Affaire Rickenbach, 15 ans d'infiltration au service de la DST (document révélation)

Au mois d'avril dernier, trois de mes agents m'ont rapporté ce document qui, je dois dire, m'a fait froid dans l'dos !


Etant donné la particularité de la thématique, j'attends un peu avant de donner des précisions sur le contexte, l'opportunité, la mission et les moyens (légaux) employés. Je vous laisse d'abord découvrir...

 

Immentissime bravo aux 3 agents et à celui qui les avait formés et investis pour cette mission exigeante.

Aucun froid dans l'dos tellement que réchauffé pour aussi tous et toutes les autres agents sous cette même coupe.

Nul problème de dos ou de colonne vertébrale pour franchement s'incliner

 

Ces trois agents de l'ombre ont révélé leur talent : impressionnant !

 

Cela se suis sans ombre (discrétion), mais avec intérêt, une enquête tout en archives.
Très bon exercice de mise en image d'un texte.
Affaire à suivre !!!

 

J'ai écouté au casque, il a quelques sons qui paraissent situer très précisément dans l'espace donnant beaucoup de relief ... ils ressortent très clairement, amusant de savoir comment cette bande son a été construite .. il semble que cela a été fait avec beaucoup d'attention.

Une de mes références dans le domaine c'est la fameuse émission de "Rendez vous avec Mr X " de Patrick Pesnot sur France Inter .. (qui il parait accessible en podcast sur le site de France inter.
Au passage Wikipédia prétend une 1ere diffusion entre 1997 et 2015 ...ce qui est totalement faux ...je l'écoutais le samedi matin quand j'habitais Paris, 2em partie des années 80 ...)

 

j'ai juste un doute sur la presence d'images qui paraissent plus recentes (fin annees 60) alors que tout le reste parait exploiter des images d'une epoque plus ancienne.
on passe du traditionelle chapeau noir, manteau long au veston/col roule blanc, rouflaquettes, puis on revient a une autre epoque en n/b ... J'avoue avoir pas compris la manip....

 

nestaphe nous en dira plus quand les retours principaux seront fait ( sens de l'organisation ), tout de suite on suit des images qui illustrent le propos... on peut se perdre un peu effectivement avec des images de différentes périodes....

J'aime bien appuyer la voix off avec des compléments d'affichages...le cerveau est feignant , cela rend plus confortable le propos... donc des datations sur les images cela peut être pas mal (l'année )

 

D'abord, merci pour les compliments, ça fait bien plaisir même si je n'en suis pas l'auteur.

Comme vous l'avez compris, il s'agit de ce qu'on appelle un mashup vidéo (voilà pour le fil des époques portant quelques failles si l'on y regarde de tout près ). Il a été réalisé par un groupe de trois étudiants durant leur année post-bac de Mise à Niveau Cinéma Audiovisuel. Il est le fruit d'un partenariat avec le pôle patrimoine d'Image'Est, qui nous a ouvert l'accès à son fond d'archives régionales (merci à l'ami @mhr pour avoir organisé la rencontre !).

Les images d'archives employées sont essentiellement des films amateurs, de famille ou de captation d'évènements de la région Grand Est.

En voici le récit…

Au mois de novembre 2021, j'ai comme chaque année scindé les étudiants en trois groupes de travail pour la réalisation de trois projets de film annuel.

Je n'avais encore jamais proposé un exercice semblable à un groupe d'étudiants et je n'ai d'ailleurs moi-même jamais pratiqué le mashup. Au départ, j'étais assez sceptique quant aux chances d'obtenir un bon film sur ce principe et de la part d'étudiants âgés de 18 ans seulement, jugeant l'exercice à la fois difficile, très volumineux en quantité de travail, et surtout devant se focaliser parmi une abondance d'images et un très large champ de possibilités. Pour un petit court-métrage simpliste, façons "collage", je ne me serais pas vraiment inquiété, mais pour un film d'un niveau de travail tel qu'attendu dans cette formation, cela devait nécessiter une certaine maturité…

Il y avait cependant un étudiant, Thibaut, qui dès le début de l'année m'avait présenté un film documentaire de 52 minutes qu'il venait de réaliser sur les appelés de la guerre d'Algérie et autour d'un témoignage de son grand-père. La qualité de son travail et les conversations régulières que j'ai pu avoir avec lui m'ont poussé à l'inciter à se joindre au groupe qui devait se lancer sur ce projet. Au final, seulement trois étudiants ont choisi (osé…) travailler dessus, ce que je ne trouvais pas plus mal, il faut dire… Ils sont Aude, Théo et Thibaut.

Mon premier conseil a été d'aborder la chose de manière très ludique, et non de s'astreindre à regarder des heures d'images d'archives à la recherche d'une idée "formidable", en somme, de zapper et de se laisser divaguer, "délirer", et de prendre des notes quelle que soit la nature de l'idée ou de l'impression. Leurs premières idées (images à l'appui), les fragments de texte qu'ils m'ont présentés, et la première discussion que nous avons eue m'a plutôt rassuré. L'idée était là, correcte, la réflexion aussi, restait à articuler une histoire qui tienne, dans une forme documentaire mais avec une construction et une intrigue semblable à un film de fiction. Et de trouver aussi la manière d'inclure des images tournées par eux-mêmes, ainsi qu'une séquence mise en scène (ce fut finalement un plan séquence…), une contrainte que je leur avais imposé.

La stratégie, les étapes

Lorsque @mhr m'a fait rencontrer la personne d'Image'Est, nous avions regardé ensemble un court-métrage déjà réalisé par une artiste avec des archives de leur fond. Mhr avait fait la remarque qu'un point assez récurrent de ce genre de films, et en quelque sorte un archétype à peut-être éviter, c'est que le scénario a tendance à se centrer sur la justification de l'absence de personnages récurrents dans les images. Aussi, notre interlocuteur nous a indiqué un stock d'images filmées par un cinéaste amateur dans lequel apparaissait souvent sa femme, et qui avait d'ailleurs forte tendance à jouer la comédie. J'ai donc donné l'information aux étudiants et je leur ai demandé d'éviter absolument le principe du scénario cherchant à expliquer la non-récurrence d'un ou plusieurs personnages.

Je leur ai demandé d'enregistrer une voix off témoin afin de travailler directement en finesse sur le montage avant d'appeler un comédien pour reprendre le texte. (Il a finalement fallu ajuster un peu certaines images en fin de projet, mais le film était déjà très précis au moment de l'enregistrement de la voix définitive.)

L'idée de la chute, celle du document qui s'avère être un plaidoyer à destination d'un juge pour rouvrir le dossier d'une affaire sensible, ainsi que celle des images du prologue, a eu tranquillement le temps de faire son chemin durant les trois mois et demi de travail.
Le tournage a eu lieu en toute fin de projet alors que la partie documentaire était déjà bien huilée. J'ai proposé de faire appel à un ami commun que nous avons avec Mhr et qui a joué dans des projets Kinorev. Sa voix et son charisme a tout de suite emballé les étudiants, il a donc joué la voix off et la scène finale, avec le talent qu'on lui connaît.

Les rôles et le déroulement

Théo s'est occupé de toute la bande son et il a composé la musique, bien entendu, il contribué à l'ensemble des décisions prises sur le récit, fait l'habillage, etc. Zéro intervention de ma part sur le bruitage et le mixage, j'ai apprécié tout ce qui a été fait. J'aime beaucoup ses choix d'ambiance, c'est à la fois discret, dans le sens où on a tendance à l'oublier, et parfois au contraire très présent. A ce titre, je me fais toujours surprendre par le "toc-toc-toc" de porte, lorsque la femme du coureur se fait assassiner, quasi je sursaute ayant l'impression que c'est à la porte de la pièce dans laquelle je me trouve qu'on frappe, effet intéressant pour la tension à cet endroit du film. La musique me semble coller au mieux au rythme du récit.

Thibaut et Aude ont beaucoup travaillé au montage et à la rédaction du texte, une prédominance d'Aude sur le texte et de Thibaut sur le montage.

Projet bien lancé, mon rôle s'est ensuite limité à intervenir ponctuellement sur quelques petits détails visant à préserver l'intrigue et à les aider à améliorer quelques tournures de texte. Pour le reste ils ont fait preuve d'une autonomie complète, ce qui est rare, et d'une maturité assez exceptionnelle. Certainement l'un des meilleurs groupes d'étudiants avec lesquels j'ai eu l'occasion de travailler ces dix dernières années ! J'ai pu me consacrer davantage aux deux autres groupes et cela en toute confiance.

La suite

Ils sont aujourd'hui en première année de BTS Audiovisuel, deux d'entre eux en option Image, l'un en option Technique d'Ingénierie et d'exploitation des Equipements.

Parallèlement, Thibaut vient de terminer la réalisation de son second documentaire, de 26 minutes, sur la bataille de Verdun et en collaboration avec Image'Est. Il a rappelé Théo pour composer et enregistrer la musique du film. Il est actuellement en recherche de financement pour un projet de série documentaire, d'une toute autre nature cette fois.

Je pense que ces trois-là feront du chemin…

J'ai lancé la semaine dernière un nouveau groupe sur un autre projet de ce type.

 

Salut nestaphe,
Les étudiants que tu encadres semblent avoir un super prof d'audiovisuel manifestement, ils ont de la chance !

 

Absolument @batterie car il ne faut surtout pas sous-estimer l'apport important de cet exercice qui ne concerne pas que le docu-fiction historique. Le jour où ils seront peut-être sur un biopic, ils sauront s'en souvenir ... et d'ailleurs, même pas que sur un biopic : sur toute construction de récit (par le talent de "sélection").

Enormes respects @nestaphe et @mhr et toujours bravo Thibaut, Aude et Théo (et les prochains de la liste).

 

Il faut inventer d'autres types de récit, de narration. Sinon on s'emm... Et c'est précisément l'un des messages que nestaphe adresse à ses étudiants, à ses élèves. Les élèves inventeront quelque chose...

 

Bon je n'ai pas halluciné ... cette bande son est d'une grande maturité ... de mon point de vue modeste

L' alchimie entre un enseignant et son groupe d'élèves... guider sans étouffer ... pas mal

 

Ouh là… Ici on risque de commencer à dépasser des idées qui concernent les projets (et le groupe concerné) que je choisis de présenter sur ce forum, et d'empiéter sur des terrains que je ne souhaite pas développer… Cependant, l'honnêteté et le besoin de ne pas laisser murir une image globale qui serait faussée me pousse à préciser que c'est loin d'être toujours aussi rose et avec tout le monde. Tout ce que je peux dire, c'est que, quelles que soient mes galères et mon ressenti, je fais toujours en sorte de leur fournir des moyens à peu près égaux, et autant que possible, de ne pas les laisser aller droit dans le mur, et aussi de puiser si besoin dans ce qu'il y a de disponible dans mes réserves de patience.

Bref, parlons d'un film et de ses réalisateurs sans trop extrapoler sur la périphérie de cette activité.

En tout cas, merci pour le compliment et oui, il me semble qu'ici, l'alchimie s'est produite, tout comme souhaité d'une manière générale.