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Comparatif Sony PMW-EX1, Canon EOS 5D et EOS 7D

Jean-Luc Hardyau (JLH37) et DanielDeruytere, (Cinesub) tous deux professionnels de la vidéo, nous offrent ce formidable travail de comparatif entre un caméscope

Publié par JLH 37 le 16 Mars 2010 dans Tests
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  1. JLH 37
    Jean-Luc Hardyau (JLH37) et DanielDeruytere, (Cinesub) tous deux professionnels de la vidéo, nous offrent ce formidable travail de comparatif entre un caméscope professionnel Sony EX1 et 2 représentant de la nouvelle vague des photocamescopes. Qu'ils soient ici remerciés de notre part à tous chaleureusement pour ce travail de haute précision pour lequel comme d'habitude ils ont pris sur leur temps !! Michel


    INTRODUCTION


    thumb_5d-7d-ex1.pngDepuis la sortie de l'EOS 5D et sa fonction vidéo, une certaine « agitation » règne dans les milieux vidéo.
    Pensez donc ! Pour quelques milliers d'euros cet appareil serait capable de permettre la prise de vues en haute définition à l'aide d'un capteur 24x36. L'image serait donc à même de rivaliser avec les plus grosses machines du cinéma digital (voire du cinéma tout court) et relèguerait les caméscopes haut de gamme au rang d'antiquités totalement dépassées. Bref, une véritable révolution.

    Pourtant, quelques « petites voix timides » ont commencées à relater un certain nombre de défauts et de limitations dans l'usage de ces appareils photos en vidéo mais, faute de confrontation véritable entre ces appareils et ces caméscopes, il n'était pas facile de faire totalement la part des choses d'autant que quelques professionnels plus ou moins connus se sont lancés à corps perdu dans des clips de démonstration avec les apn, ces clips ayant fait le tour du net avec un certain succès.

    Grâce à l'aide de Daniel Deruytere, j'ai quand même voulu en savoir un peu plus.

    Daniel (Cinesub sur le Repaire) est musicien mais aussi professionnel de la vidéo. Il a beaucoup travaillé sur le fameux « rendu cinéma » à l'aide de kits mini 35 et est propriétaire d'une EX1 qu'il apprécie pour son rendu d'image. Dernièrement il a fait l'acquisition d'un EOS 7D car sa mise en œuvre pour l'obtention d'une courte profondeur de champ lui paraissait plus facile et plus souple que le kit couplé à l'EX1.

    Me concernant, mon travail en film d'entreprise étant moins centré sur des effets de profondeur de champ, je continue à utiliser une Z1 qui m'assure de ses bons et loyaux services. Mais, pour mon activité photographique j'ai fais l'acquisition d'un EOS 5D et me suis donc retrouvé avec une deuxième « caméra ». Et quelle caméra, à en croire tout ce que j'avais pu lire sur les forums tout excités par la nouvelle révolution qui s'annonçait avec cet engin.

    En discutant de tout cela avec Daniel, le projet d'un comparatif a mûri pour, d'une part comparer les boîtiers photos à son EX1 et, d'autre part, comparer l'EOS 7D avec son grand frère l'EOS 5D.

    Nous avons donc pu libérer une journée pour nous consacrer aux prises de vues nécessaires avec les trois machines puis à l'observation en commun des résultats et conclusions que nous pouvions en tirer. Cet échange entre nous permettant d'éviter toute subjectivité (consciente ou inconsciente) de l'un ou l'autre et de minimiser au maximum les risques d'erreur.

    C'est donc cette journée de comparatif que nous allons vous faire partager.

    Vous ne trouverez pas ici de descriptif complet du matériel car de nombreux et bons articles ont été rédigés à ce sujet et nous allons plutôt vous montrer des résultats de prises de vues à l'identique afin que vous puissiez juger, comme nous, de quoi il en retourne.

    000a_photo_tournage.png
    Daniel a réuni tout son monde pour une photo de famille. La Z1 (à gauche) est venu poser mais ne participera pas au test cette fois-ci.

    000b_photo_tournage.png
    En tant qu'ancienne habituée des comparatifs, la Z1 donne quelques recommandations à ses « collègues »

    METHODOLOGIE

    Les deux EOS ont été paramètrés de la même façon avec un le profil d'image « standard ». Pour les prises de vues en studio nous nous sommes servi de la même optique, un 2,8 24-70 série L. En extérieur le 7D a conservé son optique à savoir le 2,8 17-55.

    Le format d'enregistrement est en 1920x1080 25P pour le 7D et 30P pour le 5D. La compression se fait en H264.

    L'EX1 n'a pas eu de correction de profil d'image et nous sommes sur un réglage standard dit « image droite » qui paraîtra un peu terne à ceux qui n'ont pas l'habitude de travailler sur ce type de réglage. Le format adopté est le même que celui des EOS à savoir 1920x1080 25P en XDCAM EX HQ. La compression est ici en mpeg2.

    Nous avons laissé la balance des blancs de tous les appareils en automatique.

    Avant d'analyser les images, il faut signaler une première difficulté avec les EOS. Les rushes natifs en H264 ne sont pas bien interprétés par des lecteurs comme VLC ou WM et aussi par les logiciels de montage. En tous cas sur Premiere ou Vegas.

    En effet, il y a une surévaluation des noirs et des blancs qui rend l'image très caricaturale en terme de contraste. Pourtant ce n'est pas le cas car dès que l'on transcode le fichier en n'importe quel autre format, il redevient normal. Certes l'image de départ est un peu contrastée mais pas autant qu'en natif. Autrement dit, que ce soit chez moi ou sur les installations de Daniel, l'image n'est pas montable en natif car de graves erreurs d'appréciation dans l'étalonnage sont à peu près certaines.

    Il m'a donc fallu utiliser un codec intermédiaire pour pouvoir vous montrer les résultats sous peine de pénaliser fortement les apn par un défaut apparent qui en fait n'existe pas. J'ai choisi du mpeg2 1920x1080 avec un fort débit de 50 Mbs et encodé sous Procoder en qualité master. Je puis vous assurer qu'il n'y a aucune différence entre l'original et cette copie sauf la restitution du contraste qui redevient normale.

    Pour l'EX1, nous avons conservé les rushes au format d'origine qui ne posent aucun problème particulier.

    Vous devriez pouvoir lire tous les rushes avec VLC comme je le fais moi-même sans souci.

    COMPARATIF EXTERIEUR


    001_5d_ext_fixe.png
    EOS 5D. 100 ISO. F :10

    002_7d_ext_fixe.png
    EOS 7D. 100 ISO. F :10


    003_ex1_ext_fixe.png
    EX1. ND2. F :4,8

    En fait, ces trois captures d'images résument assez bien tout ce qui séparent les trois machines à l'exception d'une seule : la profondeur de champ.

    Pour comparer il faut que les images soient identiques, y compris sur ce point. A propos de point, il est réalisé sur la touffe de roseaux secs au centre de l'image. Les images ont été un peu étalonnées afin de les rapprocher en terme de gamma et de neutralité colorimétrique. Par contre tous les rushes présentés sont complètement bruts sans aucun étalonnage.

    Qu'observe-t-on ?


    - La première chose qui saute immédiatement aux yeux, c'est la grande différence de finesse entre l'EX1 et les EOS. L'image de l'EX1, quoique étant très douce sur ce type de réglage, révèle un nombre incroyable de petits détails bien au-delà de ce que peuvent faire les apn. Regarder aussi le rendu de matière. C'est magnifique. Sur le mur de séparation, tout y est.

    - Ensuite on va comparer le 7D et le 5D. Les images sont assez proches mais on note quand même un avantage en terme de définition sur le 5D. Il montre un peu plus de détails. Nous verrons si cela se confirme sur d'autres prises.

    - L'aliasing. L'EX1 en est quasiment exempte. Par contre les EOS sont très mauvais sur ce critère. Nous en reparlerons un peu plus loin. Il y en a un peu partout mais je vous invite à observer de plus près le coin supérieur gauche des images. On dirait que les fils électriques ont été décorés d'un coup de peinture de différentes couleurs. Idem sur la gouttière de la maison en arrière-plan. Ceci n'a rien à voir avec une aberration chromatique quelconque mais montre bien de l'aliasing en chrominance. Il y a aussi des déformations mais que l'on ne voit pas trop en arrêt sur image.

    Aussi je vous invite à regarder les trois rushes ci-dessous où nous avons fait bouger les caméras. Là, vous devriez voir le problème.

    Clic droit + enregistrer la cible du lien sous...
    Clic Droit + enregistrer sous
    Mouvement de caméra avec l'EOS 5D

    Clic Droit + enregistrer sous
    Mouvement de caméra avec l'EOS 7D

    Clic Droit + enregistrer sous
    Mouvement de caméra avec l'EX1.

    Sur cette simple prise de vues somme toute banale, on observe que l'image de l'EX1 est bien supérieure à nos deux compères photographiques.

    Je fais une parenthèse au cas où un photographe tomberait sur cet article. Les performances photographiques de ces deux boîtiers n'ont rien à voir avec leurs résultats en vidéo car en photo ils sont exemplaires. Nous ne traiterons pas de ce sujet ici mais c'était juste pour éviter toute équivoque.

    COMPARATIF EN STUDIO

    Bon, nous allons rentrer nos appareils en studio. Je rappelle qu'à partir de ce moment les deux EOS utiliseront le même objectif.

    Une autre difficulté nous est apparue pour faire des prises identiques. Les trois machines ont chacune un capteur de taille différente. C'est pourquoi vous verrez deux petits repères bleus en bas du support filmé afin de retrouver rapidement le même angle de champ entre les trois appareils.

    Les temps de pose sont tous au 1/50 de seconde.

    007_5d_studio_fixe.png
    Eos 5D. ISO 200. F : 6,3.


    008_7d_studio_fixe.png
    Eos 7D. ISO 200. F : 6,3.

    009_ex1_studio_fixe.png
      EX1. 0 dB. F : 4.


    Voici donc un plan fixe en studio. Retrouve-t-on les mêmes choses que sur la prise en extérieur ?

    Oui, exactement pareil. Même hiérarchie concernant le pouvoir séparateur, aliasing sur les EOS.

    Concernant l'aliasing, on pourra observer celui-ci sur la tranche du couvercle de la boîte. Mais on verra aussi du moiré sur les habits du personnage. Il est particulièrement visible sur son tablier. On note que l'EOS 5D en produit plus que le 7D.

    Ci-dessous, une vue animé en gros plan pour voir si c'est pareil :

    Enregistrer la cible du lien sous
    Clic Droit + enregistrer sous

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    Il semble bien que l'effet de moirage lors des mouvements soit moins marqué sur le 7D que sur le 5D.

    BASSE LUMIERE

    Un test dit de basse lumière pour être fiable n'est pas forcément facile à réaliser. De plus un luxmètre est indispensable pour bien mesurer ce que l'on fait et donner des chiffres réels. Il faut aussi étudier le comportement du capteur avec des mires colorimétriques car sa sensibilité chromatique n'est pas forcément également répartie. Bref on est assez loin de la traditionnelle bougie ou de l'éclair d'allumette allumant une cigarette que l'on nous montre à longueur de temps sur le web.

    Ce que nous avons plutôt cherché à faire ici c'était de tester, sous une même lumière faible, le comportement des appareils à leurs différentes sensibilités. C'est presque pareil mais nous appelleront plutôt ce test : Test des hautes sensibilités.

    La lumière a donc été réduite et, pour vous donner une idée, elle a été mesuré à F:5,6 au 1/50 de seconde à 1600 ISO. Ce n'est pas beaucoup car en pratique on veillera quand même à opérer sous des lumières un peu plus copieuses. Lors de ce test toutes les machines étaient au 1/50 de seconde pour leur vitesse d'obturation.

    L'EX1 n'a pas de réglage de sensibilité donnée en ISO comme en photo mais un gain réglable indiqué en dB comme toute caméra vidéo. Pour suivre la progression rappelons qu'une progression de 6 dB est égale à un doublement de sa sensibilité. Si à 0 dB la sensibilité nominale est évaluée à 400 ISO, à +6 dB cela équivaudra à 800 ISO, +12 dB à 1600 ISO et ainsi de suite.

    Nous avons mis ici des captures d'images accompagnées du rush correspondant car pour bien apprécier le bruit et la façon dont il se manifeste il faut pouvoir regarder le défilement d'image.

    Je vous conseille d'observer particulièrement la partie de la boîte qui est orangée. C'est sur cette couleur que les capteurs sont le plus à la peine.

    Prise de vues à 400 ISO :



     012_5d_basse_lu_400iso.jpg
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    EOS 5D à 400 ISO. F : 2,8

     014_7d_basse_lu_400iso.jpg
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    EOS 7D à 400 ISO. F : 3,2

     016_ex1_basse_lu_0db.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EX1 à 0db F : 3,4



    Prise de vues à 800 ISO :


     018_5d_basse_lu_800iso.jpg
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    EOS 5D à 800 ISO. F : 4

     020_7d_basse_lu_800iso.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 7D à 800 ISO. F : 4,5

     022_ex1_basse_lu_6db.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EX1 à +6 dB. F : 4,8

    Prise de vues à 1600 ISO :


     024_5d_basse_lu_1600iso.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 5D à 1600 ISO. F : 5,6

     026_7d_basse_lu_1600iso.jpg
    Clic Droit + enregistrer sous
    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 7D à 1600 ISO. F : 6,3

     028_ex1_basse_lu_12db.jpg
    Clic Droit + enregistrer sous
    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EX1 à +12 dB. F : 6,7





    Prise de vues à 3200 ISO :


     030_5d_basse_lu_3200iso.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 5D à 3200 ISO. F : 8

     032_7d_basse_lu_3200iso.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 7D à 3200 ISO. F : 9

     034_ex1_basse_lu_18db.jpg
    Clic Droit + enregistrer sous
    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EX1 à +18 dB. F : 8


    Prise de vues à 6400 ISO :



     036A_5d_basse_lu_6400iso.jpg
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    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 5D à 6400 ISO. F : 11

     037_7d_basse_lu_6400iso.jpg
    Clic Droit + enregistrer sous
    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 7D à 6400 ISO. F : 13


    Nous observons tout de suite la suprématie de l'EOS 5D. C'est sans appel. Ici nous retrouvons la logique des résultats en photo. En effet les photosites du capteur mesurent un peu plus de 6 micromètres et sont les plus gros des trois appareils. Plus les photosites sont gros, plus ils récoltent de lumière. On peut donc filmer en lumière faible jusqu'à 1600 ISO tout en gardant une image propre. Un peu bruité mais pas désagréable et sans trop de baisse de définition.

    La (mauvaise) surprise vient plutôt de l'EOS 7D. Il est un peu à la rue et, dès 800 ISO, c'est assez acrobatique. Il vaudra mieux s'en tenir à 400 ISO ou moins. Daniel avait bien remarqué ce fait et nous avons pu le quantifier. C'est curieux car j'ai vu des tests très sérieux en photo ou la différence est loin d'être aussi marquée avec l'EOS 5D. Mais les 18 millions de pixels sur une surface moitié moins grande entraîne une forte diminution de la taille des photosites. Je pense que le double Digic 4 qui équipe le 7D est incapable de réaliser les mêmes performances en vidéo que celles dont il est capable en photo pour pallier à cette diminution.

    L'EX1 ne s'en sort pas si mal que cela. Réputée pour sa sensibilité en vidéo, elle reste en retrait par rapport au 5D mais pas par rapport au 7D. A +6 db (c'est-à-dire 800 ISO pour les EOS à peu près au même diaph et à même vitesse d'obturation) elle bruite très peu et tient la comparaison avec le 5D. Le 7D est déjà lâché.

    A +12 db (c'est-à-dire 1600 ISO) elle bruite. Mais vous noterez que c'est un bruit assez fin et très peu affecté de coloration. Un peu comme du grain argentique, ce qui n'est pas forcément désagréable en basse lumière, la mode étant aux choses anciennes, on retrouve l'aspect des pellicules d'antan. Le 5D tient encore le pavé mais le 7D est hors course.

    A +18 db (3200 ISO) l'EX1 souffle fort. A réserver pour des prises de documents où l'on ne peut vraiment pas faire autrement. Le 5D laisse monter un peu de bruit coloré mais, en cas de besoin absolu c'est encore jouable.

    L'EX1 s'arrêtera là. A 6400 ISO cela bruite beaucoup et de façon désagréable sur le 5D. Quant au 7D... à regarder par curiosité.

    PROFONDEUR DE CHAMP

    Rappelons que la profondeur de champ désigne la zone de netteté entre un avant plan et un arrière plan.

    Et c'est ici que nos boîtier photos vont pouvoir se la jouer très fier face à l'EX1 qui a eu la fâcheuse manie jusqu'ici de leur damer le pion sur bien d'autres critères. Elle ne pourra pas lutter avec nos deux « camescophotoscopes » du fait de la faible taille de son capteur. Et, hors le kit mini 35, elle n'a aucun moyen pour pouvoir les contrer.

    Pour infos et surtout pour nos lecteurs moins aguerris avec cette histoire de profondeur de champ, je vais tenter de résumer de la façon la plus simple possible ce qui se passe.

    La PDC (profondeur de champ) est conditionnée par deux critères immuables : l'ouverture du diaphragme et le rapport de grandissement. Un autre critère doit être pris en compte, c'est le cercle de confusion permettant de déterminer ce qui est net et ce qui ne l'est pas mais je n'insiste pas trop là-dessus car nous allons rester dans la simplicité.

    Pour le diaph, pas de problème, tout le monde connaît : plus on l'ouvre moins il y a de PDC et vice et versa.

    Pour le rapport de grandissement c'est une autre histoire et il y a pas mal d'incompréhension à son sujet. Déjà, et pour éviter toute confusion, ce rapport ne désigne en aucun cas le facteur de grossissement d'une optique. C'est le rapport entre la taille réelle du sujet et son image sur le capteur. Ainsi, en macro, lorsque l'on atteint le fameux rapport 1/1, cela signifie que la taille du sujet et son image sur la surface sensible sont identiques.

    Comme on le sait, en macro la PDC est très réduite. Tout simplement parce que plus l'image du sujet sur le capteur est grande plus la PDC chute. C'est bien le rapport de grandissement qui entre en ligne de compte. Même si vous utilisez des optiques de différentes focales mais que vous conservez le rapport 1/1 (par exemple) la PDC ne changera pas. Ceci à ouverture équivalente, bien entendu.

    Bon, maintenant que nous avons vu cette notion, qu'arrive-t-il quand on utilise différentes tailles de capteur ? Si vous opérez avec un capteur de 36 mm de large et que vous cadrez au rapport 1/1 un objet de 36 mm de large, il va donc apparaître plein cadre sur toute la largeur de l'image. Si vous remplacez ce capteur par un de 18 mm de large, sans bouger la machine, le rapport de grandissement ne change pas et la PDC non plus. Mais une chose a changée : votre valeur de cadre. Vous ne voyez plus que la moitié de l'objet, ce n'est plus la même image et il va donc falloir rectifier cela, soit en vous reculant, soit en dézoomant. Mais alors la taille de l'image de l'objet sur le capteur va être divisée par deux (de 36 à 18 mm) et le rapport de grandissement chute (1/2) entraînant une augmentation de la PDC.

    Donc, on comprend maintenant qu'à cadrage équivalent, un petit capteur oblige toujours à utiliser des rapports de grandissement plus faibles qu'un capteur plus grand et, de ce fait, provoque une PDC plus étendue. C'est comme ça et il n'y a rien à faire.

    Alors évidemment, on mesure maintenant le gouffre qui sépare des capteurs 1/3 (ou ½ pouce pour l'EX1) face au capteur 24x36 ou même APS-C de nos boîtiers photos.

    Ces boîtiers sont donc les seuls à l'heure actuelle, et dans cette gamme de prix, à pouvoir offrir la possibilité de jouer avec de courtes PDC sur des plans moyens à assez larges et extrêmement courtes sur des plans plus rapprochés.

    Et c'est bien ce qui fait leur succès principal car ceci était un rêve inaccessible pour nombre d'entre nous tant une caméra ciné à grand capteur coûte cher ou un kit mini 35 n'est pas de manipulation aisée.

    Les photos qui suivent montre un test de profondeur de champ entre les trois machines en comparaison.

    Le problème c'est que je me suis un peu planté sur le cadrage et la mise au point (trop en avant) du 7D. Le cadrage étant plus serré que les autres cela donne moins de PDC qu'il ne devrait y en avoir mais on voit quand même une différence avec le 5D.

    Pour l'EX1 nous avons un peu triché dans la mesure où nous avons ouvert le diaph à 1,9 au lieu de 2,8 pour les EOS. C'était surtout pour montrer son potentiel maxi à pleine ouverture dans cette situation plus que de prouver ce que tout le monde sait déjà : sa PDC est bien plus étendue, évidemment.


    039_5d_pdc.png
    EOS 5D. F : 2,8

    040_7d_pdc.png
      EOS 7D. F : 2,8

    041_EX1_pdc.png
      EX1. F : 1,9


    LES MIRES

    Eh oui, les mires ! De façon un peu inhabituelle je vous les montre à la fin. La mire est un peu l'enfant terrible des tests en imagerie. Quand elle est bonne tout le monde la brandit pour montrer que son appareil est le meilleur, et quand elle est mauvaise on la planque soigneusement ou on vous explique que l'on n'achète pas du matériel pour filmer des mires.

    Et pourtant, une mire correctement utilisée ne triche jamais et permet d'identifier très rapidement les qualités et défauts d'un imageur. C'est un instrument de mesure précieux pour qui veut tirer parti de son matériel et l'utiliser en connaissance de cause pour l'optimiser.

    Je les ai donc mis à la fin pour voir si tout ce que nous avons observés au cours de ces essais va se retrouver sur l'instrument de mesure qu'est la mire.

    042_5d_mire.png
    Mire EOS 5D

    043_7d_mire.png
    Mire EOS 7D

    044_ex1_mire.png
    Mire EX1


    Pour ceux qui n'ont jamais vu une mire ISO 12233 en vrai, vous trouverez ci-dessous une reproduction de celle-ci photographiée avec l'EOS 5D en pleine résolution. Ceci vous permettant d'avoir la référence de départ pour vos observations.

    -photos 045 : Mire ISO 12233 photographiée avec l'EOS 5D en 21 millions de pixels.
    045_mire.png
    Mire ISO 12233 photographiée avec l'EOS 5D en 21 millions de pixels. 

    La première chose que l'on voit, comme sur notre premier comparatif en extérieur, c'est l'extrême finesse de l'image de l'EX1. En terme de pouvoir séparateur il va être difficile de faire mieux car nous atteignons les limites du format. On se balade autour des 1000 lignes de définition. Le filtre passe-bas a été calculé pour laisser passer un peu d'aliasing afin de franchir la barre théorique des 960 lignes. Mais on ne va pas trop loin et cet aliasing résiduel ne sera que très peu visible comme vous avez pu l'observer au cours de ce comparatif.

    Pour les EOS, ce n'est pas exactement la même chose. Et la mire nous montre bien l'écart qui les sépare de l'EX1 ainsi que les défauts observés.

    Jusqu'à 600 lignes l'EOS 5D se comporte à peu près normalement. Entre 600 et 800 lignes l'interprétation devient délicate car l'aliasing est bien présent. Ensuite, cela part en torche avec un aliasing totalement débridé.

    L'EOS 7D montre un peu autre chose. Arrivé aux alentours de 800 lignes horizontales et moins en vertical, cela floute comme un filtre passe-bas. Là encore la mire ne fait que confirmer l'impression de moindre définition par rapport au 5D. Et souvenez-vous aussi que l'on notait moins de moiré sur les détails fins en mouvement. La mire nous en montre sûrement l'explication. Comparez les carrés de définition en lignes verticales entre le 5D et le 7D.

    Mais dans l'ensemble on retrouve ce même problème de fort aliasing avec plus de soucis en chrominance semble-t-il.

    Et si on regardait ce qui se passe quand l'appareil bouge devant la mire.

    -Rush 045A : EOS 7D en mouvement devant la mire.
     045A_7d_mouvement_mire.m2t_vign.png
    Clic Droit + enregistrer sous
    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    EOS 7D en mouvement devant la mire.


    Pour bouger, ça bouge ! Tous les détails partent dans tous les sens. Si vous observez bien les panoramiques des images extérieures, là aussi vous verrez les petits détails qui se promènent un peu.

    Conclusion : il faudra prendre garde dans certaines situations de ne pas faire de mouvement de caméra au risque de retrouver ce que la mire nous a montré. Et quand on dit pas de mouvement, c'est strictement immobile avec un bon pied car ce sont surtout les petits bougés (ou les mouvement très lents) qui rendent ce défaut particulièrement désagréable. J'en ai fait la cuisante expérience au cours de mes premiers essais avec le 5D.

    En quelques mots, essayons de comprendre pourquoi nous avons une telle différence par rapport aux camescopes.

    La première chose est que le filtre passe-bas, nécessaire à couper les hautes fréquences en fonction de la fréquence d'échantillonnage du capteur (voir le théorème d'échantillonnage de Shanon et Nyquist) n'est pas adapté à la vidéo mais à la photo largement plus définie, évidemment. Autrement dit l'appareil fonctionne en vidéo comme si il n'y avait pas de filtre passe-bas ce qui est un non sens technique mais inévitable car c'est un appareil photo.

    Bon, mais pourquoi alors ne pourrions-nous pas mettre un filtre passe-bas devant l'optique et surtout pourquoi ce bon sang d'aliasing se manifeste à partir de seulement 600 lignes alors que nous échantillonnons en 1920x1080 comme l'EX1 qui monte beaucoup plus haut en définition avant qu'on « ne lui coupe le sifflet ».

    C'est ici qu'intervient une autre différence entre le caméscope et l'appareil photo : la collecte des données sur le capteur. Pour le caméscope tout va bien, son capteur est conçu pour ce qu'il doit faire et ça fonctionne.

    Les EOS, non. Le capteur est conçu pour la photo avec des images en taille de pixels sans commune mesure avec nos deux millions de pixels en vidéo. Le problème c'est que l'on ne peut pas partir d'une image d'environ vingt millions de pixels pour la redescendre à deux millions par interpolation. A la cadence vidéo de 25 i/s (ou plus) personne ne sait faire (ou ne veut faire). Si c'était le cas, alors là oui, plus aucun caméscope de haut de gamme ne pourrait lutter tant l'image serait magnifique.

    Comme on veut conserver l'intégralité de la surface du capteur pour des raisons de profondeur de champ, il n'y a plus qu'une seule solution : éliminer des lignes complètes et des pixels pour parvenir au 1920x1080 lors de la collecte de l'image sur le capteur.

    Retenez très simplement qu'il y a des trous dans l'analyse de l'image ainsi que des interpolations pour les combler et que cela provoque une baisse drastique de la définition tout en renforçant le pouvoir néfaste de l'aliasing. Pour une explication beaucoup plus technique et précise, voici le lien vers lequel Barry Green décortique le processus :

    http://www.dvxuser.com/V6/showpost.php?p=1787293&postcount=23


    Et, pour en revenir à notre filtre passe-bas complémentaire, il faudrait le calculer sur une base d'environ 600 lignes ce qui donnerait une image très peu piquée pour de la HD.

    Donc, on préfère conserver l'illusion de définition avec aliasing tout en sachant que des défauts plus ou moins graves vont se manifester selon ce que va contenir l'image.

    CONCLUSION

    Daniel et moi-même avons passé un peu de temps en fin de journée à observer et analyser tous ces résultats de prise de vues. Tout comme vous pouvez le faire maintenant.

    Force a été de constater qu'il n'est pas raisonnable d'affirmer qu'un boîtier photo tel que le 5D ou le 7D soit capable de faire des images de meilleure qualité qu'une EX1 et même que certains autres caméscopes plus modestes. Même Daniel, pourtant propriétaire des deux appareils, fut surpris d'un tel écart dès lors que l'on plaçait les machines rigoureusement dans les mêmes conditions de prise de vues ou/et que l'on procédait à une mesure comparative. C'est un fait et il nous a sauté aux yeux de façon brutale, il faut bien l'avouer.

    Pour autant, faut-il condamner l'emploi de ces boîtiers photos pour des réalisations vidéo. Non, car il permettent ce que les petits capteurs ne savent pas faire : réduire la profondeur de champ de certaines scènes quand c'est nécessaire.

    Si on les utilise dans ce contexte, on aura alors un outil capable de créer une image en trompe l'œil car, avec une zone de netteté réduite, la surface où pourra se manifester l'aliasing sera faible et la partie nette de l'image valorisée par un beau flou artistique sera magnifiée et fera oublier son manque de définition.

    Même si l'utilisation de ce type d'appareil n'est pas forcément évidente en vidéo, elle sera sûrement plus facile que la mise en œuvre d'un kit mini 35 aux réglages compliqués, à l'encombrement important sans parler de la chute de luminosité et aussi la baisse inéluctable de définition qu'il va générer lui aussi. C'est sur ce raisonnement que Daniel a souhaité remplacer son kit par un EOS 7D.

    Mais nous sommes tombés d'accord tous les deux sur le fait que son 7D (ou mon 5D) ne pouvait pas remplacer complètement une EX1 (ou autres). Se priver de la qualité d'image d'une telle machine lors des plans à PDC étendue serait un non sens à notre avis. Il faut donc utiliser ces boîtiers comme outil d'appoint uniquement dans ce qui a su faire leur succès sans leur demander l'impossible.

    Le 5D pourra aussi venir en renfort sur des prises de vues en très basse lumière car ses résultats sont assez convaincants sur ce point.

    Après, c'est à chacun de voir quelle décision il prendra personnellement pour ses propres productions et nous espérons que ce comparatif et ses résultats pourront aider tout un chacun dans sa réflexion sur ce sujet si débattu.

    EPILOGUE

    Il m'est apparu souhaitable de ne pas oublier les interrogations d'une certaine catégorie d'utilisateurs face à tout ce débat entre les boîtiers photos et les caméscopes de haut prix :

    Mais alors, comment se situent les petits caméscopes HD grand public ?

    Je n'y comprends rien à l'utilisation d'un EOS en vidéo et je ne peux pas me payer une machine très haut de gamme, que faire ?

    Je cherche à faire simple mais je veux profiter d'une belle image haute définition, est-ce possible ?

    Pour répondre à cela je souhaitais vous montrer quelque chose. En juin dernier j'ai pu tester une Sony XR500 grâce à Franck (Freddy 1957 sur le Repaire).

    Malheureusement je n'ai pas eu le temps d'en faire un compte-rendu complet sur le Repaire, mais ce petit caméscope m'avait fait forte impression à l'époque au vu de sa qualité d'image.

    Je vous laisse en juger par ces trois exemples tirés de l'essai :


    046_xr500_mire.png
      Mire XR500

    047_xr500_ext_fixe.png
    XR500 en extérieur

     048_xr500_basse_lu.m2t-2.png
    048_xr500_basse_lu.m2t.png
    Rush video  Clic droit + Sauver la cible du lien sous
    XR500 en basse lumière


    En basse lumière, la mesure de celle-ci sur un apn nous donne 1/30 - F : 4 - 1600 ISO

    Il se trouve que j'ai eu la XR500 entre les mains mais d'autres caméscopes de différentes marques dans le même créneau sont capables de résultats du même type.

    Juste pour indiquer que ce type de matériel n'a sûrement rien à envier en terme de qualité d'image face aux boîtiers photos, ni à rougir de honte face aux « grosses caméras ».

    Evidemment, vu la petite taille des capteurs, on ne pourra jouer avec la profondeur de champ courte comme sur les appareils photos, ni peaufiner une foultitude de choses en manuel comme sur les machines haut de gamme.

    Mais pour qui veut filmer simplement tout en faisant de belles images, la qualité HD est bien au rendez-vous là aussi.


    Jean-Luc Hardyau

    Avec le sympathique et précieux concours de Daniel Deruytere.

    Mars 2010

    Pour discuter de ce comparatif sur le forum


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