénario

Discussion dans 'Faire son film' créé par cournonsec, 22 Septembre 2016.

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  1. cournonsec

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    Bonjour,
    sur les forums on ne parle pas souvent de la création des scénarios, on n'en parle, accessoirement, que dans les de film proposés à la critique. J'ai déjà cité à maintes reprises le magnifique ouvrage de Yves Lavandier (La dramaturgie), son éditeur, suite à l'achat d'un autre de ses ouvrages, m'a donné le lien d'une série de vidéos où Yves Lavandier développe les principales règles de l'écriture en démontant les mécanismes de certains films.
    Ces petits cours, illustrés et faciles à suivre, peuvent aider ceux qui débutent et n'ont pas (encore) lu "La dramaturgie" et leur donner envie d'en savoir plus ; Lavandier parle en anglais mais son cours est sous-titré en français.
    Je le conseille à tous les débutants.
    Yves Lavandier's HATS OFF TO THE SCREENWRITERS! - YouTube
     
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  2. désactivé0517

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    Youtube est vraiment une mine d'informations !
    Je ne connaissais pas, c'est drôle et très bien fait.
    Mine de rien on n'imagine pas le travail que représente ce genre d'exercice de formation vidéo !
     
  3. nestaphe

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    Excellent ! Merci.

    Et puisqu'on mentionne le livre "La Dramaturgie"...

    Le problème des livres qui traitent du "scénario", qu'ils soient de qualité ou non, c'est qu'ils traitent toujours de bien trop de choses à la fois, ce qui fait qu'ils se ressemblent tous plus ou moins et que si tu en as lu un, ben t'en as lu dix. "La Dramaturgie" de Lavandier est effectivement un "grand" livre, et qui traite de la… dramaturgie :bravo:, uniquement de ça, ce qui est bien suffisant, parce que le sujet est gigantesque ! Lorsqu'on a vocation de raconter une histoire à travers un film, c'est d'abord ces procédés qui ont fait leur preuve au moins depuis le théâtre antique qu'il convient de connaître et de comprendre (et d'accepter). Magnifique ouvrage.

    Mais pour écrire de la dramaturgie sous forme de scénario, à savoir, de "récit pour figurer un film" (j'ai pas dit "récit filmique"), il existe un autre "grand" livre, bien qu'en format poche avec assez peu de pages contrairement à La Dramaturgie, le seul dans son genre que je connaisse, c'est Savoir Rédiger et Présenter son Scénario de Philippe Perret et Robin Barataud. Il ne parle que de ce qui est cité dans son titre, et croyez-moi, lorsqu'on veut l'emporter dans une commission du film (financement), c'est aussi cela qu'il faut maîtriser (j'évite de dire" aussi et surtout cela", mais je ne suis pas loin de le penser), parce que cela fait toute la différence, et je vous affirme qu'il est difficile de s'en rendre vraiment compte avant d'avoir lu ce "grand petit livre" ! (et "retourné" ses scénarios dans son sens) La meilleure dramaturgie écrite dans une prose inadéquate au scénario serait vouée à se faire doubler par un concurrent plus aguerri à l'exercice. De lire un scénario, de surcroît mal "conditionné", il faut déjà comprendre qu'à l'origine, c'est une activité relativement pénible ! Avec "la continuité dialoguée", le scénario tel qu'on l'entend, le lecteur est sujet à "décrocher" bien plus rapidement (comprenez "se déconcentrer puis survoler") qu'avec un roman. Puisqu'un scénario parfaitement construit sur le plan dramaturgique devrait ne rien laisser au hasard, il ne devrait donc pas être envisageable pour l'auteur que le lecteur puisse survoler le moindre passage du texte. "Passage" pour parler de texte mais dans le fond, il s'agit déjà "d'instant", puisqu'il est bel et bien question d'un film.

    Comme ce livre est justement préfacé par Lavandier, voici ce qu'il en dit dans la préface :

    "Avant la lecture de cet ouvrage, je considérais la rédaction et la présentation du scénario comme un soucis très secondaire. Dans La Dramaturgie, je n'y consacre que quelques lignes : je suggère aux scénaristes de décrire clairement ce qu'on verra et entendra à l'écran et je les invite à ne pas tomber ni dans le précipice de la littérature, ni dans celui du découpage technique, pour comprendre la belle métaphore de Perret et Barataud.
    Après lecture de leur ouvrage, je réalise à quel point cet aspect de la pratique scénaristique est important et ne doit surtout pas être négligé.
    Aujourd'hui, force m'est de saluer leur initiative. La tâche pouvait sembler ingrate ; ils l'ont menée à bien avec brio, humour et exhaustivité. Résultat : Savoir Rédiger et Présenter son Scénario est un ouvrage clair et utile. Je le recommande à tous les scénaristes, y compris les plus chevronnés. Yves Lavandier"


    Je pense qu'il sera utile à la compréhension de chacun que je vous recopie aussi les premières lignes de son introduction :

    "Plusieurs années à côtoyer des scénarios et leurs auteurs, notamment au sein du comité de lecture de la Maison du Film Court ainsi que dans un cadre plus privé où nous avons souvent été sollicités, nous ont convaincu de la nécessité de nous pencher sur un problème que la pléiade des ouvrages traitant du scénario – nous devrions dire traitant de "dramaturgie" – ne faisaient qu'effleurer : la présentation et la rédaction du scénario. Nous entendons par présentation la "mise en page" du scénario, sa mise en forme physique sur la feuille de papier. Nous entendons par rédaction la "mise en phrases" des idées filmiques, la "littéralisation de l'image ou de l'idée cinématographique." (Perret et Barataud)

    Attention, les rééditions peuvent se faire attendre... C'est bien la preuve qu'il est loin d'être un best-seller, et pourtant, nombre de scénaristes gagneraient considérablement en efficacité à le lire et le relire. Je l'ai acheté plusieurs fois, parce qu'à chaque fois que je l'ai prêté, curieusement, on a oublié de me le rendre… ;-)
     
    #3 nestaphe, 29 Septembre 2016
    Dernière édition: 30 Septembre 2016
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  4. cournonsec

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    Bonjour,
    suite au long post de nestaphe, j'ai commandé "Savoir Rédiger et Présenter son Scénario" et j'ai constaté que les prix en sont très fantaisistes : ça va de 14,90 à 46,70 ! L'édition mentionnée par giroudf n'est pas la moins chère.
    J'ai interrogé Philippe Perret à ce sujet qui m'a répondu (rapidement :good:) que c'était un problème d'éditeur et que la version la moins chère était tout aussi bonne que les autres.
    A bon entendeur ... ;-)
    A ce sujet, je me suis déjà frotté à la note d'intention et à la lettre de motivation (je ne sais pas si ce sujet est traité dans le livre) mais c'est une véritable épreuve et j'y ai passé un temps fou sans être sûr que c'était bon :o
     
  5. nestaphe

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    Dans la partie annexe du livre, il y a un peu moins de trois pages qui évoquent la note d'intention, une seule qui aborde le synopsis, c'est normal, ce livre se concentre uniquement sur la forme du scénario.

    Je pense qu'une bonne approche pour se lancer dans le travail rigoureux que représente la rédaction d'une note d'intention, c'est déjà de prendre le temps de faire le tour des nombreuses maladresses que l'on serait tenté de commettre, des propos qui sont à éviter absolument, ceci surtout en se mettant à la place des différents destinataires, et pas seulement celui du comité du film ! Il faut être pragmatique et savoir s'adapter, car une note d'intention va servir à trouver un producteur, puis éventuellement obtenir un financement, mais encore convaincre des collaborateurs techniques et artistiques, obtenir des autorisations de la part de collectivités territoriales ainsi que des apports matériels et humains, des aides diverses provenant d'associations, de fondations, etc. Un Directeur de Cabinet du Maire se jettera probablement sur elle avant d'accorder certaines autorisations à la production, histoire de voir si le projet ne contiendrait pas quelque tendance qui pourrait être préjudiciable à la politique en vigueur. Cette note d'intention devrait aussi pouvoir passer librement de main en main, donc, une seule version devrait faire l'affaire de tous...

    La première chose qui devrait venir à l'esprit en faisant le tour de cette question, c'est d'éviter absolument tout ce qui pourrait passer pour du baratin ou du "déballage de ma science", car personne ne nous oblige à remplir trois pages (c'est même déconseillé) et les personnes qui n'ont pas grand-chose à dire sur le fond et la forme de leur projet commettent quasi systématiquement l'erreur de broder des propos qui n'auront pour effet que de les faire passer pour des gugusses. De même, il faut éviter les termes qui appartiennent aux différents jargons et particulièrement celui des théoriciens du cinéma et des critiques. Chacun son domaine, chacun ses lecteurs. Tiens, un bel exemple pour se tirer une balle dans le pied… Tu prends cinq notes d'intentions rédigées par des étudiants en cinéma-audiovisuel, t'en auras au minimum deux qui vont te parler de "musique extra-diégétique", et je ne parle que de ça ! On a envie de leur dire "je suis rassuré de savoir que tu as des connaissances, mais dans le cas présent, cette zizique que tu me sers, moi je la trouve super-indigeste, et vaine". Ah ! Et il faut prendre garde aux références à d'autres films, d'autres réalisateurs, car si elles peuvent ravir certaines personnes, c'est aussi qu'elles peuvent en agacer ou en rebuter beaucoup d'autres. Autant éviter de les mentionner si elles tiennent d'une simple inspiration, autant les affirmer si elles sont très prononcées dans le script (détectables), mais à condition encore d'être capable de fournir une explication recevable et c'est toujours risqué. Cependant, le choix de la référence affichée dans la note d'intention s'explique la plupart du temps par la difficulté à produire une explication entière et de prendre le raccourcis de s'expliquer en donnant un exemple. "Mais au fait ? Suis-je censé connaître ta référence ou me documenter avant de te comprendre ?" Tout ça n'est pas transparent, alors autant passer son chemin et s'arrêter sur des choses utiles.

    En fait, je viens de réaliser que la plupart des erreurs à commettre peuvent survenir de l'adoption ou d'un rapprochement du langage qui caractérise l'analyse de film, faute de trouver une inspiration suffisante pour parler de son histoire, je dirais, "de l'intérieur".

    Mettons-nous un instant à la place d'une personne qui doit lire une note d'intention sans en connaître au préalable l'auteur… (A noter que la lecture se déroule souvent immédiatement après celle du synopsis et dans l'optique d'éviter de perdre son temps à lire un long scénario qui n'en vaudrait pas la peine). Personnellement, j'aurais inévitablement une double lecture du texte : l'une pour évaluer si cette histoire qui m'a paru à priori intéressante aurait une bonne chance de déboucher sur un film dont la forme pourrait me satisfaire, normal, l'autre pour me faire une idée du genre de bonhomme qui se cache derrière l'auteur du script, c'est tout aussi normal et c'est de l'ordre du réflex ! Faut comprendre qu'il est question de s'engager dans un projet qui n'existe pas encore. Alors si l'on m'explique ce qu'est le cinéma, qu'on me parle de réalisateurs et de films prestigieux (comme si ce projet-là devait un jour être comparés à ceux-là ?), qu'on utilise des termes alambiqués pour dire des banalités, en tout cas aucun qui puisse faire avancer mon schmilblick de savoir si ça peut faire un bon film passé l'étape du papier, peut-être même dans une prose approximative ou au contraire pompeuse (ou les deux à la fois, c'est possible), je me ferai assurément un portrait type du bonhomme, et si sympathique et touchant qu'il puisse être, j'hésiterais beaucoup à le prendre sous ma responsabilité d'une part, et de lui laisser une ouverture sur mon portefeuille, d'autre part.

    Pour le reste, la note d'intention peut traiter de nombreuses choses et sous des formes très diverses, pourvu qu'elle apporte une information pertinente et complémentaire au scénario, qu'elle soit intelligible, et plutôt courte que longue (évidemment si le film est un documentaire, la note d'intention prendra une place prépondérante et elle pourra être bien plus longue). Par exemple, une chose toute bête qui serait bonne à traiter dans la note d'intention pour un scénario qui risquerait de paraître trop violent ou immoral à certaines âmes serait de justifier à priori cet élément en y apportant une réponse recevable, soit par la forme qui sera adoptée dans le futur film (une forme qui minimiserait l'impact émotionnel des scènes concernées), soit en adoptant un point de vue sociologique ou philosophique exprimant ce qui tiendrait d'un constat et qui pourrait bien proposer une réponse au phénomène (ou poser une question nouvelle), soit autre chose, bref de s'arranger pour faire passer la pilule en attendant de voir ce que ça donnera dans le film…:-)

    Quant au synopsis développé, c'est le texte du dossier de production qui dans sa forme laisse le plus de place à la créativité. On peut s'y exprimer à peu près librement tant que cela reste intelligible et fait avec une certaine adresse, et pourvu qu'il soit court et en parfaite adéquation le scénario. Pour dire, si dans le scénario les personnages raffolent d'argot, le synopsis, on pourrait bien se le jacter audiardesque. Si le film aura une forte dimension poétique et que cela est perceptible dès la lecture du scénario, ce synopsis-là, on pourrait presque l'écrire en vers. L'histoire pourrait être racontée de la bouche du personnage principale "s'il est timide mais qu'il se soigne" alors même qu'on ne lui a accordé la moindre voix off dans le scénario, on pourrait emprunter le vocabulaire de l'enfance, etc. C'est un exercice libre, difficile, passionnant et qui peut s'avérer puissant (puissance s'accorde bien souvent avec simplicité). Dans le récit du synopsis, il ne faut pas être linéaire. Linéaire, pour un petit texte qui doit "donner la couleur", ça ne peut être que chiant. Le synopsis serait presque à l'opposé du scénario, si ces deux-là ne racontaient pas la même histoire et qu'ils n'étaient pas parfaitement connectés ensemble.
     
    #6 nestaphe, 5 Octobre 2016
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  6. cournonsec

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    Grand merci nestaphe pour ce long post fort intéressant.

    Tu donnes de très bons conseils sur la note d'intention, qui est un épouvantable pensum pour qui n'est pas un adepte de l'analyse transactionnelle, reste la lettre de motivation qui est pour moi une véritable énigme. Car autant je la comprends pour des films qui ont un aspect moral ou sociétal, autant pour les films d'action, les comédies, bref, ceux dont le seul but est de distraire le spectateur sans prétention didactique, moralisateur ou philosophique, je ne vois pas ce que l'on peut indiquer comme "motivation". Bien sûr, comme dans tout ce qui touche l'homme, on peut toujours trouver une "morale" à tout ce qui le touche mais ce n'est pas forcément le but premier du scénariste qui cherche avant tout à faire rire ou à distraire. Alors, intention : faire rire - motivation : distraire. Que dire de plus ?

    Du reste je saisi mal la différence entre la note d'intention et la lettre de motivation sinon, une petite nuance comme la fait Yves Lavandier pour distinguer l'objectif de l'enjeu du protagoniste (Construire un récit - Yves Lavandier).

    Tout cela me semble assez stéréotypé et, quoi que tu en dises, assez éloigné d'un langage simple, il faut analyser son scénario au sens psychanalytique, trouver des sous-textes et des idées sous-jacentes là où l'on n'a souvent fait qu'imaginer une histoire intéressante.

    J'aimerais beaucoup lire la note d'intention et la lettre de motivation de Tchernia (ou Goscinny*) pour "Le viager". On peut y voir une morale, bien sûr, mais je ne pense pas que cela ait été la principale préoccupation des auteurs dont le seul but était de faire rire le spectateur.
    Pareil pour les tontons flingueurs : Quelle intention, quelle motivation de … *d'ailleurs qui rédige les documents en question ? Le scénariste ou le réalisateur ?
    Car nul n'est plus compétent pour en parler que le scénariste, mais c'est le réalisateur qui va concrétiser le film et il va lui donner une couleur propre à son talent.

    Tout cela est confus dans mon esprit et je pense que c'est un domaine qui échappe totalement à un amateur.

    En ma "qualité" d'amateur, je n'ai aucune intention (!) de proposer mes scénarios à des producteurs mais me suis frotté à ce problème lors d'un concours de scénarios ("Bourse à l'écriture" dans le cadre des "Rencontres du court" à Montpellier). Les documents à fournir comprenaient, entre autres la note d'intention et la lettre de motivation.

    En tout cas, merci encore pour tes explications :-)
     
  7. nestaphe

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    Ma réponse est bien tardive pour entretenir la discussion, je n'ai pas beaucoup de temps libre en ce moment.

    Habituellement, il n'est pas demandé de lettre de motivation dans un dossier de production, une note de production (du producteur) et un CV du réalisateur s'ajoutent au trio Synopsis / Scénario / Note d'intention. Ton cas est différent...

    Je dirais que si une note d'intention est centrée sur le projet, du point de vue de son auteur, alors une lettre de motivation devrait être centrée sur l'auteur et le destinataire, le projet restant bien entendu omniprésent. Par exemple : "mon parcours ou évolution pour en arriver jusqu'à ce projet (plutôt dans la démarche et le questionnement que dans l'expérience pour ne pas faire doublon avec le CV), à quel point il compte pour moi (de manière sous-jacente), ma conception du travail d'auteur, où j'en suis dans tout ça et ce que le travail d'auteur représente dans ma vie, mes objectifs à court et à plus long terme, pourquoi je m'adresse à vous dans l'état actuel des choses (en toute sincérité, c'est toujours préférable…), etc. Évidemment, la situation : je suis réalisateur, je voudrais moi-même réaliser ce film, je ne suis qu'auteur et je compte m'y prendre ainsi pour que le scénario devienne un film, etc.

    Je ne pense pas. C'est justement de chercher à s'inventer des idées que l'on n'avait pas au moment de l'écriture qui est contre-productif, c'est comme ça qu'on tombe dans le fameux "baratin" qui occupe souvent la moitié, voire les deux tiers de la note d'intention ratée, ou plutôt "manquée", ce qui tient effectivement du stéréotype, mais plutôt orienté vers l'échec. Il ne faut surtout pas aller fouiller dans les méandres de la psyché si le film ne parle pas de ça. Toi-même tu dis (et ça tombe bien) "où l'on n'a souvent fait qu'imaginer une histoire intéressante". Alors pose-toi cette question pour toi-même : pourquoi cette histoire m'intéresse tant, pourquoi en partant de cette idée toute simple qui a même évoluée considérablement j'ai autant trimé pour que cela débouche sur un scénario qui me semble abouti ? Qu'est-ce qui s'est passé entre temps ? Puis trouve les mots pour l'expliquer à autrui et tu auras déjà parcouru la majeure partie du chemin qui mène à la véritable note d'intention, enfin, la note d'intention vraie.

    Et puis il y a les personnages… Il y a une grande différence entre se figurer un personnage en lisant de coutres descriptions et des lignes de dialogues et l'activité de décoder ce qu'un acteur joue sous nos yeux. D'ailleurs, que fait un acteur lorsqu'il est invité sur un plateau télé pour faire la promotion d'un film, le réalisateur, qu'on ne verra peut-être jamais dans la moindre émission de divertissement, ne pouvant satisfaire suffisamment à l'Audience ? Il parle beaucoup de son personnage et il dit des choses sur lui qu'on ne retrouveras pas de manière directe dans le film ! En fait, il parle de choses qu'il a imaginées pour donner de l'épaisseur à son jeu d'acteur. Un auteur a forcément aussi une vision bien plus complète de son personnage. Imagine ce qu'il peut y avoir de différence entre lire un scénario où il est question d'un personnage qui s'appelle monsieur Hulot, ou inspecteur Clouseau, et le voir à l'écran…

    Ta sensation de "vide" te vient probablement d'une impression que les "images-idées" que tu te fais du film et que tu as mis en mots dans le scénario transparaissent entièrement au lecteur. C'est le contraire. Il n'en perçoit qu'une petite partie, comprend l'histoire dans ses fondements, et se fait ses propres images mais aussi rapidement que les lignes défilent. Tu as forcément dans ta tête des images bien plus complexes et mieux codifiées, car tu les as ressassées. Il est hors de question de traiter de cela point par point, à moins d'en faire un roman, pas une note d'intention. Il faut alors synthétiser à l'extrême, traiter globalement ce que le lecteur a toute les chances de manquer dans le scénario, et là, on en vient à parler de la "forme" que prendra le film, en quelques lignes. Dur ! Ce ne sont que des exemples, puisqu'il y a tant de choses à dire…

    Et bien je pense que ces notes d'intentions (si elles ont existé) te paraîtraient probablement vraiment toute bêtes, voire inutiles. Pourquoi ? Parce que tu as vu le film avant de lire le scénario. Mais quand le film n'existait pas encore ?
    Une note d'intention prend tout son intérêt alors même que le film n'existe pas. On pourrait dire qu'elle fait le pont entre le scénario et le film pour les différents collaborateurs et interlocuteurs.
     
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  8. cournonsec

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    Grand merci nestaphe, ton post est simple, limpide et très instructif :love:
    Je fais une précommande sur le bouquin que tu devrais écrire, ce serait dommage de garder pour toi de telles qualités pédagogiques au service de tes connaissances. ;-)
     
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  9. cournonsec

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    Bonjour,
    je viens de lire "Savoir Rédiger et Présenter son Scénario"
    C'est un très bon manuel à l'usage des débutants comme des initiés, car s'il y a beaucoup de conseils basiques il y en a d'autres qu'un habitué de l'écriture pourrait avoir oubliés ou qu'il applique de façon routinière, presque inconsciemment, sans les avoir vraiment approfondis (enfin, je parle pour moi :D)
    Merci encore à nestaphe de nous l'avoir signalé.
     
  10. nestaphe

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    Lorsque j'ai lu ce livre (ça doit faire pas loin de dix ans), remarquant la singularité de son propos par rapport à tous les autres ouvrage du genre - ce qui à ma connaissance est toujours le cas aujourd'hui - j'ai été moi aussi ravi de constater que j'utilisais "naturellement" pas mal de ces techniques et astuces de "mise en phrases des idées filmiques", simplement à partir de la connaissance des grandes règles de l'écriture du scénario (en dehors de toute considération sur la dramaturgie, ce devrait être un cours d'une heure à tout casser !) et tout ça simplement avec un peu de bon sens. Sauf qu'en raisonnant ensuite complètement à la manière de ce qui est traité dans ce livre à chaque fois que je tourne une phrase pour figurer une idée filmique dans une continuité dialoguée, force est de constater que cela a quand même profondément amélioré l'efficacité de mon écriture scénaristique, j'ai pu le vérifier maintes fois sur différentes catégories de lecteurs (y compris celle du jury de commission), alors que je ne pense pas avoir fait le moindre progrès sur le plan de la dramaturgie à cette époque.

    C'est parce qu'il n'y a rien de compliqué dans ce livre, aucune "arme secrète", rien qui puisse échapper au bon sens de chacun, et que l'on passe pourtant "naturellement" aussi à côté d'un tas de choses que ce livre en deviendrait génial !

    Tu le sentiras peut-être davantage dans les mois à venir... ;-)
     
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