Ecole Louis Lumière à quoi ça sert ?

J'essaie de dissuader ma fille de se présenter, de se préparer à Louis Lumière, pouvez-vous me fournir des arguments en béton ? Les seuls que j'ai trouvé pour le moment c'est que j'ai vu que 80% des anciens élèves sont intermittents du spectacle et que tous ceux que je connais et qui ont fait une carrière dans ce milieu c'est plus grâce à un réseau qu'à la formation.
Mon profil personnel n'a pas suffit à la détourner...

 

Ben je sais pas en quoi être intermittent peut poser problème.
C'est sur que c'est le réseau qui compte avant tout, mais être dans une école, surtout comme Louis Lumière, c'est déjà s'en constituer un.
Par ailleurs, puisque l'intermittence te gène, beaucoup d'offre d'emploi dans le métier demande une formation audiovisuelle. Certe confirmée, mais une formation tout de même.

Désolé je n'ai pas d'arguments bétons pour dissuader ta fille de se présenter à Louis Lumière. Si un : si elle veut gagner plein d'argent en étant peinard, faut pas rentrer dans ce milieu.

GiLd

 

Gild je crois que intermittent du spectacle, je l'ai été un bout de temps, est une spécificité française qui risque ne pas durer... mais bon ce n'est pas avant tout cela qui me gêne, elle est en prépa maths, j'aurai préféré les Ponts ou Centrale et si après elle veut faire du cinéma rien ne l'empêche, si vraiment elle a la foi et le talent, par contre le contraire n'est pas possible.
Je connais quelques gars qui ont fait Louis Lumière et ils ne font pas d'étincelles dans le métier, et plusieurs qui n'ont rien fait du tout et qui n'arrêtent pas d'être sur des bons et gros projets de cinéma. Elle veut peut-être, par amour filial, venger ma vie de galères.

 

C'est justement ça le problème : c'est de ne penser les métiers de l'audiovisuel qu'en terme de cinéma ou de grosse prod audiovisuelle ! Y'a plein d'autres choses à faire avec une tel diplôme...
Je trouve que si ton métier n'a pas réussi à la dissuader de suivre ton chemin, c'est déjà une belle réussite, non ?

GiLd

 

Gild vraiment cette petite allait à la communale quand on a commencé à échanger sur le Repaire, et à l'époque tu avais déjà cette même image comme avatar, maintenant elle est en prépa à Paris, tout change et tout évolue, mais toi tu me sidères avec ton caractère et le ton de tes messages qui sont restés toujours d'un calme et d'une gentillesse rare aujourd'hui. En tout cas c'est gentil ce que tu écris et ça me console surtout après un échec cuisant et récent.

 

C'est un peu mon rôle, non ?
Et oui j'ai toujours ce même avatar tiré d'un film institutionnel que j'ai réalisé il y a maintenant bien longtemps

Merci en tous cas de tes compliments

GiLd

 

Cette réponse sera critiquable par le fait que je n'ai aucune connaissance du (ou des) milieu(s) professionnel des médias audio-visuels...
Cependant je fais deux constats.

L' Ecole Louis Lumière est une "Ecole Nationale Supérieure", c'est un Etablissement Public dont le statut est, entre autres, identique à celui de l' Ecole des Ponts et de ... Polytechnique.
Un(e) "élève" n'y entre pas sur simple déclaration de "niveau" ni même de diplôme officiel, mais, sur concours, lui, "de niveau Bac+2", comme pour tout ce qu'on appelle "Grande Ecole" où il est généralement rare d' être admis seulement deux ans après un bac obtenu avec mention.

La jeune fille est "en prépa" scientifique, 1ère année ("sup" / hypo-) ou bien deuxième (ou troisième) année ("spé"/ taupe - piston ... si ces termes son encore de mode), elle pourra ou peut donc se présenter au concours de "Lumière".
Mais, en général, ces "élèves" ne se présentent pas qu' à un seul concours de ce niveau et, ... aucune réussite n'est assurée au premier coup ou celà peut être une ENS parfois moins convoitée qui accorde l' admission...
A ce moment là se (re)posera la question.

Mon avis est donc qu'il ne faut pas trop insister pour "Piston" ou "Les Ponts"( ou "n'importe quelle" Ecole Nationale Spérieure d' Ingénieur, mais laisser "la petite" bosser cette étape extrêmement difficile avec un objectif en tête où elle sait qu'elle doit être "la meilleure", ce qui entraîne le reste ...

 

Mention très bien au bac et donc elle entre en prépa (1ère année) en maths, mais déjà il y a des gens qui viennent, font des entretiens des expos pour les décider à s'orienter vers telle ou telle école ou concours... et je te parle, on est début février, que ça cela eu lieu vers la fin du premier trimestre ! Ce que je sais aussi c'est que n'importe quel jeune qui veut entrer à Louis Lumière, ce ne sera pas avec l'idée d'être ingénieur de la mise en onde ou des trucs comme ça. Ce qui les fait rêver c'est Kubrik et consors. Ce qui est sur aussi c'est qu'elle ne rêve pas de faire du doucumentaire. Mon idée est : d'abord les pieds sur terre et si elle peut s'envoler tant mieux. Je ne connais pas de chef d'orchestre devenu chirurgien, mais le contraire oui. Bon, à part ça tu as raison comme a raison Gild aussi et de toutes manières je ne peux pas lui faire changer d'idée et de plus vous m'avez pas donné d'arguments Puis comme tu dis, elle peut le rater.
Je me fais du souci.

 

Kubrick était photographe, gros lecteur, et joueur d'échecs : pas mathématicien.

C'est peut être par là qu'il faut commencer, étudier le parcours des gens qui font rêver les foules dans le milieu de cinema. Ce sont souvent des gens doués artistiquement sur de multiples domaines, qui savent dessiner, composer de la musique, écrire un essai etc. (Ridley scott fait aussi bien de la bande dessinée que de la photo s'il le veut, mais pourquoi se fatiguer à gagner des clopinettes en BD quand on peut faire du cinema )

Jim Morrison était sur les bancs de la même fac (option cinéma) que Coppola, De Palma etc l UCLA, la bien nommée.
Il aurait pu choisir la psychanalyse, la chanson, le cinema, le theatre et surement d'autres disciplines.

Cela dit, être un bon technicien demandé permet de vivre de sa passion, il n'y a rien de déshonorant à être chef op, electro, machino, expert en FX, maquillages, costumes mais ce sont rarement les métiers mis en avant par les médias, y compris spécialisés.
Ne parlons même pas de scénariste: un exemple qui m'a marqué ces dernières années à la tv, était les avant premieres ou dedicaces en public avec Franck Pitiot (Perceval) pour la serie Kaamelott. A chaque fois il semble un peu gêné que les gens ne comprennent qu'il ne fait que sortir les répliques et jouer ce que lui demande Alexandre Astier. Franck Pitiot seul n'a pas le genie de son personnage.

C'est le scénariste et le réalisateur qui font pour beaucoup dans la crédibilité d'un acteur.
C'est l'équipe technique qui fait pour beaucoup dans l'image et le son d'un film, personne ne croit que Scorsese a réalisé lui même les plans les plus spectaculaires de Hugo Cabret : il donne des consignes, et revient voir ce que l’équipe lui propose. Ce n'est même pas Scorsese qui monte ses films ...

(the) Star Wars 1977 ne serait rien sans John Dykstra, Richard Edlund, Joe Alves, Phil Tippett, Marcia Lucas, Gary Kurtz et 100 autres méconnus.

Faire une école en espérant devenir réalisatrice à la sortie est la première erreur : ce sera 10 ans à porter des gobelets de café chaud pour commencer, puis assistante réalisatrice à 40 ans à gueuler sur le plateau, et si un producteur est gentil, réalisatrice d'un episode de serie tv.

Sinon il faut être riche pour lâcher 2 000 000 € dans un premier film français, avec une star ou 2, et croiser les doigts pour que le bouche à oreille soit bon sur le fameux paris périphérie. La Horde s'est fait pour 47 000 € et bcp de bénévolat, à présent le producteur est en fuite, et le film s'est ramassé avec 50 000 entrées, sorti de l'affiche aussi vite qu'il était rentré. Qui voudra mettre de l'argent sur un projet équivalent ?

En résumé, le cinéma en salles, c'est un sport de riches copains, mais il en va de même à la tv : à mesure que bcp d'argent est en jeu, on risque moins de partir sur un projet original, avec des inconnus.

" On peut douter de tout, sauf d'être du coté de celui qui a le pognon " Leodagan.
Pour ma part le poste le plus intéressant, c'est le directeur de la photo : il donne des ordres aux electros et machinos, tient la camera, reste au coeur de l'action. Réalisateur, ça consiste souvent à regarder le retour video du cadreur derrière un écran à 5m des acteurs, woh le rêve Mais bien sur, ce n'est jamais le directeur photo qui est interviewé, ou alors pour un making of.

 

Lex, Je vais recopier ce message sur ma Remington portative et le laisser traîner dans la maison

 

Bonjour Romont,
je ne te donne pas d' argument pour deux raisons:
- celle que j'ai donnée déja : je ne suis pas compétent en ce domaine,
- et, aussi que je n'ai pas de responsabilité vis à vis de ta fille (c'est pourquoi, je n'ai pas écrit "conseil" mais "avis").

Autre avis, renonce au "laisser trainer" que tu envisages

Ce que je pense, c'est que faire une prépa, ça prépare aussi à n'importe quel type de jungle aussi durement que "l'intermitence".
Mais, mais surtout en première année, il faut y tenir le coup, et, pour ça avoir un objectif :
l' entrée à l' Ecole Louis Lumière peut être cet objectif ...
...apparemment plus motivant que celui de l' entrée aux "Ponts" ( avant ou après l' X !).
Si Kubrick est le point omega ... va pour Kubrick

 

Je ris rarement en lisant les réponses de ce forum, mais là tu y es arrivé Si ça marche, fais nous part des retours s'il y en a, c'est toujours instructif.

 

De toute façon l'audiovisuel c'est un ensemble de métier très large, généralement méconnus, et dont la finalité n'est pas que de faire des films, même pour la télé. C'est normal à l'âge de ta fille de rêver de ceux, empailletés, qui sont mis en avant. Mais elle aura tout son temps pour en découvrir d'autres facettes.


GiLd

 

Merci il faut que je me calme et me raisonne; c'est vrai que c'est un but motivant pour bien travailler en classe et un rêve de son âge. Bien que je n'aie pas son niveau il faut que je me montre plus adulte (cf conseil de Guy Jacques sur le texte de Lex) et du fait que c'est elle l'ado (cf Gild). Je vous remercie beaucup de m'avoir parlé.