Cluedo Privé

Bonjour les gens du Forum,

je vous présente "Cluedo Privé", un court métrage de 11mn30 adapté d'une nouvelle de Tonino Benacquista, le monsieur Césarisé en 2006 pour son travail de scénariste sur "De battre, mon coeur s'est arrêté", de Jacques Audiard".

Ce court a une longue histoire : j'ai essayé de le tourner en 2003 (désastre), je l'ai tourné pour de bon en 2005 (insatisfaction) et l'ai retourné en 2006.

Cette fois-ci, j'arrête de le refaire

On a tourné en DVC PRO HD (HVX200) avec un kit mini 35 M2 (Red Rock).
On retrouve Vincent Londez et Anthony Le Foll dans les rôles principaux.
La lumière est signée Thomas Garret, le son Elie Mittelmann.
Reynald Frisson signe la musique originale.

Voilou voilou.

Le court est visible chez Eyeka.
(N'hésitez d'ailleurs pas à leur proposer vos vidéos originales, leur contenu est plus séduisant que ceux de Wat ou Dailymotion où on trouve à boire et à manger).





P.S. Les photos sont signées par Helena Ramos.

 

Me voici le premier à en faire la critique, quel honneur !

Je vais commencer par les aspects "négatifs", tout d'abord le choix du lieu, bien que nécessaire à la fin de l'histoire ( pour enfermer la victime), on ne lui trouve aucune autre justification et l'on se demande même pourquoi et comment ils se sont retrouvés là, car c'est assez étrange pour une première rencontre; et j'ajouterais que l'on se pose cette question pendant tout le début du film. Ensuite c'est l'aspect technique qui m'a gêné, cela au niveau de la lumière, même si celle si est assez jolie, particulièrement sur les visages, cette lumière contrastée ne se prête pas véritablement à l'ambiance lumineuse du lieu, cela peut tout de même être accepté au début du film, mais sur la fin elle change complètement sans que rien ne le justifie réellement; même si l'histoire peut justifier un changement d'ambiance, la mise en scène se doit elle aussi de le justifier. Je suis sceptique aussi sur la fin, avec le fait que le personnage finisse par avoir peur du second personnage, ce ne sont que deux hommes l'un face à l'autre, je pense qu'il aurait fallut ajouter un élèment qui mette le premier dans une position d'infériorité, et je ne trouve pas que l'enfermer l'y mette. Point technique, mais en rapport avec la mise en scène, c'est le dialogue, filmé en champ contre-champ. Celui-ci étant majeur dans le film, fait que finalement la scène devient lassante, car trop longue et répétitive, c'est le problème du champ contre champ, peut être aurait t'il fallut écourter le dialogue, effectuer un changement de lieu, ajouter une action des personnages ou encore autre chose pour venir casser cette longue séquence de champ contre-champ. On passe aussi enormément de temps sur le dialogue et en comparaison, la fin semble arriver trop vite. Enfin le petit clin d'oeil à Luc Besson et son Léon dans le plan de fin, petit, ou peut être un peu trop gros, ou tout simplement involontaire...

Pour les aspects positifs, malgré mes critiques, la lumière est vraiment sympathique, il faut juste la justifier. Le champ contre-champ est bien mené, avec de bons cadrages. Les acteurs ont le bon ton. L'ambiance est bien retranscrite. Les dialogues sont bien écrits, chose rare, et bien plus rare pour le souligner, sonnent vrais dans la bouche des acteurs. Et j'aime bien la phrase de fin . Le montage, est aussi trés bien et aide à l'immersion du spectateur dans l'ambiance.

Voili, Voilou, j'éspère cette critique constructive, et souhaite que tu m'éclaircisse ou me contredise sur les points sur lequel je me serais peut être trompé, c'est le but de la critique...

Amicalement,

wkw.

 

Hello wkw et merci d'avoir pris le temps de visionner, et la peine d'écrire une critique aussi bien argumentée.

Ce que tu écris est très intéressant, dans la mesure où tu évoques des points dont nous avons pas mal discuté lors de la préparation du court.

Tout d'abord le lieu.
La nouvelle de T. Benacquista démarre sur la première pharse de dialogue, ce que je tenais à respecter (à l'exception du générique de début qui tient lieu d'introduction spatiale et d'ambiance).

[ATTENTION SPOILER !! Il est préférable de visionner le court avant de lire ce qui va suivre]
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Nous sommes partis du postulat de départ suivant :

Le personnage d'Anthony Le Foll est détective privé engagé par la femme du personnage joué par Vincent Londez. Il le suit depuis pas mal de temps. Il a déjà dû faire plusieurs rapports à sa cliente, suffisamment pour la séduire et avoir une aventure avec elle.
Sur le plan psychologique, cette situation doit l emettre en situation de grande confiance en lui, voire lui procurer un sentiment de pouvoir.
Sentiment de pouvoir qu'il pourrait exercer en entrant en contact avec sa cible, c'est l'hypothèse que nous avons établie.
Il suit sa cible dans un bar, par exemple, engage la conversation en lui offrant un whisky.
En face, le personnage du tueur sait pertinemment qui il est et, de ce fait, possède un coup d'avance sur le détective privé. Il se laisse donc "amadouer" et, au bout d'un moment, propose d'aller "boire un verre à la maison".
Début du court-métrage.

A la réflexion, ce postulat ne me paraît pas si incongru que cela.
Et je ne voulais pas justifier le début de la nouvelle par des scènes d'extérieur qui, à mon sesn auraient nui à l'exercice de réalisation d'un huis-clos, avec 95% de dialogues sans action.

Pour la lumière, mon idée était d'adopter un parti-pris quelque peu surréaliste : l'ambiance lumineuse épouse (grosso modo) l'évolution dramatique de la narration.
On commence avec un éclairage réaliste, anodin, dans une scène qui paraît anodine.
Deux types discutent dans un appartement, c'est tout.

Au fur et à mesure que l'intrigue se noue, les questions s'enchaînent et les élements insolites apparissent (les parties Cluedo, etc...), la lumière commence à diminuer. Elle diminue pendant 4 minutes, de sorte à ce qu'on sente l'effet sans trop le "voir" immédiatement.
Enfin, c'était le but théorique. Manifestement, tu sembles avoir "vu" l'effet davantage que tu ne l'as ressenti.
L'idée était de tendre progressivement vers une ambiance visuellement stylisée qui évoquerait une certaine idée du film noir (éclairage plongeant, forts contrastes) au fur et à mesure que la narration nous emmènerait vers cet univers.

Le réalisme m'intéressait ici beaucoup moins que l'ambiance recherchée.



Pour le rapport de force entre les deux personnages, je trouvais intéressant que l'un des deux prenne l'ascendant sur l'autre par la seule force de ses propos. Je ne voulais pas que le tueur se saisisse d'une arme pour menacer l'autre. C'eût été un peu trop facile, cliché à mon goût.
Je trouvais plus intéressant que le personnage du tueur dégage une telle confiance en ses aptitudes d'assassin, qu'il se permette de venir au contact physique de son interlocuteur, lui mettre physiquement la pression, tout en prolongeant ce moment qu'il savoure.
Je voulais d'un personnage qui savoure la dégriongolade psychologique de son adversaire davantage que l'acte de mise à mort.
Peut-être ne partage tu pas mon opinion, mais je trouve que Vincent Londez réussit à devenir impressionnant par la seule force de son jeu.



Par contre, après coup, je suis assez d'accord avec ta critique au sujet de la monotonie des champs contrechamps. Après visionnage du court, un ami professeur de réalisation m'a d'ailleurs suggéré l'idée d'insuffler de la vie, du mouvement au dialogue ne plaçant, par exemple, le personnage du tueur dans la cuisine.
Il préparerait à manger et découperait des légumes à l'aide d'un grand couteau de cuisine, ce qui autoriserait pas mal de choses.

D'un autre côté, je trouvais qu'il y avait un challenge à filmer ce dialogue en une succession de champ contrechamp, sans que le spectateur n'aie envie de zapper au bout de 3 minutes.
Globalement, et avec un peu de recul, je trouve les 3 premières minutes un peu "molles". Mais l'ensemble gagne ensuite ensuite en intensité, grâce aux dialogues bien sentis (merci Tonino) et au jeu des comédiens, que je trouve très bon.


Pour le clin d'oiel à "Léon", ce doit être inconscient. je n'ay ai pensé ni à la préparartion, ni au tournage, ni au montage. mais maintenant que tu m'en parles, la scène me revient en tête. Je l'avais d'ailleurs bien aimé, cette scène...



Merci pour les compliments pour les dialogues. Je n'ai que peu de mérite : ils sont de Tonino Benacquista.

Merci encore pour ta critique constructive et argumentée.

+++

 

suite à ta réponse ...

• pour la justification du lieu, je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fait qu'une scène extérieur aurait nuis au film et particulièrement au huit clos, je ne saurais te donner la solution ( j'ai pas envie de réflechir lol), mais je pense qu'il y a la possibilité de rajouter quelques élèments d'informations discrets pour palier à ce problème.

• pour ce qui est de la lumière si c'est un parti pris surréaliste, je trouve "l'évolution lumineuse" trés intéressante, mais étant plus porté sur le réalisme ma préfèrence va à celui-ci. Mais belle lumière cela dit.

• pour le rapport de force entre les personnages, tu à tout à fait raison, l'ascendant psychologique est le meilleur élèment pour l'illustrer, Vincent Londez réussit tout à fait à devenir impressionnant par la seule force de son jeu, comme tu le dit. Cependant j'ai le sentiment que cet ascendant n'est pas assez marqué chez le second personnage. Et je ne pensais pas à un gros cliché comme une arme pour prendre l'ascendant... lol.


Je suis d'accord avec toi sur le bon jeu des comédiens, bonne direction d'acteurs !

Pour finir (ouf enfin), le champ contrechamp, il aurais fallu casser cette monotonie, mais je suis d'accord avec toi sur le fait que cet exercice est très intéressant et par contre je ne suis d'accord avec ton prof pour l'histoire de la cuisine car cela t'aurais fais tomber dans le cliché, il fallait trouver autre chose. Il faudrait que je m'attarde de nouveau sur Heat de Mann pour analyser la fameuse scène de la rencontre entre Pacino et De Niro, où tout une séquence est consacrée à un long dialogue, cela peut aider pour ce genre d'exercice.

Voilà, dernier petit mot maintenant que je viens de lire ta réponse, cela me fait constater, que l'ascendant psychologique mené par Vincent Londez est rudement bien mis en scène.

Très bon court malgré ces critiques, qui ne sont là que par soucis de perfection.

Bravo !

wkw.

 

Merci pour ta réponse à ma réponse

Excellente idée que d'analyser la scène de la recontre entre Pacino et De Niro dans "Heat" ! Faudrait que je la remate moi aussi.

A bientôt !

G.

 

Un ptit comment pour redire ici tout le bien que je pense de ce film : très bons comédiens, réalisation maîtrisée de bout en bout, cohérence remarquable de l'ensemble, bref, un court à voir absolument !

 

Merci m'sieur Sandor.

Je t'envoie ton chèque le 31, comme on avait dit

 

Un superbe travail, sur toute la longueur. Bravo Gilles !!
(et je vais rater mon bac car au lieu de bosser je regarde tes courts)

 

C'est quoi ce bordel ?

Redknight, tu m'éteins cet ordinateur et tu vas réviser tt de suite.



T'inquiètes, je n'ai rien à publier d'ici ton bac

Merci pour ton commentaire, et bon courage pour les révisions !

 

et bien depuis le tps que j'en entends parler...v regarder ça tout de suite je te laisse ma critique pour demain

 

alors là je dis bravo...franchement je suis impressionné par tant de prouesses...techniques et artistiques...je n'ai rien a dire à part que j'ai passé un très bon moment.
Tellement le jeu est bon qu'on ne se lasse pas de le revoir à nouveau
tu nous a gâté avec ton court mister gilz...depuis loop y'en a eu du chemin bravo

 

impeccable, maitrise totale et en plus c'est très bon.

 

Merci les gars !

 

Bravo, superbe film ! La lumière est impeccable, très classe. Et les acteurs sont super bons, les dialogues sonnent bien dans leur diction (ce qui est bien rare dans le monde du court-métrage).
Une question, comment s'est passée la négociation des droits d'adaptation?
As-tu d'autres films en prévision? En as-tu réalisé d'autres?
Le seul point négatif que je trouve au film, est sa musique. En fait c'est quand elle démarre que j'ai été surpris par elle, elle tombe un peu comme un cheveu sur la soupe alors que le silence devenait bien oppressant... Peut-être que si elle avait été présente dès le début j'aurais mieux apprécié. Mais c'est un détail.

Bonne continuation,

Philippe.

 

Salut Justicier !

Je n'ai pas négocié les droits d'adaptation.
J'ai contacté l'auteur, Tonino Benacquista, qui m'a informé qu'il avait déjà cédé les droits.

J'ai quand même réalisé le court à titre d'exercice, en expliquant à T. B. qu'il n'avait aucune ambition commerciale.


J'ai réalisé d'autres courts visibles pour la moitié (l'affichage de la page bugge lamentablement...) sur mon blog :
Mes réalisations - FAIRE OU NE PAS FAIRE DE CINEMA ?

ou sur Eyeka :
Valorisez vos créations avec Eyeka

Voire Dailymotion :
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Pour la musique, s'il est vrai qu'elle arrive de manière un peu abrupte (mais doucement), je la trouve pour ma part très réussie. Elle est l'oeuvre de Reynald Frisson, un musicien plutôt talentueux.
Reynald a su placer des "nappes" qui soulignent les ambiances et font monter la sauce sans jamais créer de redondance avec les images.
J'aime beaucoup son travail.

Cela dit, je comprends tout à fait que le choix de faire apparaître la musique uniquement à partir de la seconde motié du film puisse perturber quelques oreilles.

Merci à toi d'avoir visionné et commenté !