[CommentFaire?] Pellicule corrodée par le temps

Bonjour à tous,

j'aurais aimé savoir si quelqu'un savait comment on "altère" une pellicule super 8. Je sais que des gens comme Bill Morrison ou même, en photographie Eric Rondepierre, travaillent à partir de photogrammes naturellement coorodés par le temps, qu'ils ont trouvés dans les archives de films de différents pays, mais lorsque l'on est nobody, comme moi, j'imagine qu'il est plutôt difficile d'y avoir accès.

Je sais qu'il existe différentes manières d'altérer l'image de la pellicule, avec des solvants comme la javel, par exemple, mais tout ce que j'ai testé jusque-là me donne un rendu bleu, toujours ce même rendu bleu. Or j'aimerais, à partir d'un film nb, pouvoir déstructurer l'image, en partie du moins "à la manière du temps qui passe".

Si quelqu'un a des suggestions, je lui en serai infiniment reconnaissante.


Par avance, merci, et bonne journée

 

Merci beaucoup Homero. J'avais, effectivement, lu pas mal de choses très intéressantes sur le sujet, mais rien qui répondait précisément à ce à quoi je voulais aboutir. Avant de poster ce sujet, j'ai essayé de vous contacter par message privé, mais n'ai pas réussi. Je vous remercie d'avoir pris le temps de me répondre.

 

Mme Agathe.H, une bonne lame de rasoir et autres ustensiles improbables - même les ongles pour gratter - de la peinture pour la teinter ensuite etc. Et tout cela dans la joie comme le faisait si bien Norman McLaren. C'est de la belle musique à regarder !

 

Exact, pour le supe8 faut un microscope mais faut pas se louper !

 

En fait, cela fait plusieurs années que je pratique le cinéma dit "expérimental" mais, jusqu'à présent, je n'ai jamais eu envie -ou plutôt besoin- de travailler sur la bande. A dire vrai, je trouve que le résultat est toujours plus ou moins le même: la javel donne immanquablement cette couleur bleue (même sur du nb) et la peinture sur super 8, même avec un microscope, c'est délicat, c'est laborieux, le résultat n'est que très rarement concluant -pareil pour le grattage- et puis, surtout, ce n'est pas ce dont j'ai besoin. Le rêve absolu serait de pouvoir travailler avec une pellicule déjà corrodée par le temps, comme le fait si merveilleusement Bill Morrison dans ses films, dont le plus beau -et dont je cherche à m'approprier le procédé sans y parvenir depuis des semaines- "Ligth is calling":



ou encore le travail d'Eric Rondepierre en photo (mais le principe reste le même):

Eric Rondepierre - Moires


Je voudrais pouvoir garder ces couleurs ocres, ce côté sépia, et mon idée était de refilmer (en super 8), un vieux film (ou même carrément un footage d'Edison) avec une pellicule nb (quoique que feu la kodachrome 40 aurait été tout à fait parfaite pour les couleurs) puis "corroder" la pellicule ensuite (comme ces pellicules que l'on ne trouve que dans les archives de l'Ina, qui attendent d'être restaurer alors que je me ferais pourtant une joie de les choyer, de les aimer telle qu'elles sont, amis auxquelles je ne peux malheureusement pas avoir accès!). J'ai entendu dire qu'en enterrant la pellicule avec des matières organiques, on pouvait avoir un rendu similaire, mais je ne sais pas si je suis prête à faire pourrir de la viande sur mon balcon -et, par la même occasion, me faire haïr des voisins) sans être certaine d'un quelconque résultat.


Je crois que je me suis un peu emportée, mais ça fait des semaines que je tourne en rond, sans arriver à trouver de solution, d'où le côté diarrhée verbale de ce message: désolée...

En tous cas, merci Homero et Coffee-break, et bonne soirée

 

Au risque de passer pour une sombre crétine, je ne sais pas du tout ce que c'est, ni comment ça s'utilise et encore moins chez quel démiurge de la photo je pourrais me procurer ces produits (le deuxième sonne comme un antidépresseur, non?).

Pour le tuyau initial du logiciel d'effets spéciaux, je suis allée voir sur le forum et y ai trouvé des idées et solutions très bien, mais je ne sais que bidouiller en super 8 et je ne sais utiliser aucun logiciel, à part Word, peut-être, et encore...

J'attends vos conseils (éclairés), Homero, avant de me lancer dans l'achat des ces produits licites. Par ailleurs, que pensez vous de cette suggestion de "composte"? Et, puisque ça n'a rien à voir avec le sujet, vous écoutez Stockhausen????

Bonne soirée

 

Bonjour à vous.
C'est très intéressant tout ça, le film de Bill Morrison est magnifique.
J'aime beaucoup le cinéma expérimental (Peter Tscherkassky par ex.) et le rendu de
Light is Calling est superbe.
Côté technique, je vais faire quelques essais, car ça m'intéresse également de savoir comment on peut approcher ce résultat. La pellicule a vraiment été malmenée, ça c'est sûr, mais par quels procédés ?
Pour la teinte sépia, comme Homero je pense qu'un virage chimique (ou une retouche colorimétrique logicielle) est la seule solution. After effects est un logiciel génial, mais très cher et très difficile d'utilisation pour un débutant.
Pour l'histoire du compost, je tenterais d'abord d'autres solutions... Ca doit certainement avoir un effet sur la pellicule (je m'étais d'ailleurs dit avant de lire ce passage, pourquoi ne pas essayer de l'enterrer), mais s'il faut attendre 6 mois...
C'est certainement une bonne piste, mais peut-être pas la 1ère à suivre.
Sur ce, je vais aller torturer un peu de pellicule...

 

Le procédé est simple: il s'agit du temps!
Morrison tout comme Rondepierre utilisent des pellicules de films anciens stockés dans les archives de différents pays. La plupart du temps, ce sont des films anonymes, ou peu connus, qui ne seront sans doute pas restaurés, d'où l'intérêt d'en faire une "oeuvre plastique" parce qu'on sait qu'elle sera "doublement unique".
Malheureusement, et comme je le disais précédemment, il faut être un artiste reconnu, avoir une certaine "crédibilité" pour avoir accès à ses films, et, dans leurs cas à tous les deux, pouvoir carrément s'en emparer (dans tous les sens du terme).

Je ne sais pas encore par quel bout je vais prendre cela, mais je vous tiens informés.

 

Oui, j'avais bien compris que dans le cas de Morrisson et Rondepierre il s'agissait de pellicules naturellement abîmées par le temps, je me suis mal exprimé.
Je me demandais par quels procédés il serait possible d'accélérer ce processus de vieillissement, afin d'obtenir un résultat similaire sans avoir accès à des films non restaurés (ce qui me semblait être votre demande).
Homero, question naïve : des films aussi vieux et abîmés sont encore soumis au copyright ?