Eloge de la solitude

Bonjour à tous,
J’aimerais proposer un nouveau sujet de discussion que j’intitulerais de manière un peu provocante «éloge de la solitude».
En effet, j’imagine que chacun de vous a déjà eu maintes occasions de se féliciter d’être seul sur le terrain ou au contraire de pester contre la présence d’un compagnon trop bruyant ou incapable de s’immobiliser.
De même, je suis persuadé que chacun de vous a regretté une fois ou l’autre de ne pas avoir quatre mains et deux cerveaux pour gérer simultanément prise de vue et prise de son. Penser à tous les réglages (caler le blanc, fixer un ou des micros, régler le niveau du son, gérer un éclairage et rester attentif à son environnement).
Pour ma part, je tiens à pouvoir travailler seul au risque de me faire traiter de doux rêveur par des pros qui ne connaissent pas les mêmes limitations de budget ou qui privilégient le travail en parcs d’acclimatation.
Travailler seul nécessite des aménagements, astuces et bidouillages et c’est là que je voudrais en venir. Comment se simplifier la vie lorsque l’on effectue seul les opérations de toute une équipe de tournage?
A ce stade, je lance une première base de réflexion. Sur une tête Manfrotto 516 j’ai vissé perpendiculairement un support en aluminium (profil en L) long de 70 cm. La caméra principale – dotée d’un complément optique télé - est fixée normalement sur la plaquette de la tête 516. Sur le support alu, je peux fixer la deuxième caméra sans complément optique ou avec un grand-angle. A une extrémité, je place un gros micro Sennheiser MKH 70 dans son manteau de fourrure, et pour les scènes de nuit j’ajoute à l’ensemble un projecteur infrarouge Wilco (dans ce cas de figure j’ai tout de même un chauffeur!).
C’est assez fonctionnel, mais il faut énormément se concentrer pour tout vérifier, faire converger le faisceau du projo avec le champ des deux caméras et gérer en plus le volume de la prise de son. Conclusion, tout n’est pas réussi à la perfection et il faut s’attendre à retravailler pas mal de choses en post-production.
Voilà, j’imagine que chacun de vous a ses petites astuces pour se faciliter la tâche et je propose que l’on en discute. A vous de voir…

 

De mon coté je préfère me concentrer sur une seule caméra à la fois. Quitte à revenir plusieurs fois pour faire des plans différents (grand angle). Sinon travailler à 2 ne me déplait pas, on peut ne pas être au même endroit et être obligé de supporter un compagnon trop bruyant en s'efforçant de se donner chacun des objectif (1 pour les gros plan, 1 pour les plans large ou le son)
De plus, un plan correct avec suivi... est suffisamment délicat à faire pour ne pas ajouter de contrainte supplémentaire, qu'lle soit d'ordre technique (déséquilibre du pied du à un ajout de 2eme cam) ou le fait de vouloir gérer 2 cam en même temps et au résultat ne pas se concentrer suffisamment pour en ressortir 1 bonne image.

C'est vrai que parfois on est tenté detout faire en meme temps, l'occasion d'une très belle obs est tellement rare...

 

Bonjour Yann,

Merci pour ta réponse. C'est clair que tout dépend des préoccupations de chacun. En ce qui me concerne il est important dans une situation donnée de prendre le plus d'images possibles compte tenu que je filmes en Asie durant seulement quelques semaines par année. malgré tout, même en Europe, tu es parfois en présence d'événements suffisamment rares pour que tu n'aie que peu d'espoir de pouvoir une autre fois filmer les plans manquants. Retrouver les mêmes individus au même endroit avec la végétation au même stade c'est un peu gagner l'Euromillion. Evidemment, deux personnes impliquées dans le même projet et qui se partagent efficacement les tâches, ça roule. Etre accompagné d'un assistant volontaire qui fera des photos pour son compte c'est moins efficace.
Pour ce qui est du matériel et de son pilotage, je dirais que le souci ne vient pas de la seconde caméra. Le principe est de n'en commander qu'une, la seconde tourne en automatique et offre si tout va bien des plans de coupe intéressants lors du montage. Le problème du poids ou du déséquilibre n'est également pas gênant dans le cas qui me concerne, puisque j'utilise deux caméras légères. C'est au contraire bien de mettre un peu de poids sur une tête 516. En fait ce qui me pose le plus de problèmes, c'est de travailler en même temps la prise de vue et la prise de son.

 

coté son, de mon coté j'utilise le micro caméra avec une rallonge pour ne pas être embêté dans l'affut, ça me permet de faire une bande son témoin et parfois même de récupérer des ambiances, et ensuite, c'est au mixage que je recréé une bande son qui colle avec l'image, avec des sons fait à un autre moment et des bruitages.

 

Son simultané

Bonjour Yann,
Ma démarche est similaire à la teinne à chaque fois que le son d'origine est trop pourri, mais il existe bien des situations où cela n'est pas souhaitable. J'ai des images d'oiseaux chantant avec un son trop faible pour être exploité, cela me paraît irrécupérable.
Avec des gibbons, j'ai obtenu de très bons résultats grâce à un micro très directionnel et je ne vois pas comment j'aurais pu synchroniser valablement ces images avec un son prélevé à une autre occasion.
Une fois, j'ai filmé un gibbon à plus de 500 mètres avec un fort grossissement. Les images ne sont pas formidables, juste exploitables, mais le son est parfait. Il m'a cependant fallu resynchroniser image et son en raison de leur vitesse différente! Quand on voit bouger la bouche ou le bec de l'animal qui émet un son, il n'y a rien de tel qu'un bon son d'origine.

 

C'est clair, rien de tel... mais pas simple à faire!

 

Eh oui!
D'où mon envie de débattre des trucs et bidouillages possibles en la matière