Histoire de bronze

C'est jusqu'à nouvel ordre le titre du court que je prépare. Et si je vous en parle, c'est bien parce qu'il s'agit de plongée.
C'est la première fois que je m'inquiète d'entrée et sortie de champ, de cadrage, raccords lumière, son et images. De vérifier tout un tas de trucs qui m'avaient complétement échappé auparavant.
Alors, je vous explique pas ma surprise quand je découvre au grés des tournages et de la lecture des rushs, les erreurs qui ponctuent mon parcours :
- Samedi 3, y a 3 semaines, la mer est calme. Marc vient avec sa casquette et son polo rouge. Raccord 15 jours plus tard avec le reste de la séquence, il arrive avec un polo bleu et sans casquette. Quand tout est ok, la fois d'après, c'est la mer qui part en houle.
- Dimanche 4, je filme Pierre en prépa. pour un saut en vrac dans notre "mer à tous". De toute façon, Pierre ne sait faire que des sauts en vrac! On le voit mettre ses gants en néoprène et puis sauter (ou se vautrer, c'est égal). Nickel...
- Sauf que le samedi suivant, quand je le filme sous l'eau en train de mimer les gestes d'un plongeur pro, il a des gants de métallurgistes d'un beau bleu turquoise. -" j'allais quand même pas esquinter mes gants, non?".Qu'i m'dit!
- Dimanche 11, je fais une prise de son. Il s'agit de les entendre mutuellement se proposer une épave à prospecter et de définir celle qui m'intéresse pour la suite du tournage. A la hauteur des jetées, je lance l'enregistrement pour profiter en plus de la demande d'autorisation de sortir du port. Un énorme pétrolier surgit, Marc me demande d'attendre car il doit se mettre en panne et surveiller la manoeuvre. Moi j'trouve qu'il exagère un peu et que du coin de l'oeil il peut faire les deux choses en même temps. Pierre lui donne raison, me dit d'attendre la haute mer et que je commence à les gonffler un p'tit peu. -"Ah oui, et bin si c'est comme ça, moi je laisse tomber ce putain d'film. J'vais pas me rendre malade parce que je dois grapiller "vos" précieuses secondes, hein?".
Pierre me rappelle qu'on a toujours dit que sur La Bulle (not' bateau) c'était priorité à la plongée...
Bon!
- Samedi 17. C'est phillipe qui vient, pas Marc. Et Pierre lui, il étrenne sa nouvelle stab. J'ai plus qu'à faire des plans d'coupe avec les mouettes!!!
- Enfin, dimanche dernier. Et bin dimanche, pas d'caméra! J'vous avais pas encore dit que toute la famille verse dans l'artistique et qu'on a un tour à prendre? C'est fait.
Suite au prochain tournage...

 

Ca a l'air sport dis donc Tu pourras nous faire la synthèse finale sur les trucs à faire et ceux à éviter ?

Tu présentes le film à Antibes ?
Quelle durée ?
C'est quoi l'histoire du film ? Il y a un but ?

Cordialement
FPL

 

He he...
Ca m'a l'air plutot rigolo, tes peripeties :lol:
Allez, courage, tu as notre soutien mental

 

salut bernard

il te faut absolument une script girl pour régler tout ça.
passe une annonce.


et bonne plonge...................klakmufle

 

Si tu plongeais avec d'autres vidéastes conscients que ces petites bétises peuvent frustrer l'artiste...

 

Bonjour Bernard,

Apparemment tes problèmes sont de deux ordres:

- la découverte de ce que c'est qu'un raccord
- la mauvaise volonté d'intervenants qui n'ont pas un statut bien défini (plongeurs ou acteurs ?)

Pour les raccords, c'est un des aspects souvent ignoré par les vidéastes tant qu'ils n'ont pas réellement touché au montage. Dès qu'on commence à ce poser le problème sous cet angle, le monde change, on commence vraiment à faire un film avant on ne faisait que des images.
Il n'y a pas de recette miracle, c'est vraiment une prise de conscience et une vigilance de tous les instants.
Bien sûr certaines choses sont du domaine du B A BA, alterner les plan larges et les plans sérrés, varier les angles; penser à faire des sorties de champs et des entrées, bref toute chose qui vont permettre de rattrapper des petites choses non prévues.
Ensuite et c'est là tout l'art du montage, il faut compter avec les astuces pour s'en sortir, quelqu'un n'est plus habillé pareil ? si on ne juxtapose pas les plans et qu'on peut mettre quelque chose qui suggère que du temps à passé entre les deux, on peut laisser penser que le personnage s'est changé (qu'il a eu le temps) pour une raison X qui peut être éventuellement suggéré par un commentaire approprié "1h après, le temps ayant fraîchit nous nous retrouvons... etc. Bien sûr il ne faut pas ensuite remettre des plans tournés avant le changement de costume.

Pour le statut des personnes filmées :
Un acteur, c'est un acteur point à la ligne.
Donc un plongeur n'est pas un acteur, et comme ce sont souvent des grandes gueules (oui oui j'assume mon propos ) tu auras toujours du mal à les diriger.
Comment faire ?
Ne pas confondre les genres.
Si tu veux faire un sujet qui soit une fiction, c'est à dire une histoire inventée (même si elle est basé sur des faits réels) tu dois prendre des acteurs, donc des gens qui obéissent à l'autorité suprême, le réalisateur, donc toi.
Si ce n'est pas une fiction, il faut comprendre que le film est un reportage et que le but n'est pas de changer les choses pour qu'elles correspondent à une histoire, mais de filmer ce qui se passe. L'interview est commencé et il faut faire une manoeuvre ? Pas grave, laisse tourner, au montage, tu t'arranges pour qu'on comprenne ce qui se passe et tu reprends l'interview après, bref tu récupères tout le côté vivant qui fait partie de l'histoire. Les seules régles, c'est que l'image et le son doivent être de qualité suffisantes et que le spectateur comprenne ce qu'il voit.

Voilà quelques conseils en vrac mais qui te permettront de reprendre ta dignité de réalisateur très injustement bafoué par les hasards de la vie et des plongeurs obsédés (pléonasme!) par leur passion mais qui sont bien contents quand ils se voient après sur l'écran. :lol:

Bon courage,

MichelB

 

Me revoilà,

Bonjour,
J'étais en grand week-end. Je réponds à tous tantôt. Je dois quand même bosser un peu...

 

Bonjour FPL,
Le synopsis :
On plonge sur une épave et on découvre à proximité un objet en bronze, affleurant le fond de sable. Il s'avère que c'est le percuteur d'une torpille, et que l'ogive est totalement ensablée. Mais ça, on aura pas le temps de s'en rendre compte. Enfin pas dans ce monde-ci, car l'histoire se poursuit dans mon bassin de jardin, au milieu des poissons rouges. J'en dis pas plus...
La torpille, je l'ai redécouverte il y a 3 ans. J'avais eu la bonne idée de la filmer avant de la désensabler (délicatement). C'est vrai qu'il vaut mieux savoir à quoi ça ressemble : le percuteur ayant une forme trés spéciale qui lui permet de toucher sa cible dans n'importe quel angle (torpille tirée d'un navire).
Pour ce qui est de la diffusion, si je le juge suffisament abouti, je le proposerai effectivement à Antibes (section humour), au Clap d'or et dans tous les cas au Forum. J'ai quand même conscience du travail à accomplir et de la qualité des films proposés.
Fin de "chantier", septembre prochain.

Et bonjour Visagesdm,
Bonne synthèse des problèmes rencontrés. Pour les raccords et autres, effectivement faut être vigilant, et je le deviens. J'ai fini par réaliser mon synopsis sous forme de bandes dessinées, ce qui m'aide grandement.
Pour les acteurs, je reste avec ma bande de copains. C'est trop touchant (mais stressant) de les voir se donner à fond pour qu'on arrive à quelque chose. Ce sont cette spontanéité et naiveté que je voudrais retrouver à l'écran. Et si le résultat n'est pas à la hauteur de mes espoirs, ça restera un film de copains... Mais qu'est-ce que l'expérience aura été enrichissante.
Je te rejoins effectivement sur le caractère de reportage du film avec justement cette spontanéité des intervenants que que je n'aurais forcément pas obtenue en dirigeant des acteurs (et je suis qu'un amateur, hein?).
Merci pour ces ramarques.

PS: J'vais t'donner le mail de mes potes, tu pourras leur dire au sujet de "la dignité du réalisateur bafoué...etc". Y verront que ce sont pas des conneries que je raconte.