Exercice de mise en scène

Comme certains de vous le savent, j'ai été DP (chef-op) sur quantité de tournages (clips, docus, fiction, pubs), mais jusqu'à présent, je n'ai pas encore vraiment _réalisé_ quoi que ce soit pdv fiction. Donc, les notions de mise en scène et découpage m'étaient étrangères jusqu'il y a peu: j'ai eu il y a qq semaines un cours de mise-en-scène. L'exercice pratique de ce cours consistait à:
- Visionner trois films: "Vivre sa vie" (Godard), "L'important c'est d'aimer" (Zulawsky) et "Seul contre tous" (Noé).
- Seconde étape, le prof choisissait pour chacun une scène à réaliser tirée d'un des trois films précités.
- Troisième étape, nous devions en préparer le découpage, le but étant de faire qqch de différent que l'original.
- Ensuite, rdv dans une école d'art dramatique, avec notre matos (éclairage) et nos textes. Les acteurs l'ont recu la veille, donc savent un peu de quoi chaque scène relève. Les élèves-réa choisissent leurs acteurs (mini-casting) et ensuite commence le fun: en une heure, il faut réaliser la scène, tout compris. Chaque réa est tour-à-tour perchiste ou cadreur/chef-op sur les autres tournages que le sien. Grosse difficulté: gèrer le jeu d'acteur, qui n'ont pas l'habitude de jouer face caméra, étant formé à jouer sur une scène de théatre.

Ensuite, à nous de monter le truc. J'ai poussé le vice jusqu'à tenter de composer moi-même la musique, qui n'a d'autre but que de renforcer ma mise en scène.

Résultat des course, j'ai recu une scène éprouvante de "seul contre tous". Mais voici le résultat!

Critiques négatives (si possible constructives) bienvenues, malgré les conditions difficiles de tournage (ce n'est pas une excuse, je sais...)

Merci pour vos commentaires et votre attention!

 

Salut Arkham,

ton post m'interpelle d'autant plus que j'ai visionné "Seul contre tous" y'a une dizaine de jours.
L'exercice est particulièrement difficile, dans la mesure où ton boulot est autant jugé par rapport à la version originale, que par rapport au travail réalisé.

Ce qui frappe d'emblée, c'est 2 points négatifs :
Le jeu des comédiens ne m'a convaincu qu'à moitié.
Autant la femme enceinte est très bien, autant le mec surjoue un tantinet tandisque l'autre femme ne rend pas sa peur crédible.
Cela dit, Philippe Nahon est tellement bon dans les films de Noé, que ton acteur avait toutes les chances de partir au casse-pipe
T'as pas eu assez de temps de répétition avec les acteurs, ou t'avais trop de trucs à gérer sur le tournage pour passer du temps à les diriger ?

Ensuite, la prise de son est un peu faiblarde. Le son résonne un chouilla, les niveaux changent en même temps que les cadrages, et le volume est parfois tout près de saturer.
Problème de matos ?

Le volume des coups de feu caractéristiques du film n'est pas assez fort. Dans le film de Noé, ça te surprend toujours. là, ils sont un peu trop "sourds" et passent à moitié inaperçus.

Sinon, le coup de genou dans le bide, et le coup de poing face à la caméra font un peu faux. Manque de conviction des comédiens ?

La zique passe pas mal du tout. Bravo à toi.

L'éclairage est bon dans la mesure où il ne se fait pas remarquer. Il éclaire bien la scène (c'est ce qu'on lui demande), sans se montrer trop présent (esthétisant) ni insuffisant.

C'était filmé comment ?

Caméra à l'apule ou steady ?
Quel type de camera ?

C'est bien le SAE institute ?

 

Merci pour tes commentaires

Exact: j'ai du un peu le calmer, mais crois-moi, ce n'est rien comparé avec celui qui le précédait (et dont je n'étais pas le réa, juste le cadreur). Si c'est possible (si le réa veut bien), je tenterai de mettre ce montage-là en ligne aussi, histoire de comparer.

C'est marrant comme tu détectes les défauts contre lesquels je me suis battu au maximum de mes possibilités dans le laps de temps imparti! Ce plan-là a bien consommé la moitié de mon temps, tant elle avait du mal a avoir peur. Le truc qu'on a trouvé, c'est de devenir plus physique: d'où son coup porté au dessus de sa tête, et d'où aussi sans doute son besoin à lui d'en faire un "peu de trop", histoire d'avoir enfin un peu de peur dans ses yeux à elle. Exercice très difficile en tout cas pour Ondine!

10 minutes en tout... donc pas beaucoup

Ben... en théorie, je n'avais que cela à faire (mis à part préparer la mise en scène et monter): le but de l'exercice étant de bien nous faire comprendre le vrai métier de réalisateur, notre objectif principal était de nous concentrer sur le jeu d'acteur, après avoir expliqué au chef-op ce qu'on attendait de lui. Bon, de fait, j'ai bien eu 2 ou 3 autres petites choses à faire (règlages cam, vu que c'est celle que je connais bien: la DVX100), mais j'ai vraiment tenté de guider le jeu des acteurs Mais si tu voyais l'évolution inouïe sur les rushes (entre la première et la dernière prise de chaque plan), je me dis qu'en une heure de temps, avec des acteurs amateurs (mais futur pros), je ne crois pas qu'il soit aisé de faire beaucoup mieux pdv guidage de jeu d'acteur...

Héhé! Je m'y attendais un peu! Très bon point en effet! Faut dire que le perchiste (un autre étudiant en réa-image) n'avait jamais touché une perche de sa vie, ni entendu un son qui sature, et le caméraman n'a jamais remarqué combien le VUmètre était dans le rouge quand ils criaient... :(

En plus, je suis piètre monteur pour le son, et Final Cut Pro (4.5HD) me fait des clicks bizarre dont j'ignore l'origine. Bref, inutile de dire que sur un vrai tournage, j'aurais un ingé-son digne de ce nom

Problème de compétence surtout Mais il faut dire que depuis que j'ai prêté mon casque senn, je suis obligé de mixer avec les HP internes tout pourris de mon mac, et c'est pas vraiment simple

C'est flagrant, en effet, pour l'avoir écouté aujourd'hui sur de bonnes enceintes! Merci de me le signaler! Je vais tenter de corriger cela sur mes HP tout pourris. Allez, hop, +6db, ca devrait le faire, non?

Mea culpa: faudrait que j'accélère un peu ces plans, car j'avais demandé à Thomas, l'acteur, d'y aller mollo, car deux des actrices qui avaient précédé Elizabeth dans ce rôle-là s'en sont sorties avec des bleus et beaucoup de larmes. Ca c'est du vécu! Y'a même un moment où notre perchiste du matin (j'ai eu 3 tournages ce jour-là, le mien étant le dernier des trois) a failli tomber dans les pommes ou vomir ou je ne sais quoi! Tellement la scène était violente! Authentique! L'actrice était en larmes de douleur. Et moi, chef-op sur ce tournage-là, je prenais notes: toujours mettre la sécurité des acteurs en premier lieu! Telle devrait être ma devise, telle devrait être notre devise!

Donc, c'est la toute première chose que j'ai mise au point sur ma scène! Avant de parler de quoi que ce soit, de répéter le texte ou autre, je tenais à ce que l'acteur et l'actrice sachent exactement quels gestes ils allaient poser et avec quelle intensité! Je leur ai rappelé qu'on est au cinéma, pas au théatre, et qu'au cinéma, on peut tricher avec les vitesses etc... Tout ça pour dire que je te suis reconaissant de m'avoir dit cela: je vais corriger ce (coup de) point (g)!

Caméra au poing: c'est une DVX100. Pas le temps de faire joujou avec un steady en 1 heure... :( Mais même si j'avais eu le temps, je trouve que la caméra au poing, bien cadrée, ajoute un petit plus, un petit je ne sais quoi de chaotique qui colle bien à la scène. Si j'avais eu une scène du Godard ou du Zulawsky, j'aurais sans aucun doute utilisé une autre technique...

C'est bien pour ceux qui, comme moi, ont déjà une expérience pro, un ou deux diplômes (je suis ingénieur des arts-et-métiers) et n'ont pas envie de se refarcir 4 ans d'études pour devenir des esthètes du 7ième art, car tel n'est pas mon but. Tout ce dont j'ai besoin, c'est savoir comment utiliser les outils modernes du cinéma (hard et soft) à leur maximum, pas de philosopher pendant des centaines d'heures sur les films de Fassbinder Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'apprendre un max par la pratique. Et de la pratique, tu en as, vu qu'en un an, tu dois produire 4 trucs (dont, au choix, un court métrage, une pub, un clip, un docu ou une anim 3D), sans parler de tous les tournages auxquels tu participes. Pour le moment, je n'arrête pas! Après tout, quel autre moyen d'apprendre le cinéma que celui de la pratique? In fine, le papier, tout le monde s'en fout: ce qui compte c'est ce que tu sais faire, non?

Merci encore pour tes commentaires très justes et très éclairants!

 

Clair que la direction d'acteurs (surtout non professionnels) est une tâche particulièrement difficile. Expliciter clairement ce que tu désires, amener les comédiens à te donner tout ce qu'ils ont, les "pousser" sans les brusquer, ménager les ego, etc... Faut être un sacré psychologue doublé d'un excellent diplomate
Sans oublier la patience. Si les comédiens chevronnés donnent leur maximum très rapidement, les amateurs sont généralement plus lents à "se livrer".

Récemment, un comédien expérimenté avec qui je discutais, m'a confié que la peur faisait partie des sentiments les plus difficiles à jouer avec conviction, à rendre crédible.

En tout cas, l'exercice doit être réellement intéressant à faire. Tu as dû bien t'éclater.


Sinon, je trouve ça plutôt pas mal ce qu'ils vous font faire au SAE. La pratique, y'a que ça de vrai.

Bon courage pour la suite.

@ +++

 

Salut Arkham

Je connais pas le film "seul contre tous".

L'exercice est lui,très interressant. Concernant ton extrait :

Bah je trouve qu'il n'y a pas grand chose à dire ou presque en dehors des problèmes techniques relatifs au son.

Les deux acteurs m'ont plut, en dehors de la deuxième fille...

Le mec est très bien, j'aime cette gueule !

Un ou deux coup manquent de réalisme (je crois qu'il ya un souci de vitesse, surtout sur le plan de profil coup dans le ventre).

Non vraiment, tout le reste est cohérent, et puis c'est trop court pour pouvoir formuler un avis étoffé , selon moi.

Le seul truc qui craint (et encore) , c'est la saturation du son. C'est méga saturé par moment, mais vu les amplitudes de variations du signal, et vu le côté exigu du lieu (et vu le niveau débutant du perchman), il ne pouvait en être autrement je pense...

Dernière chose, mais c'est purement subjectif (comme le reste d'ailleurs), j'ai pas du tout aimé l'incrustation du mot "PEDE" ??
Je comprends pas ce choix
Par contre si tu m'expliques je suis ouvert

 

Salut Boyadjy,

Les incrust' sont typiques du dyptique de Gaspar Noé : "Carne" et "Seul contre tous". Si ma mémoire est bonne, y'en a aussi une ou deux dans "Irreversible" (genre "le temps détruit tout", ou un truc dans le genre).

Dans "seul contre tous", elle sont accompagnées d'un son de coup de feu. C'est ce qu'Arkham a reproduit dans son extrait.

Pour le contenu, "Pede", il est tout à fait dans l'esprit du film, qui montre la déchéance sociale et affective d'un type pour le moins antipathique et bien facho.

 

Ah merci pour la précision Gilz

j'avais vu Irreversible ! J'avais été bien ému !

Ok donc en fait c'est le genre ou ce modèle qui veut ça ...

 

Salut Boyadjy,


Merci pour tes commentaires et remarques: comme celles de Gilz, j'en ai tenu compte et viens de paufiner une version améliorée du montage, toujours dispo sur le même lien. (ici)

Concernant l'incruste "PEDE", ce qu'a dit Gilz est exact: je n'ai rien inventé vu que c'est exactement ce que G.Noé a fait pour son film. Je dois dire que j'ai tenu à garder cet artifice pur plusieurs raison.

Tout d'abord, parcequ'il souligne bien l'élément déclencheur du combat qui va suivre. Il faut savoir que cette scène, telle qu'écrite par G. Noé, correspond exactement à la structure narrative générale d'un film. C'est une sorte de mini-film dans un film et c'est ce qui la rend particulièrement intéressante à mes yeux. Idéalement, chaque scène devrait être écrite selon cette structure classique: Situation de départ, élément déclencheur, crise, climax et situation de fin. C'est bien entendu quasi impossible, mais en tout cas, c'est rudement efficace pour fluidifier le récit et capturer et garder l'attention du spectateur.

L'autre raison pour moi de garder ce "carton", c'est qu'il fait partie des multiples artifices utilisés par G.Noé pour rendre la violence un peu moins insupportable, un peu plus "explicable". Pas pour en faire une apologie, mais pour suciter une réaction voire une réflection chez le spectateur. Et/ou lui donner une petite pause pour bien focaliser son attention sur ce qu'il vient de voir ou d'entendre. C'est un peu du même ordre d'idée que les multiples plans de coupe, ou plutôt de "pause" (les pylones électriques) utilisés par Gus Van Sant dans son "Elephant". C'est une approche à laquelle je souscrit entièrement

De fait: c'est vraiment la première fois que je me suis senti dans la peau d'un réalisateur. Certes, le texte n'est pas de moi, mais j'ai dans mes cartons une dizaine de scénarii dont plusieurs sont du même genre que celui qu'affectionne G.Noé: on pourrait le nommer le genre "coup de poing dans la gueule". Donc, c'est assez rassurant en ce qui me concerne, et le feed-back des profs sur cet exercice n'est pas négatif, loin s'en faut

 

Salut !
Bon grossomodo j'ai le même avis que Gilz (pour changer)sauf que je n'ai pas vu le "vrai" film auparavant (grâve erreur ?) et donc ma vision est peut être plus innocente.

Donc du point de vue montage, la tension monte bien, le stress est trés bien retranscrit, même si le jeu des acteurs peut entraver un peu l'action, cette dernière reste assez forte pour choquer.

Par contre je souligne le fait que les coup de feu de la fin casse le film (La tension monte a fond quand soudain .... on entend trois claquement de boudin et c'est tout . Dommage, des bons coup de feux (bien saturé même) aurait été largement plus intenses pour la fin.

Mais en gros c'est pas trop mal.

 

Merci pour ces commentaires Valkan.

Je suis bien d'accord avec toi sur le manque de réalisme des coups de feu, en particulier ceux de la fin. Je n'ai pas, hélas, de compétences particulières en montage son, et n'ai pas non plus de banque de sons hyper fournie. J'aurais pu récupérer les coups de feu du film de G.Noé, mais c'était un peu trop facile à mon goût. En outre, (SPOILER ALERT), il faut savoir qu'il n'y a point de coups de feu à ce moment-là dans le film, et que la scène n'est pas totallement terminée à ce moment-là.

Notre exercice (Mise en scène et jeu d'acteur) se limitait à cette portion-là de la scène, et j'ai donc choisi de commencer le générique de cette manière-là pour laisser planer le doute pour ceux qui n'auraient pas encore vu le film Il ne fallait donc pas nécessairement de coups de feu réalistes, car sinon le doute n'aurait plus été permis, et j'aurais trahi l'esprit du film de Noé.

De toute façon, je le répète, pour mon court-métrage de fin d'études (tournage fin de l'année), j'aurai un ingé son digne de ce nom, et un mixage en 5.1. A chacun son métier

Petite remarque en passant, pour avoir moi-même sporadiquement pratiqué le tir (deux fois dans ma vie), je peux vous dire qu'il y a une différence de taille entre le vrai son d'un flingue et celui qui nous est servi dans les films, qui lui, ressemble bien plus à un bruit de canon gros calibre, ou je ne sais quoi. C'est assez flagrant dans ce montage, vu que j'ai utilisé le son d'un magnum 44 (pourtant plutôt un gros calibre n'est-ce-pas), que j'ai déjà légèrement renforcé par équalisation (sur les basses) et que tout le monde me parle néanmoins de "claquement de boudin" C'est donc, à mon humble avis, que tout le monde s'est habitué à entendre autre chose que des vrais sons de flingue dans les films...

 

Ben un vrai flingue a effectivement un son plus bref et moins résonant quand dans les films mais en même temps j'ai essayer une fois de prendre un son de flingue moi même, et le son ressortait trés trés trés mal ... :( Ou alors faut le prendre de trés loin, et la on retrouve un son plus résonant et moins bref...

Oui !!

 

+1

J'avais lu je ne sais plus où que les ingés son qui bossent sur la post prod des films hollywoodiens mélangent pas mal de sons provenant d'armes différentes (et parfois même des sons fabriqués de toutes pièces) pour bruiter les coups de feu.

Et ça fait un bail que ça dure, souvenez vous le son infernal du calibre de Dirty Harry

 

Venant de recevoir le lettre du repaire, je réagis un peu tard à cette conversation :
- Concernant le son des pistolet, c'est éxactement ça. J'ai un ami qui est monteur son pour le cinéma, et il a une base de données de coup de feu absolument hallucinante ! il les mélange pour avoir le son que le réalisateur désire et qui colle à l'acoustique de la pièce où le coup de feu part. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les sons de coup de feu sont toujours différents d'un film à l'autre : parfois prépondérant (ils tiennent presque le rôle d'un personnage et c'est un acte décisif qui se réalise grace à eux), parfois sourd et étouffé (ce ne sont que des objets, ils n'ont pas plus d'intérêt que ça).
- Concernant le jeu de l'acteur, quand je dirige des acteurs, j'essaye autnant que faire se peut de les mettre dans les conditions qui vont leur permettre de faire ce que désire : si ils doivent être surpris, je fais vraiment arriver le facteur de surprise sans leur dire quand. De plus, et c'est un avantage non négligeable, étant moi-même acteur, je peux leur montrer ce que je souhaite. Cela donne des résultats très rapidement.

 

ca qui serait chouette aussi c'est que le lien soit réactiver, qu'on puisse juger du résultat d'une expérience comme celle-ci (je trouve le concept très sympa).

 

oui le lien ne marche plus c'est domage j'avais adoré seul contre tous.