Mais comment font-ils ?

Bonjour à tous,
une question qui me turlupine depuis longtemps :

Je regarde toujours avec plaisir l'émission de Philippe Gougler : "Des trains pas comme les autres".
Et je me demande comment ça se passe lors des tournages car il y pour moi plusieurs mystères :

- Déjà les gens interviewés regardent toujours Gougler et jamais la caméra, ce qui est étonnant de la part de gens peu habitués aux tournages, même en leur donnant des instructions préalables; même des acteurs débutants se laissent aller parfois à un "regard caméra" .

- D'autre part, les dialogues sont parfaitement fluides, sans aucun temps mort comme on pourrait l'attendre d'une traduction (qu'on pourrait imaginer par oreillette, bien que cela me semble difficile à mettre en œuvre, et cela impliquerait un délai dans la question-réponse).

- en résumé je suis bluffé par le naturel des interviews qui semblent être aussi naturels que des entretiens à bâton rompu, comme s'ils avaient été fait en français avec des français.

Comment font-ils ?

 

Déjà, on leur demande de regarder l'animateur, pas la caméra ou l'interprète.

Ensuite, classiquement :
- l'animateur énonce sa question en français
- le traducteur pose la question dans la langue de l'interviewé
- l'animateur pose la question en français à l'interviewé
- l'interviewé répond dans sa langue en regardant l'animateur

C'est une gymnastique qui fonctionne pas trop mal.

 

homero :
Bon, d'accord, la caméra n'est pas un interlocuteur ! Mais c'est un témoin qui a une très forte présence pour l’interviewé qui n'est pas habitué (surtout qu'en général il s'agit de gens simples peu au courant des techniques vidéo). Mon expérience (microscopique par rapport à la tienne) m'a appris que le regard des gens est aimanté par ce personnage muet derrière la caméra qui assiste à la conversation en silence et ce silence le rend d'autant plus attirant voire inquiétant pour le questionné. Contre cette curiosité inquiète, les "rapports bétonnés" par l'intervieweur me semblent bien précaire.
Ce n'est évidemment pas le matériel qui m'intrigue mais le savoir faire qui, comme tu le dis n'est pas donné à tout le monde. À ce titre, et à celui de la qualité du journaliste, je trouve cette série très bonne.
Alcoriza :
NON ! Si je m'étais arrête à la simplicité de ce que tu dis, je n'aurais pas posé la question !
Vous n'avez pas expliqué, ni l'un ni l'autre, la fluidité et le naturel des interviews !!!
Je pense que vous n'avez pas regardé cette émission, d'ailleurs la question est la même pour l'émission "Voyage en terre inconnue".

 

Moi je t'ai expliqué comment techniquement ils font. Quitte à refaire à chaque fois les prises où les interviewés regardent la caméra.

Ensuite, c'est l'art du montage...

 

Je ne connais pas cette émission comme aucune autre d'ailleurs puisque je ne regarde plus du tout la TV depuis 1998.

Mais pendant 2 ans j'ai réalisé beaucoup d'interviews en multicam pour des docus et ne pas regarder les caméras n'a jamais été une difficulté pour les interviewés. Ils s'entretenaient avec l'intervieweur (qui était parfois un journaliste, parfois moi) et se confiaient à lui. Nous arrivions 1h avant (souvent chez eux) pour les mettre en confiance, s'intéresser à eux, leur expliquer certaines règles, détendre l'atmosphère, tout en s'installant.

Ensuite, comme le dit Alcoriza, tout est dans l'art du montage, je faisais en sorte que ce soit fluide et sans accrocs, supprimant les temps morts, les hésitations, en insérant un bref plan de coupe des mains ou un gros plan sur les yeux si besoin... Il y a un cas qui nous a particulièrement marqué car l'interviewé avait un débit très haché, il hésitait beaucoup, c'était compliqué mais la magie du montage lui donne une aisance et une fluidité qu'il n'avait pas du tout.