ARTE : Le Dessous des images (... et du son !)

Moi aussi, et c'est bien ce que je trouve regrettable sur les forums du Repaire :

- Beaucoup de discussions techniques superficielles et qui ne concerne que rarement de la technique appliquée.

- Beaucoup de questions de post-prod qui ne font pas vraiment appel au savoir et aux trucs et astuces des spécialistes qui sont régulièrement présents sur le forum. Il faut dire que pour la majeure partie des questions posées ici dans ce registre, tu trouves aisément la réponse sur internet, pour peu que tu prennes un peu le temps de chercher (et souvent, Google > Repaire). Ne parlons même pas des questions très mal posées...

- Beaucoup de littérature sur le matos, et ça, ok, il en faut bien. Mais dans tout ça, qu'est-ce qu'on en fait, du matos ?

- Même si elles n'ont pas bonne réputation et qu'elles génèrent un certain fouillis, je trouve les confrontations de point de vue qui prennent et partent en tous sens, auxquelles il ne me dérange pas de participer et que parfois il m'arrive d'initier, finalement encore plus constructives que ce qui précède.

Et là, on en vient au cœur du sujet...

Comparativement à tout ça, assez peu de réflexion sur l'image, enfin, bien trop peu, car seul un véritable questionnement de fond et de forme peut conduire à une utilisation efficiente, efficace, voire même talentueuse, de la technique (qui elle-même est indispensable, n'oublions pas de le rappeler…).

On utilise toujours cette expression ouverte, et prononcée comme ponctuée de points de suspension, "les goûts et les couleurs...", dont il me semble qu'elle est dérivée de celle-ci : "des goûts et des couleurs, on ne discute pas". Or, il est indiscutable que le niveau de culture est considérablement porté à faire évoluer les goûts, autrement dit, qu'il faut longuement observer et régulièrement se confronter pour être capable de bien distinguer les choses qui nous entourent, comme celles capables de réellement nous atteindre intellectuellement et émotionnellement. Au commencement, nous sommes presque aveugles.

Pourquoi la tendance populaire est-elle portée vers ce qu'on appelle couramment "le mauvais goût" ? Partiellement par manque ou absence de culture, mais aussi par fainéantise et par conformisme, deux caractéristiques profondément ancrées dans la nature humaine. Mais tout esprit qui s'instruit change !

Les publications d'Homero, qui peuvent paraître hétéroclites et parfois déroutantes, sont offertes pour enrichir ce forum en ce sens, et malheureusement, les germes d'intelligence prennent mieux au "Café du Repaire" que dans d'autres forums du Repaire.

Aussi, répétons-le bien haut et bien fort :

Sans une réflexion avancée sur l'image, comme sur la société et son histoire, et sur le comportement humain en général, nous ne pouvons quasiment rien faire de bon et de correctement transmissible avec nos images !
Puis vient l'expérience...​

 

Pour en placer une après un tel post ça va être compliqué !

Je suis un fan, entre autres, du réalisateur de documentaires Stan Neumann...banal...

"Sans une réflexion avancée sur l'image,...", là, pour le coup j'apprécie son travail sur le texte, l'image et le son. Le résultat paraît formel, sans excentricité, j'y vois une patte personnelle et constante sur la durée.

Pour la décortiquer je dirais ceci :

globalement : une intention pédagogique en s'appuyant sur l'histoire

l'écriture et la lecture des voix off :
- il emploie un registre de langue soutenu
- des phrases relativement courtes avec des mots précis sans faire du Rohmer
- il alterne phases de descriptions informatives et anecdotes
- débit de lecture lent
- des voix le plus souvent masculines

images :
- lors des séquences sans archives, les images pourraient être en noir et blanc (c'est parfois le cas)
- des choix de cadrages qui font ressortir des géométries simples ou la matière (très Frtiz Lang , Bauhaus, années 40)
- lenteur dans les mouvements
- pour les photos effet Ken Burn

son : j'adore
- des silences
- des sons de plans larges sans ajouts (rue, forêt, etc...)
- des sons de détails (souvent mécaniques)

le côté enfantin ! Des maquettes, du "stop motion" ou de l'animation 2D, des sons cartoon
et dans ses documentaires limites austères des pointes d'humour grâce au montage texte/images.

l'excentricité : j'apprécie la sélection parfois très excentrique d'archives, photos, détails qui s'imbriquent parfaitement dans la construction de ses documentaires au ton posé. homero doit d'ores et déjà les connaître tous !

A voir en ce moment sur Arte ou ailleurs sur le web : le récent : le temps des ouvriers (qui illustre parfaitement son style), la langue ne ment pas (moins représentatif).
Ailleurs, La série de Stan Neumman et Richard Copans : Architectures et bien d'autres.

Pour rester un peu dans le sujet : son documentaire 120 ans d'inventions au cinéma.
On y découvre ou redécouvre les quêtes de synchronisation du son et de l'image, du rendu des couleurs, de la quête vaine du réalisme de l'immersion, etc... Quand je vois les explications sur des boitiers du début du siècle dernier, je pense d'ores et déjà au regard porté sur les outils actuels. Seule différence, l'accessibilité matérielle à la réalisation et à la diffusion, en revanche le talent créatif ne s'achète pas.



Désolé, si cela semble H.S.

 

Pile-poil dans le sujet...

Tien cela m' a permis de retrouver le mot blimp utilisé pour parler d'un caisson métallique isolant le bruit des 1ere camera "parlantes" (à entrainement mécanique très bruyant ).... alors qu'il est utilisé aujourd'hui pour designer une enveloppe isolant le micro du vent... "recyclage cinématique ".

Très riche ce docu ou progrès technique permet de s'affranchir des règles imposées...

Je me demande si l'auteur de ce docu n'a pas été "jusqu'au vice" de désynchroniser légèrement ses propres images/son notamment à 44:12

 

Si c'est dans le sujet...

Décortiquer l'écriture/rythme du montage
Pour continuer à décortiquer cette écriture qui me plait. Impossible pour moi de la reproduire, ni la plume, ni la lumière,... bref pour comprendre et s'en inspirer.

Séquence de présentation du procédé de projection à 1:52
- fin de la séquence précédente sur les roulements du banc de montage pellicules
- transition vers la séquence suivante avec le son de l'arrêt du roulement
- plan fixe (bien éclairé)
- silence
- voix off : un couvercle de machine
- bruit du retrait du capot avec sortie de champ
- ...qui donne le départ de la voix off : à l'intérieur un projecteur de 1912
- "stop motion" + bruit "cartoon" à deux reprises (déploiement manivelles)
- gros plan mécanique
- lancement des rouages avec les sons qui lancent un peu après la voix off
- la voix off se poursuit sur des gros plans mécaniques et des sons plus rapprochés
... animation 2D ...etc..

A priori, faute de temps, jamais je n'oserais monter ainsi, des pauses/respirations tout au plus. J'aurais l'impression "de montrer" le montage et ses gros sabots. Là, j'avoue ça marche. J'apprécie le calage/rythme (texte, image, sons) et le fait de mélanger les techniques de façon aussi fluide. Si tous les montages ressemblaient à celui-ci je m'ennuierais.

Histoire des techniques
D'après ce documentaire, cela fait près d'un siècle que nous améliorons les techniques pour obtenir le résultat voulu.
- travelling motorisé, 1913 chariot pour travelling
- têtes fluides, 1920 caméra avec tête pneumatique
- synchro son-image, années 20 disques, cylindres, etc...
- stabilisation des mouvements : 1972 steadycam et louma
- bruitage et ajout de musique, années 20 boites à bruits et orchestres
- normes et silence des appareils : années 30, 24 images, blimp, autres choix de lampes, etc...

ça se discute
Pour moi, un documentaire reste un point de vue argumenté.
En filigrane, l'auteur défend son point de vue sur le cinéma. Il conclut : le cinéma, c'est être devant et pas dedans. Durant la construction de l'argumentaire, il évoque le fantasme du cinéma total, ridiculise l'odorama et le sempiternel aller-retour du relief. Il interroge : 3D, l'immersion via les casques audiovisuels méritent-ils de porter le nom de cinéma ? Tout en reconnaissant que ces outils s'inscrivent dans cette histoire des techniques. Il rappelle que nous sommes passés de l'émulsion chimique au numérique, etc...

Entre, les VR, AR, lunettes connectées, son Dolby Atmos et autres bidules, je suis d'accord avec lui, depuis un siècle les fabricants nous saoulent avec cette quête de proposer un cinéma total, "dedans". J'espère qu'ils vont y arriver afin qu'une autre page s'ouvre. A sa question : est-ce encore du cinéma ? Plus difficile, un film d'animation réalisé sans caméra fait partie de ce que l'on nomme du cinéma (auteurs, personnages, scénarios). Un monteur son, pour les jeux vidéos, le cinéma, la musique ou un podcast, ben il utilise le même logiciel. On retrouve du 360 dans les parcs d'attraction avec des sièges qui bougent parfois. On peut acheter une caméra 360 et un casque 360. Pour ma part, les métiers étant identiques, les outils s'inscrivant dans la lignée, je pense que l'on peut distinguer cinéma, cinéma d'animation et peut-être un jour cinéma immersif. Je garde en tête sa remarque sur la distance entre le spectateur et l'oeuvre pour changer de point de vue.


P.S. j'ai cru voir un post qui a disparu au moment ou j'écris. "Cela ne me semble pas pertinent de décortiquer les images". Je suis d'accord si l'on veut prendre du plaisir. Cela me semble intéressant, si l'on souhaite trouver son écriture personnelle.

 

Je suis souvent HS et je m'en aperçois après avoir posté c'est important de ne pas trop dévier de l'intention initiale d'un fil, là j'allais dans le sens inverse

 

Ce docu remarquable par la qualité de " sa démonstration " donne aussi par sa forme , sa rigueur (éclairage/couleur en raccord avec un musée...le ton /rythme, texte voix off claire et bien écrit..)... un aspect à priori ennuyeux d'un docu qui date de 1990...

Mais on ne s'ennuie absolument pas une seconde ce qui est assez rare...

Donc avec ce style j'ai trouvé tout a fait raccord d'entendre des propos presqu'un " réac " en désignant d'office ce qui est cinéma ou pas cinéma alors que le mot lui même n'a plus le même sens pour tous pour diverses raisons

Bon en même temps en ce moment tout ressemble tellement aux années 30 ( blimp compris ) qu' à part le casting ... rien ne semble avoir beaucoup changé

 

Belle description et joli texte, Homero ! Quand on le soumet à l'IA (Dall-E), cela s'illustre au premier jet de cette manière :

 

Je crois que je n'en suis pas encore là !

 

"Le dessous des images", "Un secteur pour l'IA" et ce travail "Ex Pet Riz Mental", voici trois sujets récemment traités sur le Repaire et réunis dans cette création collective (avec Batterie dans le rôle principal). Je pense qu'on va bientôt pouvoir s'inscrire au "Festival du Repaire"...

J'aime beaucoup la bande son.

 

Le dessous des images de "the disparition of the batterie post"

J'utilise surtout FCP mais ça on s'en moque.
- donc les images sont fournies par nestaphe et dall-e avec des prompts écrits par homero

Du coup, j'ai essayé dall-e pour la première fois. Cela peut aider à inventer des séquences. Si jamais pour traduire du français à l'anglais les prompts, je m'appuie sur le site deepl (gratuit).

- pour la bande son, je me suis inspiré de Stan Neumann ! Des sons mécaniques, cartoon d'ambiances, ils sont fournis par la banque de sons du logiciel.

- ce petit bidule "Ex Pet Riz Mental" m'a donné envie de revoir l'utilisation de Ken Burn sur FCP.
En anglais : Next Level Ken Burns Effects in FCP - YouTube

Enfin , le truc qui m'intéresse le plus, c'est la génération de voix off à partir de textes. Par défaut, les outils pour déficients visuels ou autre sur mac ne permettent pas à ma connaissance de moduler les intonations et les pauses dans les phrases et retoucher les mots particuliers. Je me suis donc fait une petite liste d'outils en ligne : animaker voice, natural reader, murf.ai (celui utilisé), wideo, play.ht, voicebooking, speechify. Pour l'instant j'ai juste testé murf.ai.

Merci batterie d'avoir effacé le post ! Merci également aux autres contributions !