Canon C80, une EOS C pour une cam B ?

À peine de retour de vacances, même, et dans ce cas, on peut le dire, carrément au cul du TGV (si, si, on peut le dire, la preuve), le samedi 31 août, Gare de Lyon, hall 1, quai 9 3/4, je récupère, un peu à l’arrache (merci Marina), la toute nouvelle caméra de cinéma Canon, l’EOS C80 (qui vient tout juste d’en terminer avec la TestBox du Repaire).

Canon EOS C80​

Décidément, chez Canon, ça bouge pas mal en ce moment… La C80, très simplement, c’est le capteur de la Canon C400 dans le corps caméra de la C70. C’est bien entendu un peu plus compliqué que cela, on va y revenir, mais déjà, c’est intéressant comme proposition...

Comme avec la C300 Mk III et la C70, il sera envisageable d’utiliser la C80 conjointement avec sa grande sœur, la C400, en guise de caméra B, pour profiter (par exemple) de sa plus grande compacité (gimbal, steadicam, grue...). C’est tout aussi intéressant pour du « multicam », genre captation, pour gagner du temps à l’étalonnage, ou pour du « live ». Et dans tous les cas (y compris si on n’a besoin que d’une seule et unique caméra), ça présente un intérêt économique assez évident...

Ce qui change, à l'extérieur...

Le boîtier de la C70, disais-je plus haut, sauf qu’à y regarder de plus près, il a été pas mal repensé.

Canon C70 (à gauche) et Canon C80​

Outre un restylage léger, particulièrement des courbes situées de part et d’autres de la monture RF, en face avant (j’ai l’impression d’évoquer une Clio phase truc), immanquablement, sur l’épaule gauche, on remarquera la présence d’un magnifique port SDI 12G…

Canon C80 - côté​

Canon C80 - le port SDI​

Sacré changement, vu qu’il n’y en avait pas avant ! On peut l’utiliser conjointement (on a vérifié) avec la sortie HDMI de la C80 (en 4K, les deux, pareil, on a vérifié).

Dans le même esprit, on remarque aussi le port Ethernet, situé à l’arrière.

Canon C80 - le port ethernet​

La C70 ne propose que du Wi-Fi, à condition d’investir dans un adaptateur manufacturé par un fournisseur tiers, à connecter en USB-C.

Ici le Wi-Fi est intégré, déjà prêt à l’usage. C’est donc une caméra qui propose une connectique beaucoup plus évoluée que sa grande cousine en Super35...

Si l’écran reste exactement le même que celui de la C70, 3.5 pouces, 2,76 millions de points (1280 × RVB × 720), avec le même petit défaut de centrage (en décalage sur la droite, ce qui se traduit par un peu de surface d’affichage « perdue »), il convient de noter que la charnière a été renforcée via de la visserie complémentaire : cela me semble être bien plus solide. Ce qui aurait été bien, c’est de retrouver, à l’image de la C400, des boutons et un joystick sur le LCD. Ce n’est hélas pas le cas…

Canon C80 et Canon 70​

Notons qu’on peut « pousser » la luminance de l’écran, pour le rendre deux fois (environ) plus lumineux que son jumeau pourtant pas si maléfique. Ce sera parfois utile, en plein soleil (la caméra ne proposant, malheureusement, toujours pas d’EVF).

On retrouvera peut-être un jour ces réglages supplémentaires de la luminance du LCD sur la C70, via un nouveau firmware (cela semble être uniquement du logiciel...).

Le bonheur tient parfois à peu de chose, et il est grand temps de se parler de l’infâme joystick de la Mort...

La Canon C70 et son infâme joystick​

Ce dernier a été remplacé par une bien meilleure option, à savoir celui du Canon R5 (en tous cas, ça y ressemble fort).

Canon C80 et son nouveau joystick​

Sans être aussi qualitatif que ceux équipant les C300 Mk III, C400 et C500 Mk II, c’est quand même bien plus agréable que celui proposé avec la C70 !

Ce dernier a été légèrement relocalisé, plus à gauche, avant les bouton 7 et 8 (plutôt qu’après et le plus à droite possible).

Personnellement je trouve ça plus agréable à l’usage. Et surtout, il fonctionne à tous les coups, lui.. Poowwww !

Dans les petites choses qui ont leur importance, on sera heureux de trouver, sous le corps cam, des points de montage normalisés (yeah!), ce qui facilitera grandement l’usage de semelles et autres plateaux rapides…

Canon C80 : points de montage sous le corps caméra​

La poignée aussi été redessinée, et je la trouve beaucoup plus agréable, plus ergonomique. Même si le montage avec une unique vis « rapide » me laisse toujours un peu dubitatif (si l’optique est lourde… même si ça semble solide...).

Canon C80 - vue du dessus avec sa nouvelle poignée​

La griffe multifonction Canon (alimentation + communication) est bien sûr présente sur ce nouveau boîtier, on bénéficiera aussi de « passages » de câbles, notamment pour l’alimentation, ce qui est un petit plus appréciable (celui de la C70 n’étant pas du tout sécurisé).

Soulignons ici que l’alim est fournie, ce qui est une très bonne chose (et on est en droit se se demander pourquoi cette dernière n’est pas présente dans le carton de la C400, même si elle n’est pas bardée de ferrites de compétition, ça aurait large dépanné).

Et à l’intérieur ?

Déjà, un truc amusant. L'affectation d'une fonction à la control dial n'est toujours pas opérationnel… Devra-t-on patienter plusieurs années, comme avec la C70, pour pouvoir l'utiliser ?

Probablement un ingénieur japonais dans le déni : Non, sur une caméra EOS C, il n’y a pas de mollette arrière, ça, c’est pour les appareils photo de la marque ! Nous, c’est sur le côté, toujours. Je refuse catégoriquement d’amender le code à cet effet, c’est « mal »…

Je suis taquin, je pense que ça sera vite corrigé...

En revanche, ce qui est moins amusant, c’est l’impossibilité de charger des LUT custom* dans la machine. Si on peut bien affecter une LUT à chaque sortie (LCD, HDMI et SDI), on est limité à celles proposées par le constructeur (CMT 709 et BT.709, outre les outils d’assistance à l’exposition).

C’est une des grandes différences avec la C400. Cela me semble être une inutile et bien artificielle segmentation de gamme… Cela risque de se traduire par l’usage d’un moniteur externe, avec un brin de ressentiment. Ce qui est vraiment dommage, car il y a de véritables différences avec la grande sœur…

Les médias par exemple. Avec les carte SD, il faut limiter le débit du Cinema RAW Light. Ainsi, en 6K RAW, on ne pourra faire que du 25P , en RAW LT (on peut faire du 4K50P en 10 bit 422, suréchantillonné depuis 6K, ou en 4K50P RAW, via le crop Super35). C’est la différence principale avec la Canon C400, les débits et la cadence d’images, en Cinema RAW Light.

Dans le même esprit, la 4K120P n’est proposée qu’en Long-GOP. Remarquons cependant qu'il s'agit d'une 4K120P suréchantillonnée depuis 6K, exactement comme avec la C400, les deux machines disposant du même processeur DIGIC DV7.

À part ça, j’ai trouvé que l’autofocus fonctionnait bien mieux avec l’objectif EF-S 17-55 mm F2,8 IS (en crop Super35), peut-être que le firmware est plus avancé que celui livré avec la C400, en tous cas, au moment où je l’ai évalué... Cela m’a semblé très bien fonctionner avec les optiques EF 35 mm F1,4 L II USM et EF 24 mm F1,4 L II USM. Sur la rapidité et les distances de détection, des visages, des yeux, on est sur un fonctionnement similaire à celui de la Canon C400, un AF de nouvelle génération : Dual Pixel II AF + EOS iTR AF X.


Conclusion

Après avoir tourné quelques images, dans un cadre non professionnel, il me semble qu’on est bien sur le même capteur (c’est aussi ce que dit la TestBox), aussi bien en terme de dynamique, colorimétrie qu’au sujet de la sensibilité, avec la même triple base ISO, très pratique, particulièrement en docu, mais pas que (on peut aussi éclairer à moindre frais, ou fermer le diaph pour avoir plus de profondeur de champ, par exemple sur le plan large d’une captation).

Voici quelques images tournées à 12800 ISO (base 12800 ISO), entre une bonne demi-heure et plus d’une heure après le coucher du soleil, le soir de la rentrée scolaire (tout le monde est bien crev... euh sage !) peut-être que ça aidera à se faire une petite idée, dans la vraie vie (pas d’étalo, brut de SD, Clog 2 10 bit 422 + LUT constructeur).

Canon C80 - Base 12800 / ISO 12800 - CLog2 4:2:2 10bit All-I + Lut Canon​

Si on n’a pas l’usage du RAW 50P, qu’on peut se contenter de 6K25P en RAW LT [576 Mbit/s], contre du 6K25P RAW en LT [576 Mbit/s], ST [886 Mbit/s] et HQ [1800 Mbit/s] avec la C400, et bien sûr du 6K50P RAW en ST [1780 Mbit/s] et en LT [1160 Mbit/s], et vivre avec le Long-GOP du 4K120P, il me semble qu’on aura pas grand-chose à regretter, en regard des économies réalisées (5900 euros TTC contre 8598 euros TTC pour la C400).

Certes le corps caméra est beaucoup moins valorisant, le grip moins confortable, il y a moins de boutons et on ne peut pas charger des LUT Custom dans la machine (cela, ça pourrait changer), ni profiter d’un port LENS ou de plusieurs joysticks haut de gamme, mais on dispose tout de même de deux sorties vidéo, HDMI et SDI, d’un port Ethernet, dans un boîtier compact. Et même d’une alim !


Un bonne C donc, en cam A ou B !


Greg

* : il est possible d'utiliser un LUT utilisateur via la fonction Look, mais ça présente assez peu d'intérêt, le résultat étant « cuit dans le codec», comme dirait @Forest...



PS : j’ai vu passer une nouvelle option de stabilisation, « Motion Vector For Digital IS », pour le moment le bénéfice et le fonctionnement n’ont rien d’évident, à creuser avec un exemplaire doté d’un microcode définitif et de son manuel.

Merci à Cédrick et Lionel de Canon France pour le prêt de la caméra, et bien sûr à notre team Testbox au Repaire


Pour se faire une idée des performances de la C80, voici la Testbox de la C400 : Testbox Canon EOS C400 - Comparatif avec Canon C500 Mark II - Sony FX6 - RED Komodo-X | Tests