Spot de soutien à l'association 1901 Emmaüs 54 (film étudiant)

Bonjour à tous,

Je vous présente une fois encore un projet réalisé par un groupe des étudiants à qui j'enseigne la matière "Réalisation" en Mise à Niveau Cinéma Audiovisuel (post-bac).

Après avoir donné pour projet un certain nombre de fausses pubs ces dernières années, voici aujourd'hui un vrai spot promotionnel (d'une action sociale, non d'un produit...) réalisé en soutien à l'association Emmaüs 54 et en retour amical de la contribution que la structure nous apporte depuis presque dix ans pour les court-métrages réalisés avec cette classe.

Il s'agit donc pour nous d'un hommage à l'action et aux valeurs de l'association, ainsi qu'au "cercle vertueux de l'économie circulaire"...

Avant d'entrer dans certains détails du projet, voici le film :



Quelques précisions…

La musique :

Elle a été composée, enregistrée et mixée chez lui par l'un des étudiants de ce groupe et qui avait déjà travaillé sur l'habillage sonore de la "fausse pub Shining" que j'avais présentée ici il y a quelques mois. Crée dès le départ du projet, elle a été au cœur du processus de création et a pu être diffusé sur plateau pour certains plans.

La déco :

Pour les "tableaux" de la fin des sixties, de la fin des seventies et de la "mise en abîme", les deux décors ont été fabriqués en vis-à-vis dans notre petit "studio" possédant un grill. Le tableau du milieu des eighties a été tourné en décor naturel, un atelier que nous avons un peu réarrangé (l'anachronisme du PER, c'était pour la couleur… ). Les autres tableaux (les "actuels") sont du décor naturel, l'un d'eux a été tourné dans le magasin Emmaüs.

Les travellings et l'ajustement des transitions :

Les plans en travelling sont réalisés sur un travelling artisanal, le modèle courant avec chariot à 8 roues de roller inclinées à 45° et rail en tube PVC. D'ailleurs, on ne l'avait pas ressorti du placard depuis des années, celui-là…

Pour que les transitions sur la radio fonctionnent, il a été utilisé du rhodoïd (feuille plastique transparente) scotché sur le moniteur : Au premier plan tourné (la scène disco 70s), le contour de la radio a été tracé au marqueur sur le rhodoïd de manière à ce qu'elle occupe toujours la même place en début ou fin de plan et surtout avec à peu près la même perspective (de légères retouches en post-prod tout de même…).

Temps de tournage :

Une journée de conception et préparation des décors, puis grosso modo deux jours de tournages.

Matériel employé :

- Filmé au Lumix GH5 dans le mode V-Log L, enregistré en 4:2:2 10bit à 150 mbps (H264 en interne).

- Objectif Sigma 12-35 f/1.8 monté sur Speedbooster Ultra.

- La lumière, mandarines, blondes, Fresnels (500W et 150W), panels LED bicolore, une petite machine à fumée.

- Post-prod avec After Effects (montage, travail des transitions, légère retouche de la perspective, etc.) et Adobe Premiere Pro (ajout de la musique, mixage ambiance, étalonnage, habillage, normalisation audio).

Côté intervention :

Comme d'hab' du Collectif Kinorev, la famille !

 

Excellent exercice et utile. Belle image, musique sympa.
L'action d'Emmaüs est bien mise en avant.
Quel retour d'une part des élèves et d'autre part de l'association ?

 

Très bon comme toujours...

 

Merci !

@Video92

Ben il me semble que ce groupe d'étudiants est globalement satisfaits de son travail et du résultat. En tout cas, mon retour à moi, c'est que je les ai félicités et bien notés . Ce groupe-là avait deux spots à réaliser.
Du côté de l'association mon contact m'a dit qu'ils étaient plutôt très contents. Après, il y a du monde que ça concerne, conseil d'administration, tout ça, j'imagine qu'il y en a à qui ça plaît plus qu'à d'autres, ce qui me semble normal. Ils ont publié très rapidement après livraison des fichiers. Les moyens de diffusion de l'asso "locale" se limitent aux réseaux sociaux. Je vois qu'il a plus de partages sur l'autre spot (qui présente moins d'intérêt pour ce forum), mais je ne peux pas suivre, vu que le seul réseau social auquel je suis inscris, c'est ce le Repaire… La vidéo devrait prochainement passer dans le magasin.
Ce sont des films qu'on a proposés pour un coup de pouce et pour leur renvoyer l'ascenseur, il était bien clair dès le départ qu'ils publient ou non, on ne s'en offusquerait pas le moins du monde. Le projet et le travail étudiant est là, c'est sa fonction première.

 

les "matchcut" sont bien fait, l'image sent un peu la poussiere, bref bonne realisation.

 

Bonsoir nestaphe, tout à fait ressenti comme tel à la différence près qu'une question me ronge : Qui a bien eu l'idée du concept (maintien de la chaîne conductrice (+ que fil conducteur) sur les changements de lieux et de temps entre les zooms sur la radio) ?

Tu ne le leur as certainement pas mâché ! C'est pas possible, ils connaissaient (en écoutant aux portes de tes cours ou de ta collègue éprouvée experte ou de mémoire audiovisuelle dont pubs).

Meilleure note possible sans trop de risque, bravo à eux et incidemment à leurs enseignant(e)s.

(autre question plus taquine complotiste, au début, pourquoi reprendre cette fois-ci Stanley Kubrick mais qu'en version radio ? ... Oui, je sais, quel humour !).

 

Hello Redoré,

Que tu soulèves la question de l'origine de l'idée et précisément de cette manière tombe bien parce que je m'étais demandé si j'allais aborder le sujet dans mon premier post et puis je m'étais dit que ce serait trop long à expliquer...

Dans la recherche de l'idée, ma contribution est que j'ai employé exactement la même méthode que j'utilise depuis quelques années avec les fausses pubs (pas les court-métrages de fiction) que je propose de réaliser à l'un groupe des trois groupes de ces étudiants :

Je demande à chacun des 18 étudiants qui constituent la classe de réfléchir à une idée et de la présenter ensuite à tout le monde. Une semaine à 15 jours plus tard, on forme le cercle… Cette séance de propositions fait aussi office de "brainstorming", à savoir que chacun peut interroger l'auteur de l'idée et chacun peut éventuellement compléter l'idée par une ou plusieurs suggestions, et cela peut rebondir à souhait. A l'issue de cette séance, les 18 étudiants votent afin de distinguer les idées les plus attrayantes… Puis au cours des semaines qui suivent je sélectionne deux à trois idées dans le haut du classement, favorisant éventuellement une idée qui impliquerait une ou plusieurs techniques que je trouve intéressantes pour l'apport pédagogique du projet, et déclassant parfois une idée que je juge difficilement adaptable à nos moyens ou à notre contexte ou simplement dont l'intérêt pédagogique me semble trop limité.

A ce stade, si je me souviens bien, on en était à peu près là :
Nous verrons le même objet ancien "changer de famille d'accueil" par l'intermédiaire d'Emmaüs et chaque "famille" en fera une utilisation différente. Le slogan, était alors proposé comme tel : "vous n'imaginez pas toutes les vies de peut avoir un objet".

Vient ensuite le choix d'un groupe de 5 à 7 étudiants à s'engager sur la réalisation de ces 2 ou 3 projets "pubs" sélectionnés (2 ou 3 selon la complexité et pour égaler au minimum le travail des groupes qui auront à réaliser des court-métrages de fiction), puis s'enchaine la phase d'écriture.

L'étudiante qui a eu l'idée de départ a préféré travailler sur un autre projet de film, comme c'est souvent le cas.

Dans son écriture, le groupe engagé a ajouté à l'idée "la traversée des époques" et donc plus ou moins retiré la suggestion de va-et-vient avec un magasin Emmaüs. (Ils avaient vu des films et making-of de leurs prédécesseurs et pas besoin de leur dire qu'ils auraient les moyens du décor pour taquiner les époques).

La seconde idée dominante qui ressort du résultat final de ce film implique la technique, c'est le plan séquence avec transition sur l'objet…

Au découpage technique, ils ont eu l'envie et l'idée d'enchainer des tableaux (plans séquences) en transitions fondues avec la radio au centre (plutôt qu'en cut ou transition de montage) mais ils voyaient cela en travelling circulaire. Cela n'a pas été possible, enfin, cela n'a pas été tenté, pour diverses raisons :

- Si l'objet n'est pas dominant dans le cadre, bien que centré, il risque de perdre son rôle principal pour le spectateur distrait. Et la distraction est l'essence même du spectateur .

- L'espace à réaliser en déco était trop large (et trop conséquent) et ne convient de toute façon pas à celui dont nous disposons immédiatement.

- Nous n'avons pas de rails de travelling circulaire, et au stabilisateur de poing, c'est voué à faire du n'importe quoi, enfin, certainement pas du fondu calibré. Et même sur rail circulaire, le résultat serait trop approximatif, très incertain.

MH Ramm qui est intervenant nous a fait remarquer que c'est le genre de truc qui se fait au moyen du motion tracking (et autant dire que ce n'est pas envisageable dans notre contexte). Il a leur a proposé l'utilisation des travellings avant et arrière avec traçage de la radio sur rhodoïd et moniteur afin de rester dans la même intention.

Moi dans l'idée, j'étais prêt à me suffire de découper les scénettes avec un plan master "tableau", histoire d'assurer tout ce qui doit être limpide pour le spectateur, de remettre les éventuels effets de transitions au travail de post-prod…

Le résultat prouve que j'avais tort…

Le slogan a été peaufiné en fin de projet afin de lui ajouter une dimension plus humaine, d'ouvrir le sens du message.

 

C'est un très bon beau projet, chargés de belles intentions, bravo!

 

Très bon la mise en abîme avec la radio du début apparaissant dans le tournage de cette même scène

 

Oui, effectivement c'est l'une des idées fortes du spot, certainement la plus astucieuse.

Par contre, et c'est l'occasion d'enrichir le sujet, c'est aussi dans cette scène-là qu'il y a ce qui représente véritablement une erreur de réalisation, mais qui heureusement ne promet qu'à échapper au spectateur sans toutefois le perturber... Il s'agit donc d'un "manqué" :

Dans le script, la continuité avec la scène précédente s'établit avec la décoratrice du plateau qui est aussi la cliente vue précédemment qui déniche la radio dans la boutique. Or, elle n'est pas suffisamment identifiable dans le plan en travelling arrière du plateau de tournage (ou alors, il faut l'avoir senti ou deviné et chercher confirmation en y prêtant attention... ). Pour qu'elle soit suffisamment identifiable, il aurait fallut qu'on la retrouve exactement dans la même position au cadre que dans le plan précédent ou elle repose la radio, le travelling arrière la "révélant" : de cette manière, qu'elle ait ou non porté un masque "Covid", tout le monde pourrait faire le rapprochement et l'identifier instinctivement, mais là, ce n'est pas du tout le cas.

La raison des masques sur cette scène est due à la présence à l'image de certains étudiants réalisateurs du film qui jouent leur propre rôle (abîme dans l'abîme ? ), nous avions un protocole strict à respecter par rapport au lycée durant ces tournages en situation épidémique. Par contre, la comédienne décoratrice aurait "protocolairement" pu être démasquée, mais en réalité peu importe ! car cela n'aurait pas suffit à la reconnaître formellement sur le plan tel qu'il a été tourné. C'est bien le rapport de positionnement qui attire l'attention et qui aurait ainsi fait qu'elle soit immédiatement reconnue, même masquée !

Cela ne tombe pas sur un point important pour la compréhension, c'est un "manqué".

Fragile, farouche et passionnante, la réalisation.

 

Oui c'est une des grandes problématiques du filmage : réussir à prendre du recul et à se mettre à la place du spectateur, comprendre ce que lui-même peut comprendre, enfoncer le clou au besoin mais sans trop en faire non plus.
Le problème que tu cites Nestaphe est très courant dans les boulots des jeunes réalisateurs.