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"Land of Plenty"

Discussion dans 'Repairenautes cinéphiles' créé par HOuartna, 1 Octobre 2004.

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  1. HOuartna

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    Land of Plenty (2003)
    de Wim Wenders



    L’Amérique a tort. On la croit stupide et attardée, mais le constat de Wenders – loin de l’anti-américanisme primaire très en vogue actuellement – est tout autre : les américains se trompent, ils n’ont pas compris une situation qui les a dépassés, ils ont été submergés par le choc du 11 septembre, par l’émotion qu’elle a suscitée, chacun buvant les paroles et les actes de Bush comme une consolation. Dans Land of Plenty, c’est le personnage de Paul Jeffries qui représente cette Amérique aveuglée, omnubilée par l’attentat terroriste du 11 septembre, une Amérique patriotique, tout comme Paul dont la sonnerie de téléphone portable est l’hymne américain (!) et dont le drapeau des États-unis trône sur le camion, accroché à une barre au sommet de laquelle se trouve un aigle, symbole impérialiste… Jeffries, à l’instar d’une bonne partie des américains depuis 3 ans, est paranoïaque, un peu raciste – il soupçonne très vite des arabes qui se révèlent être innocents – et fortement blessé par le 11 septembre qui a ravivé ses souvenirs de guerre, ceux du Vietnam. La manière dont Wenders nous dévoile son aveuglement est habile, car il use du 2nd degré pour parler de quelque chose de très sérieux, parodiant les séries et films mettant en scène des agents de la brigade terroriste. Sauf que dans le cas présent, Paul travaille pour son compte, avec un ami à lui, et malgré son sérieux indélogeable, certaines situations « d’infiltrations » font rires. C’est une autre manière de voir l’américain moyen pro-bush.

    [​IMG]
    John parano examine des échantillons d'eau pour vérifier si elle n'est pas contaminée


    A l’opposé de ce personnage est celui de Lana, jeune fille américaine, de retour de Tel-Aviv, ayant vécu à l’étranger pendant plusieurs années, qui retrouve une Amérique qu’elle ne reconnaît pas. Cette Amérique est celle que l’on ne voit jamais et dont on ne parle jamais : celle des pauvres. Les étrangers anti-américains sont énervés par l’arrogance américaine, par sa prétention à étaler sa richesse, mais ils ne savent pas que le revers de l’Amérique est dans un tout autre état.
    Lana est la nièce de Paul, et c’est à son contact que John va changer, tout comme Wenders espère probablement que l’Amérique va changer. Ce changement est radicalisé dans une magnifique scène dans laquelle John, pour aider une vieille femme immobilisée dans son lit, face à une télé coincée sur la même chaîne pour cause de télécommande cassée. La chaîne diffuse un discours de George Bush, sur lequel John zappe littéralement en donnant un gros coup sur le haut de la télé. Manière de dire qu’il a (ou va) changé d’opinion sur le président sortant américain. Car si cela n’est jamais explicité, le spectateur peut légitimement se dire que John est pro-bush, et qu’il représente cette Amérique là et pas une autre.

    [​IMG]

    Lana, qui caractérise l'espoir d'une amérique meilleure...

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    ...face à John qui caractérise le conservatisme et l'intolérance d'une amérique vieillisante mais dont le fond pas si mauvais que ça

    Le film est tourné en vidéo, ce qui de première abord peut étonner car les plans se prêteraient très bien à du 35mm. Pourtant au fur et à mesure du film le DV prend tout son sens : la mobilité de la caméra qui permet d’aller au plus près des personnages – le film contient quelques magnifiques très gros plan, notamment sur les visages des deux protagonistes principaux – ce qui donne au spectateur un rapport intime avec les personnages.

    A signaler également l’excellente BO du film, composée – entre autres – des musiques de Leonard Cohen (dont une des chansons donne son titre au film) et de Thomas Hanreich. L’arrivée de la musique arrive toujours au bon moment et appuie bien la situation, que ce soit un moment de bonheur ou une scène parodique de film d’espionnage. Souvent, Wenders crée volontairement la confusion de savoir si la musique vient oui ou non de l’image : on pense parfois que non et on découvre que la musique vient de l’autoradio de Lana, ou encore de son baladeur. Cette impression de plonger au cœur du film – la musique semble être détachée de tout contexte et se retrouve dans le plan suivant sortir d’un autoradio – est très bien rendue.

    [​IMG]
    Le réalisateur Wim Wenders himself et l'actrice Michelle Williams

    En fin de compte, Wenders ne signe pas un film politique, mais bel et bien un point de vue, le point de vue d’un allemand émigré aux États-unis, car c’était un pays qu’il aimait, mais ce qu’il est devenu depuis le 11 septembre l’exaspère. Loin de fournir un point de vue européen et anti-américain, il nous livre un constat sur le grand malentendu du 11 septembre : les américains ne sont pas bêtes, ils n’ont juste rien compris à la situation, et se sont laissés emporté par un patriotisme aveuglant alimenté par Bush, ce même Bush sur lequel, comme l’a fait le personnage de Paul Jeffries, il va bientôt falloir zapper.


    NB : petite anecdote insignifiante ou pas, Jeffries est le nom du personnage incarné par James Stewart dans Vertigo-Sueurs froides…

    Fiche technique du film
    Bande-Annonce (quicktime)
     
  2. c2Nnmy

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    très bonne analyse, je n'ai pas grand chose a rajouter a ca...
    il est en effet bon de voir une vision de l'americain post-11 septembre qui ne le dépeigne pas comme un gros con de redneck (et qui du coup nous prends aussi pour des cons capables de croire que tous les americains sont des demeurés).
    Il n'excuse pas son comportement mais tente de nous montrer le coté pathetique et triste de la vie de cet homme qui se trompe de combat.
    Les acteurs sont très très bon et le montage est vraiment bien (quoi que j'aurais un peu racourci la fin mais bon... qui je suis pour critiquer wim wenders? :) )
    l'utilisation du DV peut etre discutable (l'image est quand meme très crade par moment) mais justifiée.
    enfin ce film m'a vraiment beaucoup plu... je vous conseille a tous de la voir!!
     
  3. amiel-one

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    il a été tourné avec deux panasonic dvx 100 PAL en 25p
    ;)
     
  4. langly

    langly Guest

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    .....et une centaine de technicien autour des cameras :D
     
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