La démarche que j’ai suivi avec ce test :
-évaluer la qualité du retour vidéo proposé par la carte NX en HD (à partir de sources HDV) et en SD (sources DV et mpeg2)
-évaluer le potentiel temps réel obtenu (et ses limites) sur notre station de test avec le couple Edius/carte NX. Tenter de déterminer les éléments logiciels et matériels en jeu pour gérer le temps réel (processeur, mémoire vive, carte NX etc.)
La
carte Edius NX permet de disposer d’un retour vidéo (écran
HD, TV ou un moniteur vidéo) pour ses montages SD ou HD. Je l'ai prise en
main principalement dans un contexte de montage HDV, avec un retour vidéo sur
un écran Dell 24 pouces
(1920x1200) relié en composantes (YUV) à la carte NX. Mais des tests en
montage SD ont également été réalisés.
En sortie vidéo HD, l’image HDV de 1920x1080 était donc affichée dans sa pleine résolution par la dalle de l’écran Dell avec deux petites barres noires en haut et en bas du moniteur du fait de sa résolution de 1200 en hauteur contre les 1080 de la vidéo à afficher. Bien entendu, le retour vidéo est calé à l’image près avec l’image affichée sur notre écran PC dans Edius.
Notre station utilisée pour les tests fut un PC assez véloce
en son temps mais déjà pas mal surpassé par les processeurs double cœur du
moment. Plus qu’un inconvénient, ne pas partir du dernier PC haut de gamme du
moment nous a permis d’évaluer la capacité du couple Edius/Carte NX a s’adapter
à une station existante.
Notre station de test : Processeur AMD Athlon X2 3800, 2 Go de mémoire vive (Ram), Carte Graphique PNY FX540.
Installation
Notre carte mère disposant d’un port PCI-Express nous avons
testé le modèle de la carte NX Express. Il faut en
fait installer deux cartes dans sa station, a relier entre elles avec un petit
câble firewire fournit (de "petites mains" sont recommandées !). Si cette
installation n’est pas difficile elle réclame cependant un travail délicat.
Edius était déjà installé sur la station. Le CD
livré avec la carte a donc permis de simplement rajouter les pilotes de la cartes NX. Cela
rajoute des profils de projets dans Edius afin de bénéficier du retour vidéo
via la carte. Par
ailleurs des profils d’encodages vidéo avec accélération matérielle sont aussi
ajoutés dans Procoder Express et dans les options d’export d’Edius, nous y
reviendrons.
HDV et carte NX : privilégier le codec HQ !
Edius peut capturer une source HDV : en « HDV natif » (fichier mpeg2 TS) ; ou en exploitant son codec intermédiaire “maison” Canopus HQ.
Sur notre station de montage travailler avec des rushes HDV natif avec Edius et la carte NX ne s’est pas montré concluant. Certes on disposait d’un retour vidéo de qualité, mais la timeline était peu réactive et notre processeur avait vite atteint les 100% d’utilisation, même pour un seul flux vidéo! Comparé à l’utilisation d’Edius sans la carte NX cette surcharge du processeur fut donc une surprise !
En effet, sans la carte NX, Edius parvient pourtant à travailler un minimum sur notre PC avec des rushes HDV natifs, même si là aussi la réactivité de la timeline n’est pas des plus confortables et que la machine montre ses limites si on multiplie les flux ou effets.
Des ressources processeurs pour la carte NX |
Surpris par la charge processeur qui s’ajoute soudain lorsqu’on gère le montage avec la carte NX, l’hypothèse s’est vite imposée que ces ressources semblaient dédiées à la gestion du retour vidéo. Nous nous sommes donc livrés à un petit test pour en avoir le cœur net. Nous avons utilisé un même montage avec ou sans la carte NX. En appliquant à notre séquence un mode de travail en OHCI (c'est-à-dire un profil de projet HDV de base ignorant la carte NX), Edius parvenait à lire les vidéos en timeline ou dans le moniteur source avec une charge processeur autour de 60%. En appliquant à ce même montage le mode de travail avec les profils Edius NX de sortie HDV 1080i, la charge processeur est alors passée autour de 90 à 100%, atteignant les limites de la station pour la lecture des rushes dans le moniteur source ! |
Il apparaît donc que la carte NX s’accapare une bonne part des ressources processeurs pour gérer le retour vidéo. Sans doute aurait-il fallu une machine plus véloce pour ce type d’usage en HDV natif.
Mais il faut malgré tout relativiser de suite cet aspect, car si cela nous a posé souci sur notre station avec du HDV natif, nous verrons plus loin que les choses se sont montrées beaucoup plus favorables en exploitant le codec HQ.
Note :
A propos des limites d’Edius + carte NX en HDV natif sur notre PC de test |
Personnellement cela ne m’a pas choqué outre mesure. Notons tout d’abord que le PC utilisé, quoi que puissant, commençait malgré tout à dater. Par ailleurs, tous logiciels confondus, les codecs intermédiaires en montage me semblent de toute façon la démarche à privilégier pour tirer pleinement parti de ses ressources machine et disposer d’une timeline réactive même sur plusieurs flux vidéo et effets (correction colorimétrique par exemple). Certes les vidéos capturées en codec intermédiaire occupent plus d’espace disque, mais le prix des disques durs ne constitue pas d’obstacle à ce niveau là, moins en tout cas que le changement de processeur qui passe souvent par l’adoption d’une nouvelle carte mère et parfois aussi d’une nouvelle génération de mémoire vive (Ram). Cependant, au niveau qualité d’image, tous les codecs intermédiaires ne se valent pas, et sur ce point Edius est à mon sens une valeur sûre qui permet d’aborder cette méthode de travail avec sérénité. Bien entendu, les processeurs toujours plus puissants seront à même de gérer de mieux en mieux les flux natifs. Cependant, même avec des processeurs plus puissants je pense que l’avantage restera aux codecs intermédiaires puisqu’à charge processeur égale, les ressources sollicitées par les flux natifs seront toujours supérieures à celles nécessaires aux flux en codecs intermédiaires, limitant donc le nombre de flux ou d’effets. |
Travailler le HDV en codec HQ : le potentiel de la carte NX se révèle
Dès que l’on travaille avec des vidéos au codec Canopus HQ, toute la puissance et le confort du couple Edius/Carte NX se révèle. La timeline HDV se montre aussi réactive que pour des images DV, le travail sur plusieurs flux avec des effets complexes (flous, correction de couleur) n’est pas un problème. Le processeur montre donc bien moins vite ses limites, et l’on dispose donc de la lecture en temps réel des effets dans Edius. Mais surtout, le retour vidéo HD offert par la carte NX propose en permanence l’image dans sa pleine qualité, même quand on applique des effets. Il est toujours calé à l’image près à nos déplacements en timeline (même les plus rapides), le tout sans aucune dégradation visible dans le retour moniteur qui serait liée au codec HQ ou à la gestion du retour vidéo par le logiciel.
Le retour vidéo proposé n’est donc pas un simple retour de prévisualisation mais bel et bien le retour final en pleine résolution/qualité. On dispose donc de la qualité finale de son image tant qu’Edius s’affiche pas de barre rouge en timeline (indiquant que le nombre de couches ou d’effets ne peut plus être géré en temps réel et qu’il faut lancer un rendu de cette portion de la séquence).
Ce retour vidéo HD d’images HDV m’a donc semblé très convainquant, on travaille très finement sur son image pour évaluer le point, la colorimétrie, le piqué de ses images. L’occasion d’ailleurs, de juger dans le retour vidéo des limites connues du format HDV et des défauts que génère ce format dans certaines situations où l’encodage mpeg2 en 4:2:0 n’est pas sans conséquences ;-)
Evaluer le retour HDCAM avec des images HD en HQ
En complément à cette évaluation du retour HD avec des images HDV, j’ai exploitées des images d’un court métrage, fournies par GrassValley, tournées en HDCAM et encodées en Canopus HQ à 100Mb/s. La qualité du retour vidéo s’est de nouveau montrée très satisfaisante…
A mon sens il apparaît donc que la carte NX alliée à Edius trouve tout son sens et potentiel si on exploite le codec HQ de Canopus. Même si on dispose d’une machine récente et véloce à même d’assurer le travail en « HDV natif », il me semble dommage de gâcher ainsi un grand nombre de ressources qui en HQ auraient offerts plus de réactivité en timeline, d’effets (PinP, corrections de couleurs) et flux en temps réel…
Carte accélératrice ?
Notons qu’il faut à mon sens considérer avec prudence l’argument présentant parfois la carte NX comme une « carte accélératrice ». Pour bien des tâches de travail il nous est apparu que seules les ressources de notre PC (processeur, RAM, carte graphique) étaient en charge de la plupart des opérations, comme habituellement avec Edius exploité seul en firewire pour le HDV et le DV. La RAM joue d’ailleurs un rôle primordial puisqu’Edius, même sans carte particulière, exploite un cache de lecture lui permettant de lire ainsi un montage vidéo multi-flux et ses effets en temps réel en pleine définition, sans nécessiter de rendu préalable. Malgré tout, certains effets peuvent nécessiter des rendus dans certaines situations, comme les PinP 3D sur notre station par exemple.
La carte NX se montre par contre accélératrice pour les tâches d’export vidéo. Elle embarque à cet effet l’équivalent d’une carte « Firecoder » (vendue également seule) exploitant un DSP (une puce) prenant en charge de façon matérielle les calculs lors d’exports en mpeg4 ou mpeg2.
Je n’ai pas eu le loisir de me livrer à des comparatifs de qualité approfondis entre l’encodeur matériel mpeg2 DVD et l’encodeur logiciel. Mais à l’œil, sur les plans exploités pour mes tests, j’ai jugé les encodages très comparables. Les résultats de l’encodage avec accélération matérielle m’ont donc semblé tout à fait concluants pour un usage en production…
Les temps d’encodage en mpeg2 DVD étaient identiques que l’on parte d’un montage DV ou HDV (devant donc être down-converti), la puce d’accélération matérielle étant prévue pour cela. Un montage HDV de 7 minutes a donc été converti en mpeg2 DVD en 7 minutes. Un autre export, en activant cette fois la fonction "incrustation de timecode" n'a pas rendu les exports plus longs. Cela peut s'avérer très pratique pour exporter une maquette avec TC permettant à un collaborateur ou un client de demander des modifications à des moments précis du montage, sans pour autant que cela ne rende les temps d'exports pharaoniques ;-).
Je ne suis pas fan des encodages mpeg4 en petite résolution dédiés aux appareils mobiles mais je dois admettre que lorsqu’on est contraint à ce type d’export il est appréciable de disposer de l’accélération matérielle de la carte NX même si ces considérations vont se relativiser avec le temps puisque les processeurs vont se montrer toujours plus à même de gérer ces encodages vidéo, en s’appuyant sur toujours plus de cœurs et des fréquences plus élevées, et parfois même en intégrant aussi dans le processeur une part d’assistance matérielle à l’encodage comme cela est annoncé chez Intel par exemple…
Carte NX et montage SD
Le tests s’étant montrés convainquant avec des images HDV au codec HQ, on se doute qu’en montage SD les résultats ont été également satisfaisants ;-).
Pour le retour vidéo nous avons exploité un moniteur vidéo Sony PVM-14N2E, raccordé en Y/C à la carte NX.
Dans ce contexte, avec des sources DV ou même mpeg2 SD mélangées en timeline, la timeline d’Edius s’est montré très réactive. Le retour vidéo SD de la carte NX était de qualité et permettait de juger d’un réglage de colorimétrie par exemple.
Quand on est habitué à devoir faire des rendus de ses effets dans son logiciel de montage (Premiere Pro par exemple), il est toujours un peu magique de voir ainsi Edius, même utilisé en logiciel seul avec une carte firewire, gérer presque toujours les choses en temps réel. Un montage peut donc être exporté sur bande le plus souvent sans aucun rendu, particulièrement en SD.Conclusion
La carte NX complète donc Edius de sorties vidéo de qualité en HD et SD, mais pour cela Edius requiert des ressources processeurs et mémoire plus importante que lorsqu’il est utilisé en logiciel seul ou en sortie firewire. Il faudra donc veiller à disposer d’une machine véloce si on veut travailler en HDV natif.
En montage HDV, exploiter le codec intermédiaire Canopus HQ me semble vraiment conseillé, tant les ressources de la machine en sont ainsi “libérées” (comparées à un travail en HDV natif), offrant ainsi une réactivité en timeline digne d’un montage DV, et de nombreux effets exploitables en temps réel (donc majoritairement sans rendu nécessaire).
L’accélération matérielle intégrée pour les export DVD ou mpeg4 peut constituer un gain de temps appréciable (surtout pour un export HDV vers mpeg2 DVD), même si les processeurs toujours plus puissants et multi-cœurs proposeront des encodages logiciels plus rapides qui changeront à terme la donne à ce propos…
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