Projet style "Humans" de Yann A. Bertrand

Je crois qu'il ne faut pas se noyer (sauf son chagrin) dans un verre de vodka ...

Une bonne image ça tient d'abord la personne derrière la caméra qui contrôle et met en place le dispositif ... ça s'appelle la réalisation. Le matériel à condition de le maîtriser et de ne pas lui demander l'impossible pour lequel il n'est pas conçu vient après.

Ici on est dans un cas simple :

- gros plan = choix de la focale qui peut être fixe, en équivalence 24 x 36 ça donnerait entre 90 mm et 135 mm. Donc cela bannit tout matériel possédant une focale fixe avec un angle de champ trop large (smartphone, pocket-cam). On choisit dans les focales indiquées ci-dessus et on recule la caméra jusqu'à obtention du cadrage souhaité. Veiller à la bonne hauteur caméra.

- fond noir = rien à éclairer en arrière-plan, pas de profondeur, pas d'ombre du sujet projetée. Seule contrainte technique (et pour quelqu'un d'image ce n'en est pas une) travailler en manuel MAP, exposition, balance des blancs, stabilisateur OFF.

- éclairage = le regard doit être brillant, l'ombre du nez ne doit pas tomber dans la bouche ni sur une joue. Il a un très léger contre-jour qui permet de légèrement détourer le personnage du fond. Celui-ci ne doit pas coller au personnage sinon il sera éclairé par la source principale. Le velours noir correctement tendu reste la garantie d'un noir profond surtout s'il n'est pas touché par la lumière. Vu le cadrage on peut s'en sortir avec 2 m2 s'il faut éloigner ce fond. C'est là où le matériel lumière a son importance, les sources qui arrosent sont déconseillées, à moins de pouvoir couper dedans (volets, drapeaux, snoots etc ...). Le maquillage vient à votre secours, c'est indispensable dans de telles valeurs de plan et cela va résoudre pas mal de problèmes de réflexions incontrôlables à la lumière.

- le son = avec un cadre pareil on peut tout se permettre ou presque : pas de déplacement d'acteur, on peut amener le micro hors-champ que ce soit par au dessus ou par en de-dessous.

Sur une interview le personnage filmé peut mettre du temps à se décoincer et qu'il faut parfois être patient avant d'avoir une continuité cohérente sans ébavurer au montage parfois impossible en synchrone présent à l'image. Donc la limitation à 30' des DSLR peut être atteinte. Il faut aussi que ce personnage ne soit pas ébloui, sinon ça va le mettre en position d'un suspect interrogé par le KGB surtout s'il ne vous voit pas, il aura tendance à vous chercher du regard : regard baladeur, votre place doit être pile dans l'axe caméra et vous devez être visible.

Votre principal problème matériel : faire léger transportable, rapidement installé et plié ... et que cela entre dans l'enveloppe de 1500 €.

Une partie des problèmes image et son peuvent être repris et interprétés au montage : teinte de peau, profondeur des noirs, timbre de voix mais l'essentiel doit être fait en amont. Et vous voyez que cela tient moins au matériel qu'à la méthode de travail.

AVANT TOUT ON OUVRE L' OEIL et les OREILLES !

 

Oui les sources avec parapluie arrosent et il est difficile de couper dedans sans drapeaux ce qui prend de la place, par contre si le fond est bien noir (donc éloigné), elles sont bien adaptées pour éclairer un visage, souvent une seule suffit.
Le contre-jour doit être installé en hauteur, par exemple derrière le fond, toucher les chevaux et les épaules. On règle son intensité en fonction du pouvoir réfléchissant des vêtements et des cheveux. Problème : les chauves luisants = maquillage ou pas de contre sur le crâne, il se détoure de lui-même.
Pour la mise au point il faut qu'elle soit fixe, sans donner dans le portrait à la Khmer rouge, quelqu'un sur une chaise ne devrait pas trop bouger en arrière, mais il reste le risque qu'il se penche en avant ou en latéral, ce qui serait dramatique dans cette valeur de plan. Dans ce cas il faut intervenir, parfois bloquer le mouvement avant avec une table avec le risque de le voir s'y accouder ou utiliser un petit fauteuil pour les risques latéraux. Il y a aussi celui de sortir du faisceau avec des lumières pointues et serrées.Les déplacements incontrôlés posent aussi des problèmes au son (sortir du lobe micro = détimbrage). Mais le mieux c'est d'intervenir s'il y a un gros problème, par contre souvent à la seconde prise, la personne filmée (non pro) est moins bonne.
Distance caméra sujet : 2,5 à 3 m, distance personnage-fond : 1 m ou plus
Focale : Le 50 mm sur votre Nikon D90 vous donnera une base (en tenant du crop-factor) mais on peut être plus serré si on a l'objectif. Un angle de champ entre 25° et 15° par exemple.
Une caméra avec un petit ou moyen capteur par rapport à celui d'un DSLR full-frame réduira du fait de la profondeur de champ plus grande les risques de sortir de la zone de mise au point. On peut aussi se donner une marge avec un repère de point avant.
Il faut prévoir le (mauvais) coup et ne pas hésiter à renouveler en douce la question (ne pas y aller dans le genre "c'est à chier, on la refait !").

 

Et même les deux yeux, celui au viseur bien sûr et l'autre pour surveiller ce qui se passe autour....

 

Intéressant le making-of mis en lien par Giroudf, on voit l'application des recettes données depuis le début de la discussion ... mais pour le matos : une Canon C300 capteur Super-35 avec un 70-200 haut-de-gamme de la marque, un micro cardio ou super cardio court en Rycote sur pied ... pas le même budget ... rapport 1 à 10. Cela dit si c'est pour se retrouver sur Youtube ou en DVD on ne verra pas une grosse différence.

 

Le GH-5 est déjà hors budget sans objectif ... pour brancher un micro ce n'est pas une sortie mais une entrée, la sortie c'est pour le casque.

 

Une solution mixte photo-vidéo, un bridge comme le Panasonic DMC-FZ2000 : prise micro, sortie casque, non limité aux 30', pas besoin d'objectifs, tout est dedans y compris le budget.