Projet Alister

"Nos épices ..."

Bonjour,

Je m'appelle Alister' Je suis à mi-chemin d'un documentaire. Je souhaite vous interpeller au moment ou j ai une très mauvaise grippe. Pourriez- vous réagir en quelques mots, aller au devant de mes sensations. Je suis fatigué.

Voici une courte description de la situation tenante :

Mon film documentaire est une camera temoin dans le cadre d'un Master Class de 7 jours (une "residence") d'une choregraphe francaise a l'Ecole nationale de danse et musique du Laos.

Apres avoir filme docilement ce Master Class en vu de son montage, une envie parralele s est imposee a moi : "sortir de cette classe pour decouvrir la vie de cet internat.

Ils dorment ensemble dans des dortoirs., leur vetements sont suspendus aux plafond (contre l'humidite), Une journee de cours est faite d'echauffement et d entrainements conjointement dans des petits salles vetustes males eclairees, en enfilade.
Le bruit est partout. Dedans dehors. Il n y a pas assez de place. Les cordes, cuivres, bois de ces instruments traditionnels viennent se meler a des images d'echauffement pour le moins baroque.

Tout comme les épices apportent un gout aux plats, pouvez-vous en quelques mots écrire quelles seraient pour vous les sensations principales qui devraient émerger de ce film ?

A votre plaisir !

Alister

 

Ce n'est pas possible!

J’ai la chance dans mon pro, d’assurer la réalisation et le montage, c'est-à-dire les deux extrêmes.
Le plus gros travail consiste à passer beaucoup de temps sur les lieux du tournage avec le client pour bien comprendre de quel sujet on va parler. C’est un gros travail car souvent ce client (qui est le payeur) ne connaît pas les ficelles du métier et malgré ça il a des idées pratiquées dans les années 50 !
Doucement il faut le ramener à des choses plus sérieuse. Lorsque ce client a compris qu’il valait mieux te faire confiance, tu vas écrire de déroulé de son film et lui le faire valider .
C’est à partir de là que je commence à répondre à ta question.
J’accompagne toujours le cameraman au tournage pour deux raisons :
1° Seul le concepteur du ''docu'' sait ce qu’il a besoin comme images pour avoir une bonne cohésion de l’ensemble . Tes yeux ne doivent jamais quitter le moniteur de control et le ‘’port du casque’’ écouteur est indispensable.
2° Pendant le tournage tu vas te ‘’charger ’’ de l’atmosphère, des émotions,'' du lieu où tu tourne. Bien sur le caméraman va te donner des idées que tu n’avais pas eues et qui sont sympa. Ca ne coûte pas grand-chose ''d’engranger'' des images mais sans exagération.

Ces émotions, pour ton film, tu dois les avoir encore en toi et c’est elles qui faut vider au montage.

C’est ma façon de faire, je vide complètement mon sac et le montage est la concrétisation de ce que tu as accumulé, aussi bien dans ta tête que sur bande. Avec cette méthode tu es sur de faire un film vrai.
Ne pas hésiter à monter des choses qui ont attiré ton œil, a bien gérer ton son de prise de vue.
J’ai quelques fois le bonheur d’assister à la première diffusion de certains documentaires. C’est un moment très spécial et inoubliable. Je ne te cache pas que tu es mort de trouille et tu te répètes sans arrêt : et si je m’étais planté !
Puis la projection commence et là, tu vas sentir ta salle. Tu vas t’apercevoir qu’au moment où tu as ‘’vibré’’ au montage, la salle va le ressentir et vibrer avec toi. Je ne peux pas expliquer pourquoi mais un plaisir immense t’envahi.
Ce n’est surtout pas de la fierté mais la joie d’être en union tous ensemble.

Je t’ai fait un long baratin mais je voudrais que tu comprennes bien que personne d’autre que toi ne peux te dire comment monter ton film. Un seul mot d’ordre, fais-toi plaisir en montant ton publique te suivra. Amitiés au plaisir de te lire.