"Compagnons", un drame historique, une reconstitution étudiante

Cela faisait quelques années qu’il me trottait de donner à réaliser à un groupe de mes étudiants la reconstitution d’une conversation historique. Je gardais cela dans un coin de ma tête, en attendant de tomber sur quelque chose qui ferait office d’incident déclencheur, pour le synopsis comme pour moi-même .

C’est arrivé au mois de novembre dernier, quand j’ai entendu dans un documentaire ARTE un témoignage d’à peine plus de trente secondes, et qui pourtant a fait tilt… Ce n’était pas vraiment le genre d’évènement historique que j’envisageais au départ, mais cela collait de manière inespérée à notre contexte de production.

Et puis, j'ai donné à réaliser tellement de comédies et si peu de drames...

J’ai donc proposé à un groupe de 5 étudiants de se mettre sur l’affaire d'un scénario fondé sur cette conversation à l'origine d'une grande aventure humaine, non sans faire au préalable les légitimes recherches, qui parfois sont capables d’assaisonner les récits au point de regonfler un scénariste en panne d’idées…

J'ai eu grand plaisir à encadrer ce film et travailler avec ce groupe d'étudiants particulièrement méritant.

Je vous souhaite bon film.

 

FICHE TECHNIQUE

TOURNAGE :

- 2,5 jours de déco
- 2,5 jours de tournage
- 5 semaines de post-prod

- Intervenants tournage : amis du Collectif Kinorev

MATOS :

- GH5, configuré en UHD 25p 8 bit 100 mbps, profil Ciné D (-5 -5 -5 -3 +0)
- Objectif Sigma 12-35 f/1.8 avec Metabone Speed Booster X0.71
- Objectif Voigtlander f/0.95 17.5
- Stabilisateur Zhiyun Crane 2 (1 seul plan)

- Lumière : de la Manda et de la Blonde, du Fresnel 500w et 650w, variateur 2k, panels LED bicolores, soft box, du réflecteur, du cucoloris fait-maison, etc.

- Prise de son : Tascam DR-60D MK2 et micro Sennheiser K6+me66 et suspension Rycote

- Post-prod : DaVinci Resolve 18 (version gratuite, c'est pour ça qu'on a tourné en 8 bit)

 

La ressemblance physique avec Henri Grouès est saisissante !

J'aime bien la mise en scène théâtrale dans ce film.
Les décors, la lumière et l'étalonnage autour du sépia sont très réussis.

Technique : étiez-vous dans le mode 4:3 sur le GH5 ?

 

Malheureusement, sur le GH5, il n'y a pas de mode 4/3 approprié, seulement un mode anamorphique 4/3. C'est tourné en 16/9 avec les repères 4/3 de l'appareil et des scotchs placés verticalement sur le moniteur pour cadrer. (L'inverse de ce que je faisais quand j'étais jeune pour faire du 16/9 à partir de 4/3 )

Le montage a été fait sur une timeline 4/3 et le film exporté dans ce ratio.

 

Encore une vraie réussite d'étudiants (même si bien encadrés).

Moins qu'au cinéma ou même au théâtre, pensé davantage à la qualité téléfilm en vigueur jusqu'à la série des Maigret avec Bruno Cremer.

Ce qui d'ailleurs vu la référence et surtout arrivé après la bataille, interdit un quelconque avis sur le jeu et la direction d'acteurs.

Suffisamment convaincants pour faire vivre comme il se doit la force de ce geste final de se serrer la main (BRAVO !).

Puis déjà impressionné par l'idée (et la confirmation qu'elle ne tombe pas toute cuite, qu'elle demande du temps et jamais de précipitation).

Satisfécit forcément sur le scénario qu'elle a permis ...

(encore de sincères et chaleureux bravos à leur transmettre, merci d'avance @nestaphe ).

 

Si, en fait, on aurait pu en mode anamorphique, je m'en aperçois après que tu aies supprimé ton message concerné, @batterie... Il y a deux ans, j'avais fait des essais avec le mode "anamorphique 4/3" et je n'avais pas retenu ce mode, je ne sais plus du tout pourquoi, et en reprenant ça maintenant, je ne vois rien qui coince (sauf l’absence de FHD, mais pas besoin…). Je viens même de vérifier le retour moniteur, et c'est tout bon.

Il reste quand même un avantage de passer d'un 16/9 au 4/3, c'est de pouvoir recadrer latéralement sur un mouvement de caméra approximatif, sans avoir à zoomer dans l'image, et donc de tailler sur la hauteur. Dans ce contexte étudiant, souvent débutants au cadre, et avec des temps de tournage qui ne permettent pas de faire beaucoup de prises, le recadrage s'avère souvent bien utile.

Mais une remarque comme on les aime sur un forum, l’une qui implique explication et questionnement, ici sur ce qu’on peut confier ou non à la post-production... Une question de son n’est jamais de trop sur ce forum !

Effectivement, le K6+ME66 ne supporte évidemment pas très bien les imprécisions à la perche, c’est un supercardioïde à tube à interférence (et question détimbrage, c'est pas le KM185). Et des imprécisions, il y en a. Cependant la demoiselle qui a perché s'en ai sorti d'une manière que je n'attendais pas, vu qu'elle était toute débutante, et autant dire qu'elle m'a carrément épaté. En plus, elle ne se destine même pas au travail du son et pourtant, elle a fait mieux que bien d’autres avant elles dont certains s’y destinaient.

Pour les graves sur plans larges, si on parle bien de la même chose, j'ai bien essayé de rattraper ça lorsque j'ai repris un peu le mixage chez moi pour le nettoyer un peu (au lycée, pas moyen de travailler le son correctement). Ça vient de là :

L'abbé, surtout dans la deuxième partie du film (où ils sont assis au bureau), est positionné dans un angle de la toute petite pièce de tournage. Et là, les basses stagnent et résonnent sévèrement. Nous n’avions pas assez de recul pour l’éloigner davantage de l’angle, et l’angle de pièce s’avérait primordial pour produire une image correcte dans ce minuscule plateau.

Lorsqu'il se tient en avant de sa chaise, ça se récupère plutôt bien à l'EQ de piste, droit sur la chaise, ça passe aussi… Par contre, quand il se tient en arrière, aie aie aie ! En plus, le micro est encore plus éloigné de la bouche et la jeune perchiste n’a pas toujours réussi à le rattraper assez vite.








J'ai trituré ça un moment avec une EQ de plan, mais je n’obtenais qu’un son carton avec quand même cet effet de résonnance dégueu. J'ai fini par carrément virer l’EQ de plan, car au contrechamp, l'autre est cadré en plan rapproché épaule, à un endroit où l'acoustique est relativement clean et évidemment avec le micro proche et un son bien présent : Mon EQ de plan accentuait la différence avec le contrechamp et surtout, le son produit était moins en corrélation avec le plan visible à l’image (car oui, l’acoustique se comprend ou s’accepte aussi avec les yeux, cela on appelle cela « un plan sonore »). Je préfère un son voilé et impropre mais en adéquation avec l’environnement qu’un son en carton dégueulasse, je n’ai pas réussi le compromis.

La solution était au tournage : identifier le problème au casque et demander au comédien d’éviter de prononcer ses tirades lorsqu’il se tenait en arrière de la chaise, le faire reculer lorsqu’il écoute et observe, et s’avancer au moins un peu lorsqu’il parle. Les choses se jouent souvent à 50 cm près, en tout cas pour une possibilité envisageable d’un rattrapage au mixage…

Le K6+ME66, bien que théoriquement pas idéal dans une toute petite pièce (lobe arrière prononcé), s’en est bien tiré car le plafond est relativement haut. J’ai ramené des mousses « acoustiques » qu’on a punaisé aux mur et pincés sur les pieds de projecteurs, histoire d’absorber un peu les premières réflexions dans les aigus, ceci ne pouvant résoudre les basses stagnantes, mais qui déjà évite toute une collection d’harmoniques sur les voix. Il y avait au sol le tapis visible dans le film, et on en avait un autre pour l’acoustique.

J’aurais éventuellement pu lui donner un micro cardio, on a au lycée un couple Rode NT5 et aussi un Oktava MK012. Je n’étais pas chaud, car la pièce, bien que petite, est vide d’ameublement, à l’exception d’un piano demi-queue en place pour bien empêcher le recul caméra, et la grosse armoire qu’on peut voir dans le film est en fait dans une salle vide de 250 m² à côté (magie du cinéma…). La prise de son au cardio aurait capté plus de son de pièce (réverbération en première réflexion) et la hauteur du plafond conséquente permettait de ne pas trop parasiter à l’arrière du micro supercardioïde. Le cardio aurait cependant mieux encaissé certaines imprécisions à la perche, mais elles sont finalement assez rares et la configuration du dialogue n’était pas bien difficile à percher.

D’autres films ont été tournés dans cette pièce, je savais que c’était gérable avec le Sennheiser. Je suis assez content du son de ce film-là.

Merci ! On a fait "tourner le décor", c'est-à-dire, monté, tourné, démonté, remonté... (Tapissages et tests fait en amont du tournage.)

Des photos du plateau vide, enfin juste avec des tables et chaises pour évaluer les possibilités au découpage technique.

Plateau 1, environ 10-12 m², montage du décor n°1, la pièce dans laquelle a été fait le bureau de la secrétaire, pas de dialogue :


Avec ajout d'une fausse cloison derrière la vitre :


Le plateau 2, environ 20-25 m², montage du décor n°2. Hors-champ à droite, il y a un piano demi-queue qui rend le tournage difficile :


(Le radiateur a été masqué par une commode)



Insert qui a été tourné et décoré dans une grande salle adjacente (impossibilité d'y prendre le son d'un dialogue, énorme réverbération) :



Plateau 2, presque au même endroit où ils sont à trois sur la photo précédente mais dans un autre axe (à gauche), décor n°3 :

 

Ce tournage est à l'image du sujet du film : faire beau, faire beaucoup mais avec peu.
Bravo ! Une véritable leçon de cinéma tes derniers posts nestaphe !

 

...j ai enfin pu prendre le temps de découvrir et apprécier cette réalisation

Et merci pour le complément d'info ..

 

Thanx.

Les vues (celles arrivant du péquin recommandé YT) ont l'air de grimper un peu plus vite que d'habitude... Marketing de la charité, probablement... Mais bon, d'ici quelques semaines, le monstre glouton en aura repris la moitié, on ne sais pas trop pourquoi. Et puis plus rien qu'un égaré ou deux toutes les décades, qui mettent deux clics, un au milieu, un vers la fin, une petite minute pour un grand moment de patience, et ouste.

Faites des films !

 

You Tube te reprend des vues ?!?

 

Par gros paquets, tu savais pas ? Il s'agit de sa lutte contre la fraude aux clics, mais c'est toujours sans la moindre explication, et encore moins justification, l'honnêteté de Google/YT n'est pas à remettre en question...

Sur cette chaîne, il y a probablement de temps à autres un étudiant ou deux qui, pour le montrer à quelqu'un, repasse son film depuis le même ordi, mais ça ne va assurément pas chercher bien loin. En tout cas, il est évident que ce n'est pas du tout à la hauteur de la sanction...

Et quand t'as fait peu de vue (moins de quelques milliers, voire dizaines de milliers) quelques jours ou semaines après le lancement, ben tu vas te faire reluire sur ton île.

A côté de ça, t'as des tonnes de gaillards qui font des vidéos dans leur chambre ou leur cuisine en repiquant le contenu hautement instructif d'un autre, personnalisé de quelques pitreries, avec de bons réseaux sociaux derrière, et là... Tiens, ça ne se compte même plus en vues, mais en CO2...