De l'usage du drone en film animalier

Et bien mon cher monsieur, c'est une question délicate , pour ou contre... Globalement je suis plutôt pour mais dans le cas de l'animalier c'est peut être autre chose.

Aimez vous les images de drones ? Oui - quand c'est bien dosé
Considérez vous qu'on peut encore faire des films animaliers sans drone ? Oui et encore heureux
Que pensez vous de l'éventuel dérangement causé par ces gros frelons survolant la faune ? Pour moi il est réel et malheureux (et le respect ? en animalier on cherche plutôt à se faire oublier normalement)
Tout ça me fait penser à l'histoire virale d'il y a quelques mois : http://www.lefigaro.fr/sciences/2018/11/05/01008-20181105ARTFIG00159-derriere-la-video-de-cet-ourson-si-mignon-un-drone-tres-derangeant.php

Après, on peut définir ce qu'on entend par drone, et peut être qu'un drone adapté -silencieux et camouflé (en oiseau?) - pourrait faire l'affaire d'un point de vue technique. Après tout, en animalier ils sont très fort pour inventer
Reste ensuite à en avoir une réelle utilité...

 

Personnellement, quand je dis ne pas être hostile au drone dans un tournage animalier, je parle uniquement de la prise de vue aérienne de paysages, ou de l'utilisation du drone en focalisation interne = lui faire faire du rase-mottes par exemple, rase-mottes qui se combinera au montage avec des vues de l'oiseau (je pense ici rapace) en train de chasser, etc. Jamais il ne me viendrait à l'idée de filmer directement les oiseaux avec un drone ! Quand c'est fait, dans les grosses productions, ils utilisent des oiseaux imprégnés (par exemple les oies suivies par ULM chez Perrin...).
A mon modeste niveau, il s'agit de démultiplier les possibilités de raconter une histoire, avec un ou plusieurs points de vue et toute avancée technologique me semble la bienvenue quand elle va dans ce sens (par exemple les ralentis comme le 4x du GH5) mais elle doit être évaluée à l'aune 1) de sa pertinence, 2) de son adéquation avec le respect de la faune sauvage. Respecter la faune sauvage quand l'on filme = être le plus discret possible, invisible si possible (combien de fois suis-je arrivé de nuit dans un affût installé auparavant et suis-je reparti le soir ou lorsque l'animal filmé s'était en allé, incapable de me redresser à cause des crampes, etc. il y en a ici qui doivent connaître !) Et tout ça pour des résultats parfois médiocres (à cause de la météo souvent...). Néanmoins, quelle expérience à vivre, quels souvenirs ces moments indicibles ! Aucun film animalier, avec ou sans drone ne pourra rendre cette impression du moment, ce temps figé, cette osmose avec la Nature... Or, c'est ce que je cherche à faire, n'étant pas sûr d'y être parvenu : permettre au spectateur, à travers mes images de nature, de retrouver un peu de cette sensation première, cette vibration qui n'a pas de nom... Oui, le drone me semble un bon outil, cela dit je n'en possède pas pour le moment et n'en ai donc pas l'expérience ! Mais ça me titille comme on dit...

 

Merci pour ta contribution Bubblenemo.
J'avais comme beaucoup d'entre nous vu cette video de l'ourson, qui même en dehors de tout anthropomorphisme, était émouvante.
Mais aussi consternante : S'il est un enseignement à tirer de cette vidéo, c'est peut-être moins celui de la pugnacité récompensée du jeune ours que celui de l'incapacité viscérale de l'être humain à se fondre dans son environnement sans le perturber.
M'étant beaucoup intéressé aux ours bruns, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord (voir mon avatar), je ne pouvais y être insensible !

Oui, tu as du voir aussi ces images d'un robot se baladant parmi les ours polaires.... Alors un jour un drone déguisé en palombe, avec une Go pro dans les plumes ?

Merci Giroudf pour tes videos instructives.
Pour la chaine de chasse, j'ai naturellement un peu de mal, mais je suis bien conscient que cela peut me priver de certaines infos. Merci du lien mais pour moi ce ne sera pas sur smartphone, et sur ordi c'est payant et je ne paierai jamais pour une chaîne de chasse....
chevreuils : les images montrent surtout des chevreuils fuyant le drone, et sur de longues distances. Les dernières images toutefois interpellent !
Les autres montrent des grands prédateurs, mais surtout élevés et/ou fortement imprégnés. Cela les rendrait irrecevables si l'on voulait les utiliser pour démontrer l'inocuité des drones sur la faune sauvage.
Celle des grands rapaces (pygargue américain...) montre également des animaux dressés. Néanmoins on peut penser qu'en effet les grands rapaces ont peu de chances d'être vraiment intimidés par les petits drones genre Mavic Pro....

Plantagené : je me retrouve là.... j'aurais pu écrire à peu près la même chose, mais en moins bien c'est sur !
Les grosses productions utilisent tous (même Jacques Perrin que cependant j'admire) des animaux imprégnés : questions de délais et de budget. Même La BBC dont un cadreur (rencontré sur un festival) m'avait dit un jour : chez nous 3 semaines pour avoir le budget, 3 ans pour faire le film, en France, chez vous, 3 ans pour avoir le budget, 3 semaines pour faire le film semble y être passée.

D'autres témoignages et points de vue ? Merci.....

 

Je viens un peu en retard dans la discussion, et j'espère ne pas tenir des propos redondants après une lecture rapide de réponses nombreuses déjà...

Je ne sais pas si on peut parler d'imprégnation ni quelle définition tu donnes à ce terme, mais il y a longtemps déjà (au XXème siècle!), je crois me souvenir que des opérateurs de la BBC avaient habitué, très jeunes, des faucons pèlerins à des drones pour les filmer en vol et en chasse, avec à la clé des images spectaculaires. Le drone devient un frangin et ne perturbe pas le comportement.
Pour ce qui concerne l'imprégnation, je n'y vois pas d'inconvénients particuliers du moment que l'on peut accéder à des aspects nouveaux du comportement des animaux étudiés et à condition que les dits comportements n'en soient pas modifiés (cela exclut tout dressage, of course).
A la limite de l'imprégnation, et dans le même ordre d'idées, il y a la technique d'habituer un animal à la présence humaine. Le photographe fait alors partie du paysage, comme un épouvantail qui ne fait plus peur. Les puristes seront satisfaits, pourtant la frontière est proche.
Je pense enfin qu'il faut aussi se méfier de nos fantasme concernant le "monde sauvage" qui devient de plus en plus intégré au monde urbain, donc de plus en plus imprégné par la présence humaine. La distance demeure souvent par l'existence de la chasse qui pousse à la méfiance du bipède.
On en viendra peut-être bientôt à remercier les flingueurs de maintenir un semblant de méfiance de la part de nos acteurs préférés ?

Deux exemples de gros plans qu'il était difficile de réaliser il y a quelques années avec un télé type 400mm (éq. 24x36)

 

salut Fifi
On t'attendait...
Oui, je me souviens même de ce film qui avait fait débat (et scandale) à Ménigoute en 2003 ou 2004....où il était fait un parallèle entre les avions de chasse et les faucons... Le film avait eu le Lirou d'or du festival, au grand dam des puristes, et le jury avait courageusement assumé.
Un grand moment auquel je ne regrette pas d'avoir assisté !
Les faucons pélerins en question avaient été entraînés, comme tu dis, donc ipso facto ils étaient "imprégnés". Reste à savoir comment réagiraient des faucons sauvages....
Ma définition du terme imprégné ? Celle je crois communément admise. Par exemple celle qu'on retrouve dans ce mémoire de DES :
"La protection des animaux sur les tournages pour des productions cinématographiques et publicitaires en France", par Corinne LESAINE :
-Nous pouvons illustrer ce cas avec l’acquisition des renardeaux qui ont participé au film « Le renard etl’enfant », comme le dit la coach animalière Marie-Noëlle Baroni sur une interview (3) qui était responsable de l’imprégnation à l’homme de cinq renardeaux pour les besoins du tournage : « Nous avons recueilli des renardeaux de quelques jours, rescapés d'une campagne de destruction, que nous avons élevés au biberon. »
Les guépards et rapaces sur les videos précédentes correspondent parfaitement à cette déf.

Pour ce qui me concerne je ne suis ni pour ni contre l'imprégnation.... cette pratique ayant toujours plus ou moins existé, et bien avant le cinéma animalier. Quant à son utilisation pour le cinéma animalier, dès lors que cette pratique est assumée, non dissimulée, et que les animaux en question sont respectés, cela ne me dérange pas non plus. Et même plus :cette pratique, bien encadrée, permet d'admirer des animaux que nous ne verrions pas, et d'éviter des dérangements (voire bien pire) fâcheux des "vrais sauvages" (cf les montreurs d'ours d'autrefois et d'hier encore en Roumanie...).
Mais pour autant il n'est ni rigoureux ni honnête (scientifiquement parlant) de prétendre montrer la vie sauvage de cette façon, les comportements de ces animaux élevés au biberon n'ayant rien de réaliste. Je pense en celà toujours au (splendide) film de Jean Jacques ANNAUD, l'Ours, qui montre (et veux nous faire croire à) des comportements et attitudes attendrissants, émouvants, mais pas du tout ursidés....(tu connais mon intérêt pour ces plantigrades).

Mais tu as raison, la disparition progressive des zones non anthropisées, la présence des humains dans la nature et inversement celle des animaux jusque dans les villes, la densité de la fréquentation touristique dans les parcs nationaux, modifient plus ou moins les comportements. Je pense cependant que l'habituation à la présence humaine est encore très loin de l'imprégnation.
Et puis ces changements de comportement - vers moins de méfiance par exemple - ne sont parfois qu'un retour à la normale : nos animaux sauvages européens sont aujourd'hui majoritairement nocturnes ou crépusculaires alors qu'auparavant (il y a longtemps) ils étaient parfaitement diurnes, comme le sont encore aujourd'hui les animaux de vastes régions encore sauvages comme l'Alaska.

Jolis portraits ! Au 400mm le héron ? Pas mal.......

 

C'est gentil de m'attendre !
Désolé, pas souvent sur mon ordi entre le boulot et les obligations diverses. J'aurai un peu plus de temps quand je serai en retraite...

Les deux avec le zoom aux environs de 400 mm (au pif, le zoom de la cam n'est pas à fond pour une meilleure définition et une question de distance minimum de netteté qui augmente avec les grandes focales). La bestiole est à un ou deux mètres et pose littéralement ! C'est fait avec le XA20 (zoom max à 570 mm) qui ne donne pas toutes les infos sur la prise de vue comme le GH4...

Le genre de gros plan que je n'osais même pas imaginer il y a quelques années...

 

Un autre moyen d'avoir du temps avant la retraite, mais que je je ne te souhaite pas... l'ITT !
mais comme moi, en retraite et en ITT, c'est un peu ballot !
Le héron à 2m ????? Dis moi tu es dans un affût flottant ? Même si ils sont bien plus nombreux qu'autrefois, mêmes s'ils sont beaucoup moins méfiants, jamais pu en approcher à découvert à moins de 30m environ.
La faune jurassienne a bien des tours dans son sac ! En tous cas chapeau pour ce portrait.
Et finalement, quand je vois cela, je me dis que ce fil pour m'aider à prendre une décision quant au bien fondé d'acquérir un drone, n'a guère de fondement !

 

Meu non, cam à la main en allant au boulot. Ici les hérons sont très familiers... C'est comme ça et c'est bien !

 

Dans quelle région es-tu ? Ici, dans l'ouest, les hérons décollent à 100 m au moins !
Jamais pu en approcher un à découvert... Plus facile de faire du Bonelli ...
Bonne journée ! Photos tirées de vidéos UHD...

 

Je suis un homme de l'Est (Besançon, Doubs), les avants-monts du Jura.

Tu m'envies les hérons?
Ici, des pèlerins, hobereaux ou autres crécerelles, buses, milans, éperviers, autours, un balbuzard de temps en temps en période de migration, un ou deux circaètes qui jouent à cache-cache mais pas de Bonelli (un couple de pomarins nicheur dans le Jura, néanmoins).
Chacun ses richesses. Tes Bonelli sont bien mignons...
Je crois quand même que tu aurais beaucoup plus de facilité à photographier les hérons en passant quelques heures le long de Doubs que moi d'apercevoir tes Bonelli sur ton territoire de chasse !
Mais il me semble soudain que l'on digresse quelque peu ....

 

Ces Bonelli ne sont pas de chez moi ! L'aigle de Bonelli est une espèce inféodée à la zone méditerranéenne : en France 32-33 couples nicheurs. Il y a, d'autre part, tout un programme Life de récupération des territoires désertés en Espagne et Sardaigne depuis 2013, à partir d'oiseaux captifs. J'ai la chance de bien connaître le principal pourvoyeur de poussins puisque c'est un ami et qu'il habite en sud Vendée...
Les Bonelli de la vidéo ont été filmés en Espagne...
La principale menace qui pèse sur l'avenir de cette espèce, ce sont les lignes à moyenne tension et, en France, le braconnage ! Bravo, la France, c'est nous qu'on est les meilleurs, comme toujours...
Ci-joint des oiseaux de chez nous : Vendée pour la femelle couvant et le poussin, sud de la France pour la femelle posée...Promis, j'en termine avec la digression et le Jura me paraît être une bien belle région...sauvage

 

Bonjour tout le monde

Tout juste rentré du Kruger où les drones sont interdits bien sûr, je découvre cette discussion qui m'intéresse car je suis "droniste nature". Je n'ai que quelques expériences de drones sur les animaux car je suis de ceux qui évitent ça à cause du dérangement. Mais je suis un inconditionnel de cet engin pour les quelques plans de coupe que l'on peut intégrer dans un film ça "place" tout de suite le film.
Pour en revenir au dérangement j'ai fais deux trois tentatives en Namibie. très nettement les flamands roses n'aiment pas du tout quant aux otaries c'est très variable . Une première tentative a eu l'air de produire du dérangement mais plus ensuite. Par contre les goélands l'attaquaient systématiquement.. J'ai aussi fais un paysage pour lequel je suis parti assez loin ce qui fait que ce n'est qu'au visionnage de la séquence que j'ai vu que les martinets sont venus tourner autour sans aucune crainte ; du coup ça donne vraiment une super séquence donc oui il faut l'utiliser mais comme tout avec responsabilité.
En Namibie il y aune réserve privée où je n'ai pas pu aller qui propose un safari drone sous encadrement bien sûr. Je trouve que ces réserves africaines devraient être moins strictes sur cette interdiction. Pour le Kruger j'avais demandé si il était possible de faire du drone sous stricte contrôle d'un garde bien sûr et en payant. Je ne voulais pas faire d'animaux mais des paysages et j'aurais fait ma séquence là où on m'y aurait autorisé. il y a là une demande à laquelle ces réserves devraient réfléchir et en plus ça permet d'encadrer l'activité. Pour le Kruger on m'a juste renvoyé le règlement sans me dire si on pouvait avoir une dérogation. mais je regrette vraiment de na pas avoir quelques vues aériennes de ce magnifique parc.
Le gros problème à mon avis reste le bruit, j'ai le Typhoon H (Yuneec) et c'est vraiment rédhibitoire. J'ai eu deux fois des remarques de randonneurs que le bruit dérangeait alors que je croyais être seul. Et il est vrai qu'en France on ne pourra bientôt plus voler. Les zones d'exclusions sont nombreuses en nature : Parcs Nationaux, réserves et bientôt peut-être les zones natura 2000. restera les décharges et encore avec autorisation car c'est privé !
à +

Bufo

 

salut Bufo,
Merci pour ta contribution, très intéressante en tant qu'utilisateur de drone et animalier.
Les flamants roses n'aiment pas, et les flamands d'autres couleurs ? Ne le prends pas mal, c'est une petite faute que j'aurais aussi bien pu faire....
Donc les flamants, oui les images aériennes de leurs immenses vols en Amérique latine sont splendides, mais à quel prix !
On sait bien en Camargue que cette espèce est très sensible au dérangement.
Tu as toi même constaté la gène produite par ton drone sur des humains randonneurs.... alors tu imagines sans peine pour des espèces fragiles. cela dit ce bruit ne doit pas atteindre celui des motos dites vertes...
Personnellement je reste perplexe, et ne suis pas encore décidé. En plus c'est un mode supplémentaire de prises de vues et on risque de se disperser...
Ton Yunnec, c'est donc un hexacoptère, de beaucoup plus que 800g, si je ne me trompe. Je suppose donc que tu as fait la formation et immatriculé ton engin ?

Le Kruger, la Namibie..... de beaux sujets en perspective. Cela as du te changer de l'Indonésie....
Est ce que tu viendras cette année au Festival de l'Oiseau ? C'est une belle occasion pour se rencontrer et échanger pour nous autres vidéastes amateurs souvent isolés dans leur coin....
Et l'ambiance à Abbeville est tellement sympa...

 

Bonjour,
De belles images dronesques du Botswana ou les drones sont interdits...